Robert à l'Institut Weizmann


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Mon mari avait fait la connaissance du directeur du département d'électronique de l'Institut Weizmann, le professeur Frei, qui lui avait montré des ferrites, c'est-à-dire des céramiques comportant du fer et ayant des propriétés magnétiques. Ensemble, ils ont mis au point un nouveau type de haut-parleur : le champ magnétique était créé par ces ferrites, en face desquelles vibrait une feuille de plastique spécial, portant un circuit imprimé. Ce haut-parleur avait d'excellentes qualités pour les aigus, peut-être moins bonnes pour les graves.

Grâce à cette invention, Robert a pu entrer comme chercheur à l'institut Weizmann ; et pendant une année, il a fait tous les jours le trajet Herzlia-Rehovoth. Mon mari travaillait toujours à son haut-parleur, et, l'institut Weizmann était en relation avec une grosse société de France, et une autre société des U.S.A..

En 1959, grâce à un prêt un peu exceptionnel de l'Agence Juive, nous avons pu acheter à Rehovoth une petite maison mitoyenne avec celle des voisins, et avec un bout de jardin. Nous avions trois grandes pièces, avons transformé la cuisine en chambre pour ma mère, et avons construit une cuisine plus moderne.

Entre temps, le petit lycée de l'Alliance Israélite avait été fermé et remplacé par un grand lycée moderne à Ramat-Aviv. De Herzlia ce n'était pas loin, mais j‘avais du mal avec des classes de 40 adolescents chahuteurs, auxquels il fallait enseigner les débuts difficiles du français. J'ai continué l'année suivante depuis Rehovoth, mais pour cause de maladie, j'ai dû quitter l'enseignement à la fin de l'hiver.

(...) Au printemps 1960, mon mari a pu me procurer une mission en France, pù je n'étais pas retournée depuis 1954 : envoyée par l'institut Weizmann devais créer un comité de patronage scientifique pour l'institut et trouver des fonds. Sur ce deuxième point, je n'ai pas réussi car j'ai commis erreur psychologique. Je suis allée trouver les “têtes traditionnelles” du judaïsme français, les Rothschild. J'aurais du explorer les milieux d'immigrés de la deuxième génération, dont beaucoup avaient bien réussi et qui auraient été honorés de contribuer aux activités de l'institut Weizmann. Peu de temps après moi, le professeur Gérard Schmidt est arrivé à Paris nous avons pu voir ensemble un certain nombre de grands savants français dont le mathématicien Laurent Schwartz, le directeur de l'institut Pasteur Jacques Monod, le biologiste Wurmser, et d'autres. Nous avons également rencontré le conseiller scientifique du Général De Gaulle, le professeur Lelong, le jour même où Ben Gourion venait déjeuner avec le Général. Tous ces savants étaient d'accord pour participer à ce comité. Un déjeuner d'honneur a été organisé par, le président de la C.S.F., et nous avons assi à la réception organisée au Club de Bagatelle, en l'honneur de Ben Gourion. Heureusement que ma cousine Janine me prêtait des robes pour ces cérémonies !

Robert Gamzon en 1960
Castor 1960
Mon mari était venu à Paris pour son haut-parleur, et de là, s'était envolé pour New-York. De Paris, nous avons pu faire un saut à Tanger, avec passeports français, pour voir notre fille, Lia, qui avait déjà deux enfants.

A cette époque, le Maroc était déjà indépendant et, officiellement du moins, était très anti-sioniste ; la peur régnait chez les juifs. Nous sommes restés quelques jours avec Lia, avons fait une balade à Tétouan, ancienne ville Maroc espagnol. Là, nous avons vraiment vu ce qu'était le mellah.

En 1961, j'ai donné des cours de français dans une petite école de la WIZO et quelques leçons particulières. Mon mari continuait le travail à l'institut Weizmann, où il a remplacé le professeur Frei, parti en congé sabbatique. L'été 1961, un camp-séminaire de chefs E.I. a été organisé en Israël. Ils étaient deux jours à Peta'h-Tikva, et Castor les a enthousiasmés avec ses récits sur la Résistance et le Maquis.

Le même été, Daniel, qui était retourné en France en 1958, est revenu pour la première fois en Israël. Il avait récemment trouvé un bon job à Paris et était de bonne humeur. Il est allé voir Elie qui, fin août, était parti à un camp des Tsofim (scouts) à Tel-Katsir, sur la rive est du Lac de Tibériade. Ce camp préparait les jeunes à entrer à l'armée dans le cadre du Na'hal.

Et puis, la date tragique : le 1er septembre 1961. C'était un vendredi. Robert avait ramené pour le déjeuner une dame française, venue le voir à l'Institut, et nous sommes allés l'après-midi à la plage de Palma'him. Cette plage n'avait pas de maître-nageur, mais il y avait beaucoup de monde ce jour-là. Robert avait appris à mieux nager au Club Méditerranée, où il avait passé quelques jours, mais n'était pas encore un excellent nageur. Il y avait beaucoup de vagues, mais pas très fortes, et, tout d'un coup, quelqu'un a distingué un corps balloté par les flots. Il s'est jeté à l'eau, et aramené le corps de mon mari. Un médecin et une mflrmière, qui étaient là, ont essayé de le ranimer, mais en vain.

Les Français disent qu'il faut attendre trois heures, après un repas, avant de se baigner, ce qui fait rire les Anglais; mais ce sont les Français qui ont raison. Castor a dû avoir un hoquet, et la nourriture est entrée dans les bronches bloquant la respiration. On a ramené le corps de mon mari à l'hôpital Kaplan, mais on n'a pu que constater son décès.

Ce jour-là, j'ai perdu le compagnon de ma vie.

(...) Le lendemain, lundi, a eu lieu l'enterrement au cimetière de Rehovoth : sont venus de France le Président des E.I., Lucien Fayman, et le Dr Djigo (Sigmund) Hirsh. Des annonces avaient paru dans les journaux, et une foule immense s'était rassemblée.

Il y avait surtout des anciens E.I., venus aussi bien du moshav très religieux Yessodoth, que du kibboutz Hashomer Hatzaïr Carmia, et le Rabbin Bar-Shaul de Rehovoth est venu à la Shiva le samedi soir.

Castor était décédé le 20 Eloul, c'est-à-dire dix jours avant Roch-Hashana; pour cette fêtee je suis allée au grand Beit-Haknesset (synagogue) et quand j'ai lu la prière: “C'est aujourd'hui que le Seigneur décide “, j'étais profondément émue et j'ai pleuré.

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