Camille ERNST
Sélestat, 1900 - Revigny-sur-Ornain, 1983


Camille Ernst naît le 29 septembre 1900 à Sélestat. Dès 1903, la famille Ernst s'installe à Haguenau au 88 Grand-Rue.
Après des études aux facultés de lettres de Strasbourg et Paris, il se dirige vers l'en­seignement de 1924 à 1928 en qualité de professeur de lettres et langues vivantes à l'École Alsacienne. Puis il s'oriente vers une carrière administrative et il est nommé sous-préfet d'Erstein en 1930.
Il quitte l'Alsace en 1936 afin d'occuper le poste de secrétaire général de l'Orne.

Dès juin 1940 il est nommé secrétaire général de la préfecture de la Meuse. Il sabote toutes les entreprises d'installation des troupes ennemies, encouragent les paysans à la résistance passive pour les livraisons de blé et produits de la terre. Le 14 juillet 1940, il organise une grande manifestation patriotique en territoire occupé par l'ennemi.

Arrêté par les Allemands, il est expulsé de la zone occupée après avoir été condamné à dix jours de prison et se voit confisquer toute sa fortune mobilière et tout ce qui reste dans sa maison.

En novembre 1942, il est secrétaire général de la préfecture de l'Hérault au moment de l'invasion de la zone non occupée par les troupes allemandes. Il délivre de fausses cartes d'identité à toutes les personnes menacées de déportation et avertit régulièrement les Juifs lorsque des arrestations sont prévues dans la région. Il facilite la libération de centaines d'enfants juifs internés dans les camps du sud de la France et leur délivre des certificats de résidence dans le département. Il fait camoufler des stocks d'armes, de munitions, d'essence et voitures militaires en vue de leur remise à l'Armée Secrète. Il établit une liaison constante avec les organisations de Résistance et prévient les patriotes menacés d'arrestation.

Arrêté sur ordre du chef de la Gestapo en février 1943, il est condamné à huit jours de prison et relevé de ses fonctions par Vichy. En avril 1943, conseiller de préfecture à Marseille, il en devient le directeur des services administratifs ; en liaison étroite avec la Résistance, il fournit quantité d'informations sur l'organisation militaire allemande.

Arrêté par la Gestapo le 17 novembre 1943, incarcéré au secret à la prison des Petites Baumettes, il est déporté à Dachau le 2 juillet 1944 puis transféré au camp de représailles d'Allach.

Délivré par les Américains le 1er mai 1945, il rentre en France dans un état de santé critique ; il se sent comme "un revenant de l'enfer".

Après sa convalescence, il sera nommé préfet dans différents départements et préfet d'Alger, ce qui lui donnera l'occasion d'apporter son aide aux passagers de l'Exodus. Il terminera sa carrière en qualité de directeur général des affaires politiques et de l'administration du territoire au ministère de l'Intérieur.

Le 30 novembre 1971, l'Association du Mémorial du souvenir de la Déportation, Yad Vashem, lui donne le titre de "Juste parmi les Nations". Il est Commandeur de la Légion d'Honneur, Croix de guerre avec palmes, titulaire de la Médaille de la Résistance française et belge, de l'Ordre du Chêne du Luxembourg. Il décède à Paris en 1983.


Inauguration de la plaque à Haguenau

Jean-Jacques Ernst rend hommage à son père

Dévoilement de la plaque par le maire Claude Sturni
et la sous-préfète Corinne Chauvin
Pose d'une plaque commémorative sur sa maison à Haguenau

A Montpellier, un square portait déjà le nom de Camille Ernst et deux plaques du souvenir y avaient été dévoilées.

Le 22 octobre 2013 Une plaque du souvenir a été inaugurée sur la façade de sa maison d'enfance au centre-ville de Haguenau au 88, de la Grand-Rue, à l'angle de la rue du Grand-Rabbin-Bloch. Elle a été dévoilée par le député- maire de Haguenau Claude Sturni et la sous-préfète de Haguenau-Wissembourg Corinne Chauvin, en présence de la famille du défunt, des responsables de la communauté israélite locale et des autorités civiles et militaires. Elle s'est poursuivie ensuite dans la synagogue à quelques mètres de là, dans une atmosphère de recueillement, de réflexion et d'émotion contenue.

"Au-delà de la collaboration, de la peur, des hommes ont résisté et ont dit non à la barbarie, à cette idéologie raciste et antisémite, a déclaré le député-maire Claude Sturni. Camille Ernst était de ces hommes. Nous avons le devoir d'honorer sa mémoire."
Jean-Jacques Ernst a exprimé "sa fierté" de voir son père, "ce combattant de l'ombre", ainsi honoré. "Toute histoire qui n'est pas racontée est oubliée, a-t-il souligné. Il faut que les jeunes généra­tions sachent... " Et d'ajouter : "Celui qui ne connaît pas l'histoire est condamné à la revivre...".
Le représentant de Yad Vashem Didier Cerf a fait lecture de l'attestation qui a permis à Camille Ernst de devenir un "Juste" : "Maurice Papon a construit sa défense sur le fait qu'il a exécuté les ordres, d'autres n'ont pas obéi aux prescriptions..."
Le rabbin Claude Heymann a quant à lui souligné la "détermination sans faille" et "le courage devant l'adversité " de cet homme exemplaire.
"Était-il inconscient ? a questionné la sous-préfète Corinne Chauvin. Non, bien au contraire il était très conscient, pleinement responsable de lui-même."

Sources :


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