La me'hitsa au Mercaz
Conférence-débat d'André Neher (6 août 1964)

Le Merkaz Hanoar, "Centre de la Jeunesse Juive" de Strasbourg, a été inauguré dès le 18 mai 1938.
La création d'un centre de la jeunesse juive répondait à une mutation importante de la vie sociale juive à Strasbourg pour une partie de la jeunesse juive de la ville.
Les mouvements de jeunesse unifièrent leurs efforts et se groupèrent dans un comité de coordination. C'était donc la première réalisation d'une grande entente à Strasbourg, entre les divers courants du judaïsme.

Après le retour des Juifs à Strasbourg, à la fin de la deuxième guerre mondiale, et l'édification de la Synagogue de la Paix, le Merkaz Hanoar a été intégré dans le centre communautaire adjacent à la synagogue, mais il possédait sa propre salle de prière. Mais dans cet oratoire, la me'hitsa [la clôture] qui séparait les hommes des femmes pendant les prières, ne cachait le corps des femmes que jusqu'aux épaules et laissait voir leur visage ! Pis encore, certaines femmes mariées ne couvraient pas leur cheveux, même pendant les offices ! Et pourtant le grand rabbin Deutsch et le rabbin Warschawski avaient donné leur accord à cet arrangement, dans un souci d'ouverture.

Dans cette conférence-débat, André Neher répond à ceux qui sont choqués par cette "libéralité" observée au Merkaz.
Il explique pour quelles raisons les dirigeants de la communauté ont essayé dans la mesure du possible de s'adapter aux moeurs des temps modernes, non seulement pour la hauteur de la me'hitsa, mais aussi pour la pratique d'activités mixtes (dans les mouvements de jeunesse et dans les écoles juives), le fait de ne plus se couvrir les cheveux, pour les femmes, la possibilité d'entendre une voix de femme pendant la prière, ou de prier dans une synagogue où se trouve un orgue (qui ne joue pas le Shabath).

Avec l'érudition qu'on lui connaît, André Neher se réfère grands décisionnaires du moyen-âge, des temps modernes et de l'époque contemporaine, pour affirmer qu'il faut tolérer un certain libéralisme pour éviter d'éloigner les juifs de la communauté d'Israël. Il regrette l'intransigeance des juifs ultra-orthodoxes en montrant que les décisionnaires ont su adapter leurs réponses aux changements de civilisation. Dire aux garçons : "ne regardez pas les filles, c'est un péché !", c'est les inciter à commettre le péché.

Il se fonde sur la démarche des décisionnaires contemporains, et notamment du Rav Weinberg de Montreux, pour énoncer le principe de l'intégration d'éléments psychologiques et pédagogiques dans le débat sur la loi religieuse.


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