L'homme par son effort est perfectible.

La singularité de l’homme tient au fait qu’à l’encontre des êtres inférieurs - les animaux - qui sont déficients par essence, qui naissent et qui meurent dans la déficience ; à l’encontre aussi des êtres supérieurs, les anges, qui sont, eux, parfaits par essence, qui naissent et qui meurent dans leur perfection, l’homme, être intermédiaire, naît déficient mais doit tendre vers la perfection. C’est le seul être soumis à une loi évolutive qui doit mener de la puissance à l’acte.

Le nom même de l’homme désigne cette situation exceptionnelle il s’appelle Adam, parce que tiré de adama - le sol, la terre - il est l’adama de son propre être. De même que l’adama est l’élément de la germination, le terreau qui fait pousser les choses de la puissance à l’acte, qui les tire de rien pour les mener au quelque chose, de même l’homme est l’agriculteur de sa propre personne. Il a pour vocation de faire germiner son être, de le porter jusqu’à ces fruits que constituent, selon le langage même de la Thora, les actes de l’homme.

Mais cette vocation, l’homme ne peut que l’assurer sans jamais pouvoir, ni, d’ailleurs, devoir — la mener jusqu’à son terme. La perfection n’est pas dans le fruit, qui n’est lui-même que le germe d’un nouveau processus de maturation; elle est dans le mouvement qui conduit à ce fruit et qui, l’ayant formé, le dépasse tout aussitôt et l’entraîne dans le sillage du mouvement ininterrompu. La perfection de l’homme, c’est d’être perfectible; sa destinée se situe dans l’effort.


© Eliahou Eilon


Extrait de : Le puits de l’exil, p. 117-118, éd. Albin-Michel, 1966 ; éd. du Cerf, 1991, Paris.

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