Sylvain HALFF
1874 - 1941
par Sylvie HARBURGER


Sylvain Halff était le fils d'Abraham Halff (1), ministre officiant à Verdun, et de Marie Nerson.

Son père, né à Lauterbourg, opte pour la nationalité française après la guerre de 70, et s'installe à Verdun où il est nommé ministre officiant en 1871. Sylvain suit des études d'allemand et de lettres à Nancy avant d'être nommé lecteur de français à l'université de Leipzig. De là, il entretient une correspondance avec sa famille qui témoigne de la vie estudiantine et de la communauté juive allemande à la fin du 19ème siècle (2).

Après son stage germanique, Sylvain Halff gagne Paris. Il rédige quelques articles pour L'Univers israélite, entame une étude sur "le Juif dans les littératures"  et devient professeur d'allemand.

Juif conscient, républicain enthousiaste et patriote convaincu, il se présente en 1910 au siège de l'Alliance israélite universelle et y est engagé comme assistant du secrétaire général, Jacques Bigart. A cette époque, le réseau scolaire de l'AIU accueille 43000 élèves répartis dans une douzaine de pays. En vertu de son expérience d'enseignant, Sylvain Halff est chargé de maintenir et de renforcer les liens avec les professeurs.

Pendant la guerre de 14, Sylvain Halff est officier interprète (3). Il rédige en 1921 La Fidélité Française des Israélites d'Alsace et de Lorraine (1871-1918) (Editions Durlacher).

Dans cet ouvrage Sylvain Halff fait l’apologie du patriotisme des Alsaciens et des Lorrains israélites entre 1871 et 1918.
Il commence par citer des personnalités - industriels, médecins, magistrats, avocats, enseignants, rabbins - qui ont fui l’Alsace après 1871 "pour ne pas subir le joug allemand". Il explicite leur attachement à la France à travers "la mentalité française, la langue de France" .
Il considère que "les israélites d’Alsace et de Lorraine … ont donné et donnent encore à la France des sommités dans tous les domaines : la science, la haute administration, la politique, l’armée…".
Il cite des actions héroïques entreprises par des israélites pendant le conflit en 1914 par exempe, il cite longuement le martyr de David Bloch.
Avec la victoire, Sylvain Halff relate "l’ivresse de la libération". Il y mêle des anecdotes, dont il a été lui-même témoin. Dans une lettre à sa femme du 10 décembre 1918, il écrit : "a journée d’hier à Strasbourg fut quelque chose d’inoubliable, de fantastique, d’à peine imaginable. Rien ni personne ne la saurait décrire. La revue des troupes, puis surtout le défilé ininterrompu des sociétés alsaciennes dans les costumes nationaux les plus mirifiques, l’enthousiasme d’une foule en délire, beau, beau à en pleurer. Je n’avais jamais rien vu de pareil. A coté de cela pâlissent tous les cortèges de rois sur les Champs Elysées … .
Cet ouvrage est aujourd’hui un document de référence pour les historiens, car il témoigne de la vie, des actes et des mentalités des "notables"  juifs d’Alsace et de Lorraine au début du 20ème siècle.

En 1934, à la mort de Jacques Bigart, le secrétariat général de l'AIU lui est confié.

En juin 1940, les Allemands entrent dans Paris. Quelques semaines plus tard, l'immeuble de l'AIU, 45 rue La Bruyère est réquisitionné par les forces d'occupation. Sylvain Halff se replie à Vichy avec le staff de l'Alliance.
Son fils, le lieutenant Roger Halff, meurt sur le front en juin 40.
Sylvain Halff meurt à Vichy le 25 septembre 1941.


Notes

  1. Dictionnaire biographique des rabbins du culte israélite, p. 337
  2. Les nouveaux cahiers, n° 38, automne 1974 par Jacques Lévy "Un français israélite témoin de l'Allemagne en 1894-95 : Sylvain Halff" 
  3. Les archives personnelles de Sylvain Halff et en particulier les lettres qu'il a adressées à sa famille pendant la guerre de 14 ont été déposées par sa fille et sa petite fille à la Bibliothèque de l'AIU. (fonds Sylvain Halff, AP.45).


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