Gustave KAHN
Juif lorrain, poète symboliste, sioniste et socialiste
1859-1936
par Charles REICH


Né à Metz le 21 décembre 1859, Gustave Kahn est longtemps resté largement méconnu, si ce n'est des cercles de spécialistes de la poésie "symboliste", des critiques d'art et de certains groupes anarchistes, socialistes et féministes.

Il sera directeur ou rédacteur en chef de plusieurs organes de presse comme La Vogue, Le Symboliste, ou La revue Indépendante.
Il publie différents textes littéraires ou politiques outre les revues précitées, dans L'Hydropathe, La Jeune Belgique, La Revue Blanche, LaPlume, Le Siècle ou La raison.
Pour Gustave Kahn, la littérature constitue notamment un moyen de traiter les questions sociales.

Ses liens avec la communauté juive sont peu étroits.En revanche, il se manifestera sans hésitation pour le capitaine lors de l'Affaire Dreyfus.
Dans les années 20, il prendra position en faveur du sionisme et deviendra même rédacteur en chef de la Revue sioniste Menorah, position surprenante de la part de quelqu'un fort peu engagé dans le judaïsme.

Il a été élève à l'Ecole des Chartes à Paris avant d'effecture son service militaire en Afrique du Nord.

Le poète et le critique engagé.

Gustave Kahn est un poète, admirateur de Baudelaire et de Verlaine ; il anime des revues littéraires et écrit des piéces de théâtre, une histoire du mouvement symboliste et de nombreux articles de critique littéraire.
Il publie des essais sur plusieurs peintres comme François Boucher, Fragonard et Quentin-Latour.

Pendant l' Affaire Dreyfus il prend parti sans ambigüité pour Emile Zola qui fait l'objet d'attaques de la part de Maurice Barrés et de Picquart. Il signe plusieurs "protestations" dans le
journal l'Aurore et participe à la souscription du Siècle destinée à lui offrir une médaille.
Pour défendre Zola, il fait réciter des pages de cet écrivain lors des "Samedis de poésies anciennes et modernes" qu'il organise avec Catulle Mendés à l'Odéon. Il est attaqué par la Libre parole de Drumont qui s'en prend "aux samedis israélites", décrits comme une affaire commerciale montée par des hébreux, dirigée par des hébreux et qui enrichirait des hébreux (2).
A la fin de la saison théâtrale le directeur de l'Odéon n'autorise plus la poursuite de ces manifestations de soutien. Elles se poursuivront au Théâtre Antoine.
Les attaques dont il fait l'objet encouragent sa femme, Rachel Kahn, à se convertir au judaïsme.

Cette période de la fin du 19ème siécle est également marquée par les actions violentes des anarchistes qui organisent des attentats sanglants contre les institutions. Gustave Kahn estime qu'il conviendrait plutôt de les comprendre que de réprimer et qu'il faudrait s'attaquer aux causes plutôt qu'à leurs effets.

L'écrivain à "thèmes juifs" et le sioniste.

Dans les années 1920/30,Gustave Kahn s'intéresse de plus en plus à la culture juive, il publie les Contes juifs en 1926, Images Bibliques en 1929 et Terre d'Israël en 1933.

Dans son ouvrage Terre d'Israël, Gustave Kahn s'intéresse d'une part à des thèmes bibliques tels que les personnages Saül, Yezabel, Respha ou Amaliel, et d'autre part, il consacre plusieurs
contes à la vie juive en diaspora comme Au Carreau d'Or qui se déroule en France et décrit les aventures de Samuel Lubliner, violoncelliste qui tente sa chance à Paris .
Dans le Château d'Athwiller, il raconte l'histoire de Jean Schreiter qui revient de Chine, permissionnaire après quinze ans dans son petit village proche de Saverne et retrouve différents personnages juifs pittoresques de son village comme le cabaretier Nathan, Rivkelé la riche tante, ou le "gros" Weill aux larges bajoues qui avant son départ lui avait prêté de l'argent.
Dans le Miracle des Téphilins, il conte une aventure se déroulant à l'époque des Khazars.
La Saint-Nicolas fournit l'occasion à Gustave Kahn d'illustrer l'histoire d'une famille juive à qui un "saint-Nicolas juif" vient rendre visite et offrir des cadeaux,dans 'une petite ville de l'Est de la France.

En 1922, la revue bimensuelle Menorah esfondée à l'initiative du leader sioniste Haïm Weizmann et du Mouvement sioniste qui estime qu'il manque en France un tel organe au sein du judaisme français.
G.Kahn devient en 1923 membre du comité de rédaction puis en 1924, il est nommé rédacteur en chef. Cette revue culturelle juive ne cherche pas se à cantonner exclusivement dans la défense de l'idée sioniste mais cherche de façon plus large à devenir une revue culturelle juive "en montrant à ses lecteurs la richesse de l'histoire et de la culture juive aussi bien en France qu'à l'étranger".(*)
Elle publie des poèmes et nouvelles de Bialik, de L.Peretz, d'Israël Zangwill, ou d'André Spire et d'Edmond Fleg.
Lorsqu'il devient rédacteur en chef de la revenue Gustave Kahn va consacrer dans ses pages une part plus importante à l'art et aux artistes juifs. Menorah organisera même une exposition en 1928 réunissant les oeuvres de 45 artistes juifs.
Dans les années trente la revue commence à rencontrer des dificultés économiques et disparaît finalement en 1933.

Gustave Kahn décède en 1936 à l'âge de 77 ans.
Après sa mort, ses manuscrits seront déposés à la bibliothèque de l'Université hébraïque de Jérusalem.

Deux colloques lui ont été consacrés récemment :

Bibliographie :
Note :

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