ALFRED DREYFUS



De la justice dans l'affaire Dreyfus
Cent ans après la réhabilitation
Monette Bohrmann

La Cour de cassation a choisi de célébrer le centième anniversaire de l'arrêt du 12 juillet 1906, qui a réhabilité le capitaine Dreyfus, proclamé sa pleine innocence et démontré que ce fut à tort qu'il avait été condamné en 1899, à l’issue du conseil de guerre de Rennes. La Cour de cassation tranchait en dernier ressort, affirmait le droit et la vérité et décidait, comme la loi l’autorisait, de ne pas renvoyer l’affaire devant un troisième conseil de guerre. L’honneur était rendu au capitaine Dreyfus par l’affirmation d’une pleine justice. Cet acte de la Cour de cassation marquait le terme officiel du très grand événement que fut l’affaire Dreyfus.
Afin de commémorer l’arrêt historique du 12 juillet 1906, la Cour de cassation a organisé en collaboration avec la Société internationale d'histoire de l'affaire Dreyfus, l'Ordre des avocats au Conseil d'État et à la Cour de cassation et l'Ordre des avocats au Barreau de Paris, un colloque universitaire et scientifique, en Grand’chambre, lieu où il fut prononcé il y a un siècle.
La Cour de cassation s’est également associée aux Éditions Arthème Fayard afin de publier un ouvrage de référence, sur le thème de La Justice dans l’affaire Dreyfus.
Le colloque De la justice dans l’affaire Dreyfus sera diffusé sur France culture les 24 et 25 août 2006 de 20h30 à 22h.

Paris, Cour de cassation, 19 juin 2006

J'ai participé à ce colloque auquel neuf cents personnes (juristes, enseignants, divers responsables religieux, étrangers (*) étaient venues écouter onze conférences (de 9 h à 17 h) , dans la Grande Chambre, là même où fut proclammé l'innocence d'Alfred Dreyfus. Les juristes insistent sur l'aspect injuste de la condamnation suite à une accusation totalement fondée sur des faux qui fit déporter Dreyfus à l'Ile du Diable. Il lui faudra douze ans pour faire reconnaître son innocence, et ce grâce à la Cour de Cassation. Les règles de la déportation établissaient que les déportés politiques puissent vivre sur une île de relégation sans être enfermés, mais en revanche Dreyfus, lui, fut enfermé dans un bâtiment.

Quand il est revenu pour un deuxième jugement (à Rennes) il fut débarqué le 1er juillet 1899 à Port Haliguen, ancienne base navale dans la baie de Quiberon. La Ligue des Droits de l'Homme y fit apposer une plaque en 1932 (cf.photo) plaque qui d'ailleurs fut profanée en 1942 par la Milice.

Un juriste a dit que le droit de paix et de justice vont de pair et que c'est l'affaire Dreyfus qui est à la base de la création de la Ligue des Droits de l'Homme. Toutes les analyses ont montré que ce jugement injuste était
essentiellement motivé par la haine du Juif. Pendant les séances de révision de la Cour de cassation, dehors, dans la rue, eut lieu une manifestation de la foule qui hurlait" vive l'Armée à bas les Juifs" .

Il me semble important de rendre hommage à la Cour de cassation pour ses analyses fondées sur les valeurs essentielles de la République et de vouloir mettre à jour la vérité concernant l'affaire Dreyfus.

Note : au moment du débat un Hongrois venu spécialement pour le colloque intervient. Il dit que l'antisémitisme existait bien avant l'affaire Dreyfus et qu'il se souvient que dans un village de son pays, un petit enfant fut trouvé mort et que dans ce village on haïssait tant les Juifs qui y habitaient au point de les massacrer, prétextant qu'ils étaient responsables de la mort de l'enfant, ce qui était évidemment faux.


Personnalités  judaisme alsacien   Accueil
© : A. S . I . J . A.