ALFRED DREYFUS

Le témoignage d'un Juif alsacien sur l'antisémitisme et l'Affaire Dreyfus :
Le mémoire «JUIFS» Publié aux Cahiers de la quinzaine par Georges Delahache (suite et fin)

Un autre point de l'argumentaire antisémite est la solidarité juive :

"Ils se connaissent tous, ils se soutiennent, ils se poussent les uns les autres."
Caricature antisémite publiée pendant l'Affaire Dreyfus.
Coll. D. Weill
Là, c'est évidemment au slogan tant ressasse du "syndicat juif" que s'en prend le polémiste.
Delahache se fait fort de ramener cette prétendue solidarite juive à ses justes proportions. Certes les juifs se connaissent, ils ne sont que quatrevingt mille issus de trois régions, l'Alsace et la Lorraine, Avignon, Bordaux et Bayonne. Il est normal qu'un juif de Bordeaux monte à Paris, et y ayant prospéré ait attiré dans la capitale un autre juif de Bordeaux du meme métier, de même que les Correziens de Paris soutiennent leurs "payses" débarquant à la gare d'Austerlitz. Mais le délire commence quand on prétend que tous les Juifs se fournissent un appui mutuel et que deux négociants juifs trafiquant des memes objets ne vont pas se livrer à la même concurrence que deux négociants chrétiens.

Dans les professions libérales tout particulièrement, dans tous les milieux ou le Juif n'est que l'exception, ceux des Juifs qui étaient parvenus à une situation recherchée ont été loin d'accueillir un jeune coreligionnaire à bras ouverts car il risquait de compromettre, en rappelant par sa seule présence le milieu ancien, une situation bien établie dans le milieu nouveau. Et Delahache d'illustrer son propos :

" Et c'est peut-être pour ces raisons que parmi leurs coreligionnaires, les officiers juifs ont été les plus lents à devenir «dreyfusards» : coterie pour coterie, ils aimaient mieux la nouvelle, qui glorifie, que l'ancienne qui humiliait, et pour paraître moins juifs, voulaient paraître d'autant plus soldats" (15).
Pour lutter contre le mythe d'une société juive qui formerait un tout douée d'une étroite cohésion, Delahache nous fournit une bonne description de la société juive de Paris. Notre ethnographe la voit composée de deux éléments très différents qui ne sympathisaient guère, il y a dix ans encore. D'une part ceux qu'on pourrait appeler les vieux Français, venus de leur province au milieu du siècle et ayant acquis leur place au soleil en luttant durement, et restés fidèles aux goûts, aux habitudes, aux moeurs simples, aux amitiés du début ; avec à leurs côtés certains, d'abord expatriés qui ont couru les Amériques pour tenter la fortune de longues années durant, avant de revenir en France et d'y vieillir dans le contentement du pays retrouvé et de l'aisance conquise.

L'autre catégorie est, nous dit-il, beaucoup moins autochtone. Elle comprend ceux qui sont nés au-delà du Rhin et du Danube, issus de familles ayant déjà acquis leur fortune dans les bourses de Francfort et de Vienne, la plupart venues en France assez tard. Leur arrivée en France coïncide avec la grande extension des affaires financières sous le second Empire. Plus riches dès l'origine, partant plus répandues dans la haute société, quoique étrangers ces personnes ont parfois rencontré moins d'obstacles que les autres.
Quelles sont les relations entre ces deux groupes, Delahache en fournit un tableau pittoresque et plein de nuances :

"Entre ces deux éléments de la société israélite parisienne, les relations étaient plutôt correctes que vraiment cordiales, on se classait réciproquement dans le jargon juif, sous des épithètes spéciales, on ne se mariait pas volontiers d'un clan à l'autre, le snobisme du Boulevard Malesherbes méprisait la roture de la Pointe Rivoli : le Sentier vibrant de ses origines lorraines ou alsaciennes, répugnait à l'exotisme de la plaine Monceau".
Ces Juifs réagirent-t-ils au moins unanimement lorsqu'éclata l'Affaire ?
La réponse est négative. Voici ce qu'il en fut selon Delahache :
"Et quand éclata l'affaire en 1894, je crois bien que le Boulevard Malesherbes n'éprouva pas toute la tristesse qu'on imagine volontiers ; pas de doute attriste, plutôt des sourires, et des insinuations : «Ce nest pas un des nôtres dont se défie toujours votre patriotisme étroit : pas de mélange chez ce Dreyfus, il est de chez vous tout à fait, c'est un vieux Français, sans alliances et sans origines suspectes, un bourgeois, un Mulhousien»" (16).

mais Delahache aussitôt d'ajouter :
"Quatre ans plus tard tout avait changé. Il avait bien fallu, l'âme en détresse constater que si, avec une étrange rapidité de déduction, le capitaine Dreyfus d'antipathique était devenu suspect, si, avec une étrange rapidité d'exécution, on avait passé, à son égard, du soupçon à l'accusation, de l'accusation à l'arrestation, de l'arrestation à la condamnation, c'était parce qu'il était juif... Les lieutenants ne pouvaient plus mépriser les marchands, les Juifs élégants ne pouvaient plus se targuer de leurs belles relations, hélas, les vieux français ne pouvaient plus se redresser avec orgueuil dans leur qualite de Français : tous également Juifs, enveloppés dans la même suspicion générale, ceux des professions libérales et ceux du négoce, ceux de la rue Laffitte et ceux de la rue de Lyre, ceux de Francfort et ceux de Strasbourg, ils étaient rejetés les uns vers les autres par la faute de leurs ennemis, pêle-mêle, en foule misérable et désemparée, cohue de parias, comme au temps des exodes dont le souvenir, jusque là pâle et froid, s'animait d'une étrange intensité de vie, à l'infâme lumière de la Grande Iniquité" (17).
Delahache exprime bien ici ce que durent ressentir la plupart des juifs français lors du déroulement de l'Affaire. Il constate que la solidarité digne de toutes les louanges quand elle est pratiquée parmi des gens qui sympathisent entre eux devient mauvaise et dangereuse lorsqu'elle est pratiquée par nos adversaires. Et revient le grief central qui figure constamment dans tous les écrits antisémites :
"Il faut se méfier de cette minorité active et ambitieuse qui forme un Etat dans l'Etat, une petite patrie étrangere, hostile à la grande patrie."
On sait combien ce slogan des Juifs formant un Etat dans l'Etat fut martelé par tous les antisémites du 19ème siècle, et particulierement en France depuis Les Juifs, rois de l'époque d'Alphone Toussenel (1845) jusqu'à La France Juive d'Edouard Drumont (1885) (18). Les gens qui crient "La France aux Français" font au demeurant aux Juifs un reproche parfaitement contradictoire : on leur reproche d'un côté "de se faufiler partout" et de l'autre de se singulariser. On nie donc leur assimilation au milieu, on met perpétuellement en doute leur patriotisme.

A certains qui prétendent que ce qu'ils détestent dans le Juif, c'est l'étranger, Delahache rétorque que dans les salons les plus élégamment antisémites on n'est pas si farouchement français lorsque l'on redore son blason par les dollars venus d'Amérique, alors qu'un Juif de Paris qui épouserait une Juive de Genève se voit qualifié de "cosmopolite". Et de montrer qu'il y a sans doute plus d'affinités entre le grand-duc de Mecklembourg, le prince de Galles, le duc de Chartres et le grand-duc Wladimir, qu'entre un quelconque de ces messieurs et leurs compatriotes d'état populaire, le brasseur de Nuremberg, le bateleur de la Tamise, le moujik et le camelot. Autrement dit, combien de fois les solidarités de classe l'emportent-elles chez les prétendus patriotes sur les solidarités nationales. La nation n'est pas une grande famille, elle ne se fonde pas sur les liens du sang. II n'est pas deux millions de Français sur dix millions qui connaissent avec certitude leur filiation au-delà de la troisième ou de la quatrième génération.

A ceux qui prétendent monopoliser le patriotisme et en exclure les Juifs, Delahache oppose la belle definition de Michelet :

"la patrie est une grande amitié"
Delahache écrit encore les lignes suivantes qui résonnent étrangement pour nous en mai 1993 en plein débat sur le code de la nationalité :
"Car, fut-il petit-fils d'Esquimaux ou de Soudanais, le bébé qui fait rouler son cerceau sur le gravier des Tuileries, le gosse qui joue a la marelle sur les dalles du boulevard Richard-Lenoir, quand il aura usé ses pantalons sur les bancs de la «laïque» ou du «bazar» et chanté sac au dos sur la route de Louviers ... celui-là a quelque chance d'être aussi Français qu'homme de France. J'imagine, après tout, que les royalistes qui forment la moitié du nationalisme militant, ne vont pas jusqu'a renier le cardinal Giulio Mazarini et que les impérialistes qui en forment l'autre moitié ne refusent pas la qualité de Français au lieutenant d'artillerie Napoleone Buonaparte" (19).
Dans la foulée, Delahache évoque la verve des plus françaises de Jacques Offenbach, pourtant d'origine allemande ou l'esprit elegant de Ludovic Halevy, la poésie d'Eugene Manuel, les sacrifices d'officiers juifs lors de la guerre de 1870 ou lors des expeditions coloniales. Il revient encore sur le patriotisme ombrageux des juifs autochtones,"vieux français". Ils ont été d'autant plus attachés à la France qu'ils doivent tout à la révolution de 89. Et de décrire tout spécialement la délicatesse patriotique des israélites d'Alsace qui repassent chaque année aux vacances la frontière nouvelle pour un pèlerinage douloureux dans des lieux où l'on avait été si heureux d'être français. Ces Juifs d'Alsace, qui même lorsqu'il sont dispersés à travers le monde, sont restés français et s'étaient enrôlés en foule, lors de sa fondation, dans la Ligue des patriotes de Paul Déroulède.

Pour ce qui est des autres, entendons les Juifs étrangers devenus français depuis peu et que les vieux français suspectaient, il n'y a pas de raison non plus à y réfléchir de mettre en doute la sincérité de leur patriotisme. Ils aiment la France comme des naufragés recueillis sur une grève hospitalière, comme les hommes ont toujours aimé le pays qui leur donnait la sécurité et la paix. Sur un registre moins sentimental, Delahache compare leur rapport à la France au rapport qui s'établit entre les huguenots chassés par l'Edit de Nantes et leur nouvelle patrie qu'ils contribuerent grandement à mettre en valeur. Il n'en va pas autrement aujourd'hui des Juifs chassés de Russie, de Pologne et de Roumanie. Pourquoi n'aimeraient-ils pas la France qui les accueille, comme les Français chassés il y a deux siècles aimèrent le pays qui les faisaient siens (20) ?

Delahache pense ainsi avoir démontré que la "suprématie des Juifs" n'est qu'un mot, qu'on exagère en parlant de leur solidarité qu'on les calomnie en niant leur patriotisme mais il ajoute immédiatement, conscient que la raison ne saurait venir à bout de la passion :

"et je n'ai peut-être convaincu personne"
et d'ajouter :
"même si leur conviction est éblanlée par ces raisonnements, nos adversaires n'acquièsceront que du bout des lèvres ... Oui vous avez raison, tout ce que vous dites est juste ... Mais ce sont des Juifs et je me défie ... C'est le sans dot, c'est le tarte à la crème, l'éternel refrain, tenace, obstiné, absurde, de ceux qui n'ont ni raisons, ni raison..."
Comment expliquer cette passion ?
Caricature antisémite publiée pendant l'Affaire Dreyfus.
Légende : "Un magistrat éclairé." - Coll. D. Weill
Delahache propose deux niveaux d'explication. Pour certains, il s'agit de la haine d'hommes asservis a une vieille discipline morale intellectuelle, morale et sociale contre celui qui est plus indépendant, plus capable d'initiative, plus désireux d'arriver à quelque chose sur cette terre. Delahache paraît viser là l'antisémitisme d'origine chrétienne qui ne saurait pardonner aux Juifs leur collusion avec une modernité honnie.

Il y a aussi la haine de celui qui mène paisiblement une vie médiocre et qui côtoie un groupe d'hommes, dont beaucoup, pauvres à l'origine, sont parvenus à l'aisance. Il est toujours facile de rejeter la responsabilité de son mal personnel et du mal social sur un homme ou un groupe d'hommes : c'est la faute à Voltaire, c'est la faute à Rousseau, c'est la faute aux Juifs. Nous sommes là dans la logique du ressentiment et c'est là la source de l'antisémitisme populaire relayé par nombre de dirigeants socialistes comme Jules Guesde ou Liebeknecht :

"Quand ces idées ont pénétré dans son esprit, l'honnête ouvrier qui gagne cinq ou six francs par jour s'imagine qu'il serait patron millionaire depuis longtemps si les Rothschilds étaient toujours restés dans le ghetto de Francfort" (21).
Mais derrière les violences des disputes se cache aux yeux de Delahache une cause plus profonde et plus intime encore :
"L'affaire Dreyfus n'est peut-être qu'un incident d'une lutte très vieille, vieille comme la France, Augustin Thierry, Taine, Michelet l'ont répété : en ce pays, plus peut-être qu'en tout autre subsiste l'antagonisme entre les conquérants et les conquis, entre les seigneurs qui pendant des siècles furent les maîtres et les humbles qui pendant des siècles ne vécurent que par et pour les seigneurs" (22).
Force est de constater que Delahache se réfère ici avec A. Thierry et Taine, aux autorités dont se réclamaient ses adversaires, la droite nationaliste. Il accepte leur schéma manichéen en en inversant simplement les signes : la véritable noblesse est celle du peuple, des démunis et des opprimés.
Si l'antagonisme entre les descendants de la vieille noblesse et les puissances roturières a pu s'atténuer dans la communauté des habitudes et des opinions entre catholiques, quoique la braise puisse reprendre feu à chaque moment, les chances de désastre sont beaucoup plus nombreuses entre catholiques et juifs. Car les Juifs mêmes parvenus dans le grand monde, sont du fait de leur seule existence, le symbole de la grande commotion qui a élevé les uns et abaissé les autres. Delahache écrit magnifiquement :
"Les Juifs auront beau s'enfler pour prendre un air d'ancien régime : ils sont la democratie, le produit de la Révolution" (23).
C'est par ce processus psychologique, que les aristocrates ont été naturellement antisémites, entraînant derrière eux l'armee, le haut-clergé, la haute-finance catholique. Tout ce qui a toujours vecu du principe d'autorité veut le ressusciter contre le Juif. En face d'eux, se sont levés, non pas seulement ceux qui au principe d'autorité absolue opposeraient volontiers le principe de la liberté absolue, entendons les anarchistes, mais aussi :
"tous ceux qui regrettent peut-étre la tranquillité d'âme et de conscience que donne la foi, mais qui ne se résoudront jamais a nier en eux la Raison" (24).
Le jour où se déclencha l'Affaire Dreyfus, ce sont donc deux moitiés de la France qui se sont détachées l'une de l'autre, elle sonne le réveil au grand jour de deux esprits eternellement en lutte sourde.

L'amertume de Delahache transparaît dans les dernières lignes de son mémoire. Les Juifs sont et demeurent citoyens Français. Mais ils doivent comprendre qu'ils ont commis par le seul fait d'avoir raison, une faute impardonnable. C'est pourquoi, ils sont condamnés à la vertu comme les jansénistes ou les protestants sous Louis XIV, comme toutes les minorités persecutees. Et de conclure :

"Les Juifs sont les Arméniens de l'Europe.... Ils sont, devant une sorte d'absolutisme démocratique dont la «loi du dessaisissement» a été la plus significative et la plus odieuse manifestation, ce qu'étaient devant l'absolutisme monarchique, les hommes de 1789. Ils sont ce qu'est depuis 1971, la France elle-même. Ils représentent en face de la Force et du Nombre, l'inéluctable Droit" (25).
Plusieurs points ressortent donc notre lecture : Avec le mémoire de Delahache nous avons donc le témoignage d'un juif d'Alsace doublement blessé dans son patriotisme en tant que Juif et en tant qu'Alsacien, mais qui ne cesse d'esparer que le droit l'emportera sur les dénis de justice. Comme son ami Paguy, Delahache a le sentiment que dans l'affaire Dreyfus, c'est l'âme de la France qui est en danger de péché mortel. C'est elle qu'il faut sauver dans cette lutte qui renaît sans cesse entre le prejugé et le principe, entre l'arbitraire et la justice.


1- Cf. à ce sujet le livre de Vicky Caron, Between France and Germany, the Jews of Alsace in the 19th Century, p. 128.
2- Delahache, JUIFS, Paris 1902. pp. 1-2. (Le mémoire sera cité par la suite sous le sigle DJ).
3- DJ, p. 4.
4- DJ, p. 6.


5- La presse antisémite pressentait tout l'appareil d'Etat envahi par les Juifs à l'aide de chiffres parfaitement imaginaires, ainsi parmi d'autres en mars 1895, La Semaine religieuse de Nevers. En fait, comme font montre les recherches de P. Birnbaum, dès que commença l'Affaire, les hauts fonctionnaires juifs virent leur carrière bloquée et des fonctionnaires non-juifs au nom jugé suspect furent victimes de cette discrimination.
6-C'était là un slogan sans cesse assené à ses lecteurs par la Libre Parole.
7-DJ, pp. 8-9.
(8)idem, p. 10.
(9)ibidem, pp. 10-11.
10-
Delahache note le véritable engouement de la jeunesse juive pour la carrière militaire et comment il fut stoppé par le retour en force dans l'armée de l'ancienne aristocratie nobiliaire qui constituera un tiers du corps des officiers. La situation est bien illustrée par les duels qui mettent aux prises aristocrates et officiers juifs comme l'atteste la recherche sur ce sujet de Philippe Landau.

 

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Notes :
  1. Delahache, JUIFS, Paris 1902, p. 19. (Le mémoire sera cité par la suite sous le sigle DJ).     Retour au texte.
  2. ibidem, pp. 21-22.    Retour au texte.
  3. DJ, p. 23.    Retour au texte.
  4. Cf. Sur ce mot d'ordre, l'étude de J. Katz, A State within a State, a History of an antisémitic slogan dans le recueil Emancipation and Assimilation, Studies in Modern Jewish History, Westmead 1972, pp. 47-76.    Retour au texte.
  5. DJ, pp. 28-29.     Retour au texte.
  6. idem, p. 36-37.     Retour au texte.
  7. DJ, pp. 39.    Retour au texte.
  8. idem, pp. 39-40.    Retour au texte.
  9. ibidem, p. 41.    Retour au texte.
  10. ibidem, p. 43.    Retour au texte.
  11. DJ, p. 46.    Retour au texte.
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