Théodore KLEIN
1913 - 2007

Théo Klein - © Nachshon Philipson
Théodore Naphtali Klein naît à Paris en 1913. Son grand-père, le Docteur Théodore Naphtali Klein était l'un des fondateurs de la première communauté juive orthodoxe de la capitale. Son arrière-grand-père, Salomon Wolf Klein, fut grand rabbin de Colmar et du Haut-Rhin . Du côté de sa mère il était le petit-fils d'un célèbre médecin de Mulhouse, le Docteur Ernest Meyer, une des personnalités marquantes du judaïsme alsacien.

Adhésion au Mouvement Yechouroun

En 1928 son père, l'avocat Alexandre Klein décide de s'installer à Strasbourg, où il demeurera avec son épouse et ses neuf enfants jusqu'à l'évacuation de la ville en 1939, au début de la seconde guerre mondiale (Théo est l'aîné des garçons, il a deux sœurs plus âgées, et son jeune frère Paul, alias Moché Catane est né en 1920). La famille se joint à la Communauté orthodoxe Ets ‘Haïm de la rue Kageneck, dirigée par son oncle, le Rabbin Robert Brunschwig, dont la personnalité exerce son influence sur toute la jeunesse orthodoxe de la ville (et auquel Théo Klein a consacré une biographie sur notre site).

C'est sous l'influence du Rabbin Brunschwig qu'est créé en 1926 le mouvement de jeunesse Yechouroun, qui entretient des liens étroites avec les jeunes de l'Agoudath Israël en Suisse. L'idéologie du Mouvement se fonde sur la doctrine de Rav S.R. Hirsch (1808-88), le chef de la "nouvelle orthodoxie juive" : Thora im Dérekh Eretz (la Torah et l'ouverture au monde). Cela signifie que ses membres sont tenus d'étudier le judaïsme, tout en poursuivant des études universitaires ou une carrière professionnelle. Théo Klein fait des études scientifiques, et il est nommé professeur de physique-chimie en 1938, tout en prenant des responsabilités à la direction du Yechouroun.

Les années de guerre

Un camp du Yechouroun pendant la guerre (sans doute Ussac en 1942).On reconnaît de gauche à droite, au second rang : Benno Gross, Jacques (Bo) Cohn, Théo Klein et Max Bloch.
Après l'évacuation de Strasbourg, la famille se réfugie à Vichy. Son frère Henri sera fusillé comme résistant en 1943, et ses deux sœurs, Mady et Clairette, étudiantes à la Faculté de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, seront arrêtées dans une rafle et déportées ; elles n'en sont pas revenues. Alexandre Klein mourra de chagrin en 1945.

Lorsque le Rabbin Abraham Deutsch fonde le PSIL à Limoges, Théo Klein se joint à l'équipe des enseignants. Le séminaire fonctionnera presque pendant toute la guerre malgré les dangers. Pendant les années 1941-42, les dirigeants du Yechouroun réussissent à organiser des camps d'été pour les jeunes juifs dispersés dans la France occupée, et ces camps sauvent des centaines de jeunes, qui formeront la base des activités du Mouvement après la guerre. De plus, ils diffusent des cours de culture juive par correspondance, qui permettent aux nombreux Juifs dispersés dans le pays d'être reliés à l'étude et à l'observance des mitzwoth.

En 1943, Théo se fiance avec Edith (Esther) Orner, née à Vienne en Autriche quatorze ans avant la seconde guerre mondiale. Après l'Anschluss, elle rejoint une sœur déjà installée à Strasbourg. Pendant la guerre, Edith Klein vivra à Lyon, où elle sera très proche du Rav Brunschwig, puis suivra sa sœur à St Etienne. Théo et Edith se marient à Lyon à la Libération.

L'enseignant et l'animateur

Après la guerre, le couple s'installe à Colmar où Théo Klein enseigne la physique, et ils rapprochent de nombreux jeunes du judaïsme en donnant des cours de pensée juive. Théo a eu toute sa vie de nombreux élèves, tant dans les matières profanes qu'en études juives.
"Théo et Edith Klein, la maison chaude et accueillante, le vendredi soir, ils nous ont appris le judaïsme, la Torah, Eretz Israël . C'était l'époque où un maître (car Théo était un maître) se permettait de nous lire des passages… du Sapeur Camembert ! " écrira Eliezer Shavitt.

Théo et Edith Klein
lors d'un camp du Yechouroun
C'est à partir de Colmar qu'ils assument la direction du mouvement Yechouroun, dont ils seront responsables de1945 à 1972. L'activité la plus remarquable est celle de camps d'été dans les Alpes, dans une ambiance de Torah. Nombreux sont les participants qui y ont connu pour la première fois de leur vie le goût du judaïsme. En 1956 et 1960, ils dirigeront aussi dans ce cadre des voyages d'étude et prospection en Israël.

En 1965, Théo Klein obtient une mutation pour Strasbourg, (qu'il a choisie pour faciliter l'éducation juive de ses filles). Il enseignera au Lycée Fustel de Coulange, à Eschel et à l'école Akiba où ses élèves l'appellent familièrement "Pépé la molécule". Son action communautaire prend plus d'ampleur : il soutient diverses associations religieuses israéliennes, notamment "Yad Sarah", une des plus importantes institutions de volontariat du pays. Il est même nommé président de la petite communauté de la rue Zilbermann à Strasbourg. Les cours qu'il donnera toute sa vie révélent sa grande culture générale, ainsi qu'un immense savoir en Torah qui lui vaudra d'ailleurs le titre de rabbin

En 1989, Théo et Edith Klein montent en Israël et s'installent à Jérusalem dans le quartier de Bait Vegan. En Israël il continue à donner des cours de Guemara et il participe activement aux activités de sa communauté.
Au moins de Tebeth 5766 (2006) son épouse Edith disparaît, et il a quitté lui-même ce monde âgé de 93ans à la veille de Shavouoth (22 mai 2007). Ils ont laissé derrière eux six enfants, 34 petits enfants et de nombreux arrières petits enfants, en Israël et en diaspora.

"Théo Klein était un homme profondément imprégné de vie, toujours souriant, toujours optimiste, toujours actif. Sa vitalité et son humour trouvait bien sûr leur expression durant les "colos", mais aussi dans les nombreuses rencontres et fêtes familiales où ses revues rythmées du fameux "Tataristaboum" faisaient la joie de tous" (Isabelle Puderbeutel, Actualité juive, 07/06/07).


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