Nathan SAMUEL za"l
(Strasbourg 06 juillet 1911 - Jérusalem 07 octobre 2000)
par Raymond Franck


Un juste nous a quittés !
Un de ceux qui ont su, par leur action et leur engagement de chaque instant, redonner confiance à des enfants , à des adolescents victimes de la sauvagerie nazie.
Nathan et Hélène Samuel, au lendemain de la guerre, découvrant ce que furent les horreurs des camps et la misère physique et morale des enfants rescapés, n’hésitèrent pas à se dévouer corps et âme pour redonner le goût de vivre à ces enfants.
Ils avaient accepté d’accomplir une mission fort difficile, à l’issue de la deuxième guerre mondiale : accueillir des enfants d’âges variés, d’origines diverses, meurtris par un vécu douloureux, la plupart orphelins.
Ils furent directeurs des maisons d’enfants de l’OSE, aux Hirondelles à Lyon puis aux Cigognes à Haguenau, jusqu’en 1955.
C’est dans ces internats, où j’ai exercé la fonction de secrétaire-économe, que j’ai eu le bonheur de les connaître, et d’admirer le travail constant la journée, comme les soirées, travail administratif, pédagogique, relationnel.

Par ces contacts de tous les instants, Nathan Samuel a fait redécouvrir une vie, une vie juive .
Il a su éloigner les spectres qui habitaient beaucoup de nos enfants, de "leurs enfants".
Nathan et Hélène Samuel ont affronté tous ces problèmes avec sérénité et clairvoyance.

Nathan Samuel rencontrait les jeunes en groupe ou individuellement.
Il fallait leur réapprendre à jouer, à travailler, à trouver leur place dans la société, à montrer par l’exemple de sa propre vie familiale avec ses deux filles Fanny et Eve-Anne comment redonner sens à la vie.
Par son intelligence, sa fermeté, sa gentillesse, sa modestie il était toujours à l’écoute de l’autre.
Monsieur et Madame Samuel, plus que des directeurs, étaient des parents pour cette génération d’enfants qui leur furent confiés.
Ils ont consacré tous leurs Shabatoth, tous leurs jours de fête à "leurs enfants", leur faisant découvrir ou redécouvrir nos valeurs juives.

A l’hospice de personnes âgées "Le Refuge", qu’ils dirigeaient en même temps que les Cigognes, Nathan et Hélène Samuel apportèrent également cette chaleur humaine qui leur était propre.
Grâce à Monsieur et Madame Samuel, il y a toujours eu osmose entre la maison d’enfants et la communauté de Haguenau.
Le sens de la communauté, l'attachement à Israël où nombre de nos jeunes allèrent s’installer, furent transmis avec bonheur.

Beaucoup d’anciens de Lyon et de Haguenau leur sont restés fidèles, et ceux qui l’ont pu l’ont accompagné à sa dernière demeure.
Monsieur Jacky Bronstein a évoqué le merveilleux travail au foyer Guy Patin à Paris ou en Israël de ce couple exceptionnel.

Quant à moi, le souvenir de ce Tzadik au sourire rayonnant, restera un exemple de foi, et d’amour du prochain.
Que son souvenir reste à jamais gravé parmi les Justes d’Alsace.
Que son souvenir soit pour nous tous, source de bénédiction.


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Elie Wiesel - © Jacky Bronstein
Un hommage d'Elie WIESEL à Nathan SAMUEL za"l


Nathan et le calme qui émanait de sa personne... Son regard apaisant… Je me rappelle… Aya et son sourire, sa chaleur, la simplicité de ses gestes.

Je me rappelle… Les Hirondelles... Un Shabath... Loin d'Ambloy, séparé de mes amis de Buchenwald…

Nathan, discret. Retiré, mais pas retranché. Discret, mais présent. Délicat, élégant. Il parlait peu, Nathan. Il écoutait bien. Il savait écouter. Tout son être était dans son écoute.

Nathan, à Paris. Une Maison d'enfants, encore une. Nathan n'a pas changé. Pas même vieilli. Je lui trouve un air sage : tous ces souvenirs, toutes ces images, toutes ces paroles qui peuplent sa mémoire font qu'il comprend mieux les choses, les êtres. Nathan à Jérusalem. Je ne le voyais presque plus.

Mais il me manque.


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