RENÉ WEIL za"l :
Une vie quatre à quatre.
(1916-1998)
par Michel Lévy


Me René Weil photographié par
© Michel Lévy
R. Weil
Jamais il n’avait le temps, parce qu’il y avait toujours encore tellement de choses à faire. Mais jamais il ne refusait un service, et pour le rendre modifiait son emploi du temps sans problème.

Il naît en 1916 dans l’Alsace encore Allemande, deuxième enfant d’une famille profondément française. Son grand-père Hirsch aimait-il à répéter, bien qu’allemand, envoya ses six filles en France pour terminer leurs études. Un nom court, 4 lettres. Un prénom court aussi. 4 lettres.

En hébreu il reçoit le prénom (de 4 lettres hébraïques ) Shlomo que porte son cousin qui vient de tomber à Verdun, et qui s’appelait comme son père, d’où ce nom qui étonnera longtemps, de Shlomo Ben Shlomo.

Il a 4 ans au décès de son père. Sa mère l'élève avec sa soeur de onze ans plus âgée.

Il entre à la faculté de Droit et se destine au barreau. Il sent les menaces qui pèsent sur son pays et lui l’antimilitariste fait sa préparation militaire et sort aspirant de l'école d’officiers de Saint-Maixent. Fait prisonnier avec son unité il s'évade et rejoint Périgueux. Les menaces sur les Juifs se font très précises, et il s’investit dans le bureau d’aide sociale où l’on s’occupe de cacher les enfants juifs et de fournir des faux papiers.

Le 4/4/44 il est arrêté par la Gestapo, envoyé à Drancy et déporté à Auschwitz. Il y est affecté à l’usine d'électricité de Gleiwitz. Blessé au doigt, il doit être amputé, sans anesthésie. Le chirurgien lui sauve la vie le lendemain en le chassant de l’infirmerie où il a apprit que les SS vont venir chercher les malades.

De son expérience concentrationnaire il parlera peu. Après bien des années et pour répondre aux sollicitations de ses enfants et petits enfants, et voyant le nombre des survivants s’amenuiser, il écrira une petite brochure, OUI, je me souviens, où il fera part des réflexions que lui inspire son expérience, plutôt que de la manière dont il l’a vécue.

Il participe à la “marche de la mort” dont il s'échappe, à bout de forces, en se cachant dans un camp lors d'une étape. Libéré par les Russes, il revient sur un bateau britannique à Marseille.

Des années plus tard, il posera sur son bureau à Jérusalem, la photo de l’aîné de ses petits-fils brandissant le drapeau d’Israël devant le porche d’entrée d'Auschwitz avec le sentiment qu'une boucle est bouclée.

Me René Weil photographié par
© Thiennot Klein
R. Weil
Revenu à Strasbourg, il y retrouve Jeanine (Bloch) avec laquelle il a travaillé à Périgueux. Ensemble ils fondent un foyer ou naîtront deux filles. Il s’investit dans les activités communautaires au premier rang desquelles il place les besoins de l'éducation. Il crée la caisse de prêt d’honneur qui mettra “le pied a l'étrier” à de nombreux étudiants, milite activement a l’ORT.
Il est élu vice-président puis président de la communauté de Strasbourg. Il y crée le journal UNIR, développe les relations avec Israël, mobilise des équipes de volontaires pour organiser l’accueil des rapatriés qui arrivent en nombre en 1962.
Continuant son travail social, il dirigera le FSJU départemental. Vice-président de la section française du Congrès Juif Mondial il défend la cause juive tous azimuts. Le déclic de 1967 le propulse au premier rang des défenseurs d’Israël qu’il soutient sans défaut, (et où ses enfants s’établissent en 1967 et 1974) avant de s’y installer en 1975.

R. Weil reçoit un diplôme de la Fondation LIBI
© Tsahal
R. Weil
Mais à 60 ans l’heure du repos n’est pas encore arrivée. Il recrée un fond de prêt d’honneur, le Keren Atid, et surtout développe auprès du "bureau des tutelles" du Ministère de la Justice, un service de traitement des donations testamentaires faites au profit d'Israël. L’établissement des dossiers le conduira à voyager deux fois par an dans toute la France. De nombreuses institutions israéliennes, hôpitaux, écoles, associations pour le bien-être du soldat, bénéficieront ainsi de son travail. De cinq dossiers à son arrivée au ministère, il y en aura plus de 500 à sa retraite.

Désirant “laisser la place aux jeunes”, il démissionne le jour de ses 80 ans.

L’avenir d'Israël le préoccupe toujours, et la hantise d’un nouvel Holocauste ne le quitte pas. Ses "lettres à l'éditeur" sont publiées aussi bien dans la presse française, où il déplore à maintes reprises l’image unilatéralement négative donnée d’Israël, que dans la presse locale où il appelle en vain à l'unité devant les dangers extérieurs qui menacent le pays.

Il s’éteint à Jérusalem le 25 avril 1998, entouré de sa femme, de ses enfants et ses quatre petits-fils et quatre petites-filles.


Vers le témoignage de René Weil :
OUI JE ME SOUVIENS

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