Georges LOINGER
1910 - 2018


Georges Loinger naît le 29 août 1910 à Strasbourg dans une famille de sept enfants. Des parents, tous deux immigrés de l'Empire austro-hongrois, se sont rencontrés et mariés à Strasbourg. Son père, antiquaire, est mobilisé en 1914 dans l'armée autrichienne. Georges est élevé durant la première guerre mondiale par sa tante, la future mère de Marcel Mangel, qui se fera connaître plus tard sous le nom de Marcel Marceau. Il est l'oncle de la chanteuse israélienne Yardena Arazi dont la mère est sa sœur cadette Yvette Loinger.

Il fait ses études au lycée Fustel-de-Coulanges, à Strasbourg, où, rapidement, il se distingue en gymnastique et en sport. Dès l'âge de 15 ans, en 1925, il entre au mouvement de jeunesse sioniste Hatikvah où il rencontre sa future épouse Flore Hélène Rosenzweig, née le 10 janvier 1911, en Alsace qui est cheftaine au mouvemant. Ils auront deux fils, Daniel et Guy.

Diplômé en 1929 de l'École pratique d'industrie, il travaille pour une compagnie de navigation sur le Rhin qu'il quitte en 1932 pour passer le diplôme de professeur d'éducation physique et sportive. Il finance ses études en étant surveillant général au Séminaire israélite de France dont un des professeurs, Marcus Cohn, le fondateur de l'École Maïmonide, le recrute en 1935 comme professeur d'éducation physique. Il rejoint l'équipe nationale des Éclaireurs israélites de France, et crée un club sportif à Belleville pour les enfants juifs. Dans les années qui précèdent la seconde guerre mondiale, il s'occupe d'accueillir de jeunes réfugiés juifs d'Allemagne au château de la Guette.

Mobilisé à la déclaration de guerre, il est fait prisonnier durant la débâcle. Il réussit à s'évader de Bavière en compagnie de son cousin Simon Mangel, le frère de Marcel Marceau, rencontré par hasard au stalag. "Nous nous sommes évadés vers la mi-décembre 1940. Après de nombreuses péripéties, nous avons réussi à passer la frontière en nous joignant à un groupe d’Alsaciens qui travaillaient régulièrement en Allemagne. Chaque jour, ils traversaient le Rhin en car ; nous sommes montés avec eux et nous avons débarqué à Strasbourg, place Kléber. Nous sommes restés quelques jours chez des amis non juifs et, le 24 décembre, nous avons pris le train pour les Vosges, ces montagnes de notre jeunesse que nous avions parcourues en tous sens !" (L’Odyssée d’un Résistant p.61)

Son évasion est motivée par les nouvelles alarmantes de son épouse Flora concernant les 125 enfants de La Guette qu'elle a pris en charge. Il s'agit d'enfants et autrichiens réfugiés en France avant la guerre et que l'on doit disperser d'urgence. Le 10 janvier 1941 il rejoint sa femme à la Bourboule, où celle-ci s'est repliée avec les 123 jeunes réfugiés. Il est nommé moniteur-chef itinérant de l'OSE et visite toutes les maisons d'enfants, y compris celles des EIF. Il organise des programmes sportifs pour ces jeunes.

Fin 1942, Georges Loinger se trouve à Lyon lors de la réunion des responsables de maisons de l' OSE organisée par le Dr. Joseph Weill, qui les informe qu'il connaît de source certaine la destination des convois partant de Drancy : des camps, où une sélection mortelle se fait dès l'arrivée. En prévision de l'intensification des rafles, les maisons d'enfants de l' OSE seront dispersées.

G. Loinger entre dans le Réseau Garel. Il est chargé d'établir une filière de passages d'enfants en Suisse et s'installe à Annemasse. Au début, les risques sont modérés, mais lorsque les Italiens quittent la zone et que les Allemands arrivent, le danger augmente. Des convois de 12 à 25 enfants quittent Lyon deux ou trois fois par semaine pour Annemasse, où, grâce à l'aide du maire Jean Deffaugt, les enfants sont reçus, en attendant leur passage, dans un centre d'accueil des Chemins de fer dirigé par Eugène Balthazar, du Secours national. Les premiers temps, Georges Loinger emmène les enfants jouer au football à quelque mètres de la frontière. Le ballon dévie en zone suisse et les enfants qui passent le chercher y restent. Des paysans repèrent le manège et préviennent G. Loinger qu'il peut être aperçu par les patrouilles et que les enfants sont en danger. Il est alors obligé de faire appel à des passeurs appointés (souvent des contrebandiers). G. Loinger a fait passer trois cents enfants en Suisse.
Dès le début de l'été 1943, il assure la liaison avec l'OSE zone Nord. Il apporte de l'argent au Pr. eugène Minkovski et des informations de la zone Sud. IL convoie également des groupes d'enfants évacués des maisons en danger de la zone Sud vers la zone Nord. (Organisation juive de combat : France, 1940-1945, p. 204)

Georges Loinger en 2014
- © Claude Truong-Ngoc
Sa soeur Fanny Nezer fait partie elle aussi du Réseau Garel. Elle est particulièrement efficace dans le sauvetage et le planquage d’enfants dans la Drôme, l’Isère, les Alpes et la Haute Savoie. Mais ce n'est qu'après la guerre qu'ils sauront qu'ils ont été actifs dans le même réseau !

Après la guerre, G. Loinger œuvre pour faciliter le passage des rescapés du nazisme en Palestine mandataire et joue un grand rôle dans l'affaire de l'Exodus lorsque ce bateau fait escale en France. Il sera ensuite directeur de la filiale française de la compagnie de navigation israélienne Zim.

Georges Loinger et Shimon Peres en 2013

En mars 2013, au cours d'un voyage en Israël à l'âge de 102 ans, il est reçu par le président Shimon Peres.

Georges Loinger est Commandeur de la Légion d'honneur à titre militaire et a reçu la Médaille de la Résistance, la Croix de guerre avec palmes et la Médaille d'Or du ministère de l'Éducation nationale, de la jeunesse et des Sports. La médaille de citoyen d'honneur de la ville de Strasbourg lui est remise le 24 octobre 2014.
En juillet 2016, à Paris, il est fait officier dans l’ordre du Mérite de la République fédérale d'Allemagne.
Le 31 août 2017, il reçoit les insignes de commandeur des Palmes académiques des mains de Florence Parly, ministre des armées.

Georges Loinger meurt le 28 décembre 2018 à Paris à l’âge de 108 ans.



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