Docteur Yves KOLLENDER
יצחק בן מנחם
(1933-1997)
par le Dr Henri Hochner

KollenderEvoquer le souvenir d’Yves Kollender qui fut pour moi un ami d’enfance, en ce septième anniversaire de son décès est un acte de mémoire qui me remplit d’émotion.

Je tenterai de faire revivre le côté chaleureux et dynamique qui se dégageait de cet ami souriant, aimable, empreint de noblesse et de distinction. Une pénible maladie qui tant physiquement que moralement le fit souffrir, l’obligea à se retirer de ses activités professionnelles et communautaires avant de nous quitter.

Yves Kollender est né à Nancy le 19 mai 1933 dans une famille très traditionaliste et sioniste militante. En 1948 il part pour Israël avec ses parents et son frère André, et ils retournent en France en 1952 pour s'installer à Paris. Yves se trouve donc en Israël de l'âge de 15 à 19 ans ; c'est là qu'il passe son baccalauréat et qu'il apprend l'hébreu qu'il maîtrisera parfaitement. Il commence des études dentaires à l'école de la rue de la Tour d'Auvergne. Quelques années plus tard, à Lausanne, il présentera une thèse de doctorat sur un sujet qui est devenu aujourd’hui une réalité : l’implantologie.

Marié à Strasbourg en 1959 avec Nicole Guikovati, ils ont trois enfants. Tout de suite il milite au sein de la communauté, en 1962 et en devient rapidement le premier vice-président. Il siége à la commission permanente dont il est un membre très écouté, et préside la sous-commission culturelle. En même temps, il est élu à la tête du KKL, et à ce poste il écrit de nombreux articles de fond et d’information, prend la parole en public à de nombreuses occasions, et publie souvent dans l ‘Almanach du KKL ainsi que dans d’autres journaux. Dans l’organe de la CIS (Communauté Israélite de Strasbourg) UNIR, il tenait régulièrement la tribune littéraire, parce que Yves Kollender était un lettré, un grand lecteur, s’intéressant a de nombreux domaines. Durant des décennies il assura régulièrement à l’office français de la Clinique Adassa une étude sur la lecture shabatique dont tous se souviennent encore.

Réélu régulièrement à la commission administrative, il fut même question qu’il en devienne le président. Atteint par la maladie il s’arrêta de travailler et profita des dix dernières années de sa vie pour se remettre aux études. Il s’essaya à la philosophie et à l’arabe, mais c’est surtout à l’Institut d’Hébreu qu’il donna le meilleur de lui-même. Parlant couramment cette langue, il fit une maîtrise d’hébreu dont le sujet fut le sabbataïsme. En 1995 il présenta un Diplôme d’Etudes Approfondies dont l’objet était une recherche sur Getzel Selikovitch "journaliste yiddish et aventurier". Il faut rappeler que Yves Kollender parlait également parfaitement le yiddish et l’allemand. Getzel Selikovitch fut avec Eliezer ben Yehouda un des artisans de la renaissance de la langue hébraïque moderne.

Yves Kollender avait toujours le cœur et les yeux tournés vers Israël, où il fit avec sa famille de nombreux voyages. Je me souviens qu’à chacun de ses retours de Sion, combien il s’intéressait au développement de ce pays dans lequel il comptait de nombreux amis et beaucoup de famille.

Yves Kollender avait aussi un esprit, précis il savait exprimer son autorité avec une extrême courtoisie toujours maître de lui ; diplomate parfait, je ne l’ai jamais vu se départir de son sang froid.

A la CIS, il trouvait toujours les solutions aux problèmes que posèrent les transformations de la communauté et la modernisation de nos structures. Lorsqu’il est question d’Yves Kollender, beaucoup de qualificatifs me viennent à l’esprit : amabilité, intelligence, loyauté, élégance morale et même élégance physique avec une certaine recherche, distinction.

Pendant plusieurs décennies, toutes les semaines, nous nous rencontrions pour étudier la Torah orale et écrite, et ses connaissances alliées à son bon sens nous permettaient souvent de trouver des solutions aux difficultés du texte.

J’ai ressenti très douloureusement sa disparition dramatique et je ne peux m’empêcher d’associer à sa mort, celle de mon épouse et d’un ami cher, Gabriel Jossot , qui en un espace de temps très rapproché se sont tous les trois retrouvées dans un même destin.

C’est le 13 juillet 1997, qu’Yves Kollender nous a quittés et en son honneur et à sa mémoire une plaque commémorative a été apposée sur les murs de la grande synagogue.

Son image reste et restera toujours vivante pour tous ceux qui ont eu le privilège de bien le connaître et de l’aimer.

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