Claude MEYER
1930 - 2016

Au Revoir l'ami
Roland Goetschel

C'est avec beaucoup de tristesse que nous devons vous informer du décès à 85 ans de notre très cher ami Claude Meyer, hier après-midi à l'hôpital Hadassah Ein Karem.
L'enterrement a eu lieu le jeudi 10 novembre au cimetière de Givat Shaoul à Jérusalem..

Claude Meyer a été l’un des fondateurs et présidents de Negba. Pour les enfants d’Israël à risque, il n’a jamais ménagé ses efforts. Jusqu’à sa dernière heure il discutait encore par téléphone d’idées de développement pour l’avenir.

Toujours optimiste et attentif aux autres, Claude avait fait tout au cours de sa vie la connaissance de gens qui sont devenus ses amis. Ceux qui habitent en Israël étaient là nombreux ce matin pour l’accompagner à sa dernière demeure.

Toute l'équipe de Negba partage la douleur de la famille Meyer.

Hanna Geissmann
Directrice Générale Negba

Lire les témoignages sur le site de Negba

Claude Meyer n'est plus. La nouvelle s'est répandue comme une trainée de poudre à Jérusalem, la ville où il avait choisi de vivre et d'habiter.

Ses racines étaient  de Sarre-Union, en Alsace profonde.
Ses parents s'étaient installé  à Illkirch-Graffenstaden dans la proche banlieue de Strasbourg. Son père y avait créé un magasin florissant  de bonneterie.

Quand vint la guerre, la famille parvint à Brive-la-Gaillarde en Corrèze. C'est là que nous nous connûmes et fûmes tous les deux élèves  au Collège Cabanis. je me souviens de sa gentillesse qui le faisait surnommer par ma tante Alice "das henetigue jângle" (en judéo-alsaien : ce garçonnet plein de grâce).

A la Libération, il regagna avec ses parents sa chère Alsace, et il poursuivit sa scolarité au Lycée Fustel de Coulanges. Mais  la grande affaire à ce moment là  c'étaient nos activités E.I. Je me souviens encore d'une photo de ce temps là où nous étions tous les deux,chefs de patrouïlle, avec comme chef de troupe, le futur Dr.ElieWeiler, et ses adjoints Jean Kahn et Pierre Kogan. Par la suite, sur  les conseills avisés de Colette et de Loup, il partit pour Orsay et étudia ainsi  chez  Manitou, à l'Ecole Gilbert Bloch.

Ils se maria avec Claudine,  et trois enfants (deux filles et un garçon) furent le produit de cette union. Il fut quelque temps représentant avant de fonder un grand réseau  de magasins de vêtements qui se dénommait ''Vêtir ".

Du côté juif aussi, il ne désarma pas, à tel point qu'il devint président du FSJU pour l'Alsace .

Vint ensuite l'heure de l'alya. Arrivé en Terre Sainte il ne resta pas inactif, et se mit à fonder jusqu'à Beer-Sheba, tout un réseau d'établissement destiné à recevoir  les élèves des groupes défavorisés qui a pour nom Negba.

Dans la continuité de ses promenades vosgiennes , il organisa chaque dimanche des balades en compagnie de George Weill, Charlie Reich, Benno Gross, Georges Lévy et d'autres encore, découvrant les splendeurs des environs de la cité de David.

Il avait un autre talent caché, c'était de faire une cuisine variée et savoureuse. On goûtait celle-ci, le shabath au cours des repas où les invités savaient apprécier la vaste terrasse fleurie, l'hospitalité généreuse offerte par le maître et la maîtresse de maison.

Tel fut Claude dans son  existence passionnante et passionnée.
Que  son souvenir soit pour  nous un exemple et une source de bénédiction.

Claude Meyer: au-delà de l'espérance
Jacquot Grunewald
Cet article a été publié dans Le P'tit Hebdo, en novembre 2016

Lorsqu'il m'arrivait de présenter Claude Meyer, j'avais recours au titre d'une rubrique du Reader's Digest de nos adolescences: "L'homme le plus extraordinaire que j'ai rencontré". Je ne pense pas avoir jamais usé de cette formule pour un autre. Claude est mort à 85ans, avec à ses côtés Claudine, leurs enfants et petits-enfants, le 9 novembre 2016. Mais beaucoup ne sont pas prêts à l'admettre. Comme ils n'acceptent pas que cet homme souriant, fin, élégant, à votre écoute, au visage rayonnant, ait atteint cet âge. Le refus que dictent l'admiration et l'amitié l'emportent… portent au loin une insupportable réalité. A son exemple, justement, parce que Claude Meyer a su casser les frontières du réel, comme il dépassait de son long pas, les grands espaces qu'il aimait parcourir.

Certes, sa générosité, la soif du judaïsme qu'il avait découvert à l'école d'Orsay, son sionisme, l'œuvre accomplie au KKL, l'accueil des réfugiés d'Algérie à Strasbourg, la présidence de l'Appel Juif Unifié qu'il y a assumée, son action pour le Biafra et d'autres causes humanitaires étaient exemplaires. Mais dès alors, dans un tout autre domaine, il a su briser les barrières ordinaires en créant, le premier supermarché du prêt-à-porter en France. On imagine les difficultés à affronter, les hostilités rencontrées. Je me rappelle les nuits de veille dans le magasin que menaçaient des commerçants de la ville. Mais il a tenu bon et il a su gagner son pari.

Claude et Claudine ont su vaincre, après, toutes les excellentes raisons qui auraient pu les retenir en France. A leur arrivée en Israël au début des années 80, tout laissait à penser que leur engagement communautaire continuerait. On ne se refait pas. Mais au lieu de suivre la voie, Claude a su vaincre l'ordinaire une nouvelle fois. Là encore au niveau industriel et commercial pour commencer, en tentant, sans se faire d'illusions illimitées, il est vrai, d'apporter sa part dans la coexistence judéo-arabe par l'ouverture d'ateliers de fabrication de vêtements dans l'espace arabe.

Au niveau de l'action sociale, les besoins étaient considérables. Nombre d'Olim de France ou d'Europe devaient être aidés. Les organisations à l'œuvre auraient souhaité son concours. Elles le savaient assuré. Mais Claude a vite compris que l'urgence criait d'ailleurs, depuis les rues d'Israël… auxquelles trop d'enfants, aux conditions familiales très difficiles étaient condamnés. Avec, principalement, Claude Kadouch, qui lui, venait de Paris,  il a alors lancé les Maisons de l'Espérance, regroupées bientôt dans l'Association Negba (www.negba.org) qui portent chacune le nom d'une personnalité de la Communauté française. A Beth Shemesh d'abord, à Beeer Shéva surtout, à Netivoth, à Jérusalem, c'est plus d'un millier d'enfants qui grâce au suivi scolaire qu'on leur offrait, à l'affection témoignée, à l'encadrement, au déjeuner convivial, ont été et sont sauvés. Et le Mur que Claude Meyer a élevé au Musée des Lohamei Haguettaot en souvenir de Daniel Trocmé, qui refusa d'abandonner aux nazis les étudiants qu'il cachait dans sa …maison d'espérance à Chambon, pour les suivre en déportation, montre à quel point rien de ce qui était humain ne lui était étranger.

Claude Meyer avait été nommé chevalier de la légion d'honneur de la République française en 2013, essentiellement au titre de son action sociale en Israël (n.d.l.r.)


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