Moché CATANE
1920 - 1995
par Choulamith Catane

Quatre generations
Cinq générations de la
famille Meyer-Klein


M. et C. Catane avec Mme Klein
et leur premier enfant, pendant
la guerre

M. et C. Catane
Moché et Choulamit Catane

Paul Klein, plus tard Moché Catane, est né à Mulhouse en 1920 d'une vieille famille alsacienne. Son arrière-grand-père, Salomon Wolf Klein, né à Bischheim, était grand rabbin du Haut-Rhin à Colmar, jusqu'en 1867. Beaucoup de ses descendants étaient établis en Allemagne, et toutes ces familles ont été presque totalement exterminées par les nazis pendant les années terribles de la Shoah 1940-1945. Son grand-père, le Docteur Théodore Klein, exerça à Paris. Alexandre, le père de Moché Catane, était avocat, et vint habiter Strasbourg en 1928, où il demeura avec son épouse et ses neuf enfants jusqu'à l'évacuation de la ville en 1939, au début de la seconde guerre mondiale. Son grand-père maternel, le Docteur Ernest Meyer, était médecin à Mulhouse jusqu'en 1939, et c'était une des personnalités marquantes du judaïsme alsacien.

Moché Catane avait commencé des études d'archiviste-paléographe à l'Ecole des Chartes à Paris. Réfugié dans la Zone Sud de la France avec sa famille, il dut interrompre ses études et quitter son poste au lycée de Vichy à cause du Statut des Juifs. Ses deux frères étaient prisonniers en Allemagne.

En 1941 il épousa Selma Feist (plus tard Choulamith Catane), originaire de Francfort en Allemagne.

Tout comme son frère aîné Théo Klein, il était actif dans le mouvement juif traditionaliste Yechouroun, et organisait des cours par correspondance, pour les jeunes qui étaient isolés dans les campagnes. Il leur procurait des cartes de ravitaillement et de fausses pièces d'identité.

Son frère Henri fut fusillé comme résistant en 1943, et ses deux sœurs, Mady et Clairette, étudiantes à la Faculté de Strasbourg repliée à Clermont-Ferrand, furent arrêtées dans une rafle et déportées ; elles n'en sont pas revenues. Moché Catane fut dénoncé aux Allemands, mais il réussit à s'enfuir en Suisse, avec sa femme et leur bébé. Alexandre Klein mourut de chagrin en 1945, à Vichy.

En 1945, de retour en France, il reprit ses activités sociales et éducatives, ainsi que ses études. Il devint bibliothécaire à l'Alliance Israélite Universelle à Paris, puis à la Bibliothèque Nationale.

Après la création de l'Etat d'Israël, la naissance de son cinquième enfant et la fin de ses études, il réalisa son rêve : sa Alya, sa montée en Israël, en septembre 1949. C'est alors qu'il changea officiellement son nom en Moché Catane.

A Jérusalem il a été bibliothécaire principal à la Bibliothèque Nationale et Universitaire. Pendant de longues années il a été journaliste pour la section française de Kol Tsion Lagola, les émissions de la Radio israélienne pour la Diaspora. Il a collaboré à de nombreuses revues françaises et israéliennes, comme la Tribune juive de Strasbourg, La Terre retrouvée, la Revue des Etudes juives, et bien d'autres encore.

Il est l'auteur de nombreux ouvrages, parmi lesquels Qui est Juif ? ; Jérusalem à travers trois millénaires ; La vie en France au 11ème siècle d'après les Commentaires de Rachi ; les Gloses françaises de Rachi sur le Talmud et la Bible (ces deux derniers livres ont été écrits en hébreu) ; Légendes dorées du peuple juif, etc..

Il a rédigé de nombreux articles sur des sujets très divers : histoire juive, exégèse biblique, langue et littérature hébraïques, philosophie juive et actualia.

Son doctorat porte le titre : Les Juifs en Alsace sous Napoléon. Il a aussi réussi à compléter l'étude du Talmud tout entier (Siyoum Ha-Shass).

Il a été décoré par la France et par Israël pour son travail infatigable dans le but de resserrer les liens culturels entre Israël et la France : les Palmes Académiques pour la France, et le prix du Président de la Knesset, pour Israël.

Ses onze enfants, dont dix habitent en Israël, ont fondé eux aussi des familles nombreuses, et à son grand bonheur, l'éducation profondément religieuse, et en même temps ouverte sur le monde, se perpétue parmi la centaine de ses descendants, parmi lesquels on trouve des rabbins, des médecins, des professeurs et instituteurs, des commerçants, des ingénieurs.

Moché Catane a quitté ce monde le 26 heshvan 5756 (20 novembre 1995)

Le premier qu'on a appelé Moché Klein à sa suite est son petit-neveu, fils de Shimon Klein, qui est né le jour où la famille s'est relevée des sept jours de deuil.

Son arrière-petit-fils (le trentième !), appelé lui aussi Moché Klein, a apporté en 1998, à l'âge de trois ans, selon une vieille tradition judéo-alsacienne, sa "Mappa" (banderole dessinée avec le nom du bébé, et destinée à attacher le rouleau de la Torah), à la synagogue de la rue Kageneck à Strasbourg, cette synagogue où sa famille et lui-même ont prié pendant des dizaines d'années.


Choulamith CATANE
1923 - 2013
par Barbara Weill


Choulamith Catane est née en 1922 à Francfort sous le nom de Selma Feist.  Quelques années plus tard, ses parents ont quitté l’Allemagne nazie pour la France.
Elle est la sœur de Judith Hemmendinger qui vit elle aussi en Israël.
La Shoah n’a pas épargné sa famille : son père, qui s’occupait notamment de sauver des enfants juifs est mort en déportation.

Elle n’a pas encore vingt ans lorsqu’elle fait la connaissance de son futur époux, Paul Klein qui deviendra Moché Catane.  Le couple se marie en 1941 et leur premier enfant, Raphaël, est naît  en pleine tourmente, en 1942, avant qu'ils ne se réfugient en Suisse jusqu'à la fin de la guerre.

Moché et Choulamith. Catane avec leur onze enfants
Famille Catane
En 1949, alors qu’ils ont déjà cinq enfants, ils partent vivre en Israël. A l’époque, les conditions sont  dures pour les nouveaux immigrants, la situation financière de la famille est difficile. Quelques années plus tard  Choulamith, alors mère de onze enfants, fera  des études pour devenir  bibliothécaire à la Knesseth.
Malgré la difficulté de faire vivre une aussi grande famille, elle accueille de nombreux visiteurs et tient table ouverte le Shabath.
Certes, elle éprouve  le plus grand respect pour son mari et pour l'œuvre de celui-ci, mais elle ne se tient pas au second plan : elle  séduit  ceux qui la rencontrent par sa personnalité rayonnante.

En 1999, un an après la création de notre site du Judaïsme d'Alsace et de Lorraine, je suis allée lui rendre visite pour lui proposer de créer des pages pour son mari.  Internet était encore pratiquement inconnu à cette époque, mais elle savait très bien de quoi il s'agissait, et elle a répondu avec enthousiasme à ma demande. C'est elle qui m'a fourni les premiers documents qui composent ce dossier, et elle m'a offert plusieurs ouvrages de son mari, dans lesquels j'ai pu trouver d'autres textes à publier.

J'ai beaucoup apprécié  son amabilité, cette courtoisie toute germanique,  et sa volonté de se tenir au courant de toutes les nouveautés. Elle utilisait déjà un ordinateur et une adresse électronique pour pouvoir correspondre avec ses proches.

A cette époque (elle avait 76 ans), elle se rendait tous les matins au Centre du Rav Kook pour travailler bénévolement aux archives de l'institution.
Plus tard, dans la maison de retraite où vivra  au cours de ses dernières années à Jérusalem, elle donnera régulièrement des conférences, faisant preuve d’érudition, et d’une grande facilité d’élocution.

Choulamith Catane restait en contact permanent avec ses proches. Elle parlait tous les jours au téléphone avec ses enfants et un grand nombre de ses petits-enfants, s’intéressant à tous leurs faits et gestes. Pour ne pas oublier les noms de ses descendants ( il y en a plus de 200) elle avait établi des listes avec les dates anniversaires. Elle leur prodiguait à tous de l'amour et ils le  lui rendaient bien. Tous ses enfants ont réussi  leur vie, ils mènent comme leurs parents, une vie juive religieuse stricte et sont très impliqués dans la vie communautaire. Plusieurs sont des rabbins connus, d’autres ont opté pour la médecine ou l’enseignement.


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