Beni Gassenbauer
L'aquarelle, en hommage à Jérusalem

par Claudine Meyer

B. Gassenbauer Des portes et fenêtres, des balcons et vérandas, les arcades en pierre des terrasses, la ferronerie grimpant le long des porches, des fonds de cour et des passages ombragés dont Jérusalem a le secret... Au-delà des vues traditionnelles illustrant trop souvent la ville, ce sont ces "riens", ces colonnes de pierre surmontées d'un lion, ces ombres de palmes projetées sur la lumière crue d'un mur ou ces cours intérieures aux sols carrelés à l'ancienne qui parlent le mieux de la spécificité hiérosolomytaine. Sans que le passant n'en soit toujours conscient, c'est là que se niche la beauté de la cité car il y a toujours une treille, un collier de glycine ou une touffe de jasmin, plus sombre, pour mettre en valeur cette architecture de pierre blanche et or. Une version israélienne des sous-bois et clair-obscur si chers aux peintres, qui sont au coeur de l'oeuvre, et jusqu'à l'étal du marché où l'éclat des fruits secs rivalise avec la pénombre de l'échoppe.

Autant de "prétextes" à peinture qu'est allé dénicher Beni Gassenbauer au plus profond des vieux quartiers, de la vieille ville à Baka en passant par Yemin Moché. Promenant sa longue silhouette au fil des rues, d'Ethiopie ou d'Abu Tor, l'aquarelliste y a vu bien davantage que des porches. Il y a perçu du secret, du mystère, des ombres saturées de couleur et bien sûr, la transparence de la lumière qui sied si bien à sa palette. Ambre, mauve, anis, ocre et azur : les tons chauds et froids virevoltent, avec ces taches de blanc pour dire "soleil" ! A l'instar du peintre israélien Marek Yanaï qui lui confia un jour le difficile pinceau d'aquarelliste, Beni a de la couleur dans les prunelles, et sous la même moustache, le sourire de ceux, et ils sont rares, qui voient.

Exposant -individuellement- son travail au public depuis 1991, tant en Israël qu'en France, Beni Gassenbauer, arrivé de sa ville natale de Colmar en 76, avance aujourd'hui é grandes enjambées. Comme dans la vie, quand il arpente la ville. Aujourd'hui, moins le souci du détail et moins de conventions : avec toujours la même rigueur, mais la liberté de l'artiste en sus, il peint de mieux en mieux "sa" propre approche du paysage qui se profile sur ce papier à grand format qu'il a osé choisir pour support. D'où des compositions gagnant en audace. Brise printanière ou vent du sud, ses frondaisons ont pris du mouvement, et ses couleurs gagnent encore en poésie. Des "choix" qui sont les siens: certes, la réalité demeure, mais pour catalyser l'émotion et sans jamais s'imposer: teintée de pigment, c'est, de toutes façons, la goutte d'eau filant sur le grain qui aura toujours le dernier mot !

Galerie Mayanot 28, rue King George, à Jérusalem (tél. : 02/625 0916) du 14 avril au 5 mai 1999.


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