Biographie I Interview


 
Roger CORBEAU
1908-1995


Né le 20 novembre 1908 à Haguenau, le jeune Corbeau est très tôt impressionné par les films de Carl Dreyer, Fritz Lang, Georg Pabst, par la peinture de Dürer et de Goya, et découvre avec fascination les visages d'acteurs.

Son père, industriel, est un bibliophile éclaré, un grand amateur de musique classique et d'opéra. Quand Roger atteint l'âge de 12 ans, il lui offre son premier appareil, un Golding Kodak 6x9, qu'il commence aussitôt à utiliser. Il termine ses études secondaires à Nancy. En 1931, il est à Amsterdam dans une maison d'importation de thés et cafés.

A partir de 1933, il est remarqué par divers metteurs en scène qui l'engagent comme aide-habilleur puis accessoiriste, il devient le photographe de prédilection de Marcel Pagnol, qui l'engage à l'année. Leur collaboration durera six ans : Jofroi, Angèle, La Femme du boulanger.

Simultanément, il travaille avec d'autres grands noms : Abel Gance, Marcel l'Herbier. Mais ce sont surtout les acteurs qui le captivent : Pierre fresnay, Louis Jouvet, Orane Demazis, Pierre Brasseur.

Démobilisé en 1940, il rencontre Jean Cocteau en 1945, pour qui il photographiera Les Parents terribles et Orphée (1948 et 1949), Robert Bresson (Journal d'un curé de campagne), Orson Welles (M. Arkadin en 1954 et Le Procès en 1962).

A la fin de sa carrière, il travaille régulièrement avec Claude Chabrol. Mais après le tournage de Violette Nozières (1978), il a posé définitivement ses appareils : "aujourd'hui les actrices ne sont pas des beautés ou des 'natures' comme avant et, en général, les acteurs n'ont plus la même disponibilité".

Au total, Roger Corbeau a collaboré à cent soixante films dont bon nombre sont restés dans l'histoire du cinéma.

A force d'exigence et de rigueur, il a imposé son style. Ses portraits sont des investigations personnelles exercées dans l'univers fantastique du cinéma. Un univers qui est fait pour lui d'ombres et de ténèbres, et dans elquel n'apparaissent que les figures mythiques. Son regard sombre scrute les âmes, vole l'instant, l'éclair qui donne à l'acteur cette seconde miraculeuse qui grandit l'homme. Personne ne peut oublier Raimu et son melon dans La Femme du boulanger ou les yeux de Michèle Morgan.

Grand prix européen de la photographie de plateau en 1982, chevalier, Roger Corbeau, a beaucoup exposé, en France et aux Etats-Unis.

En 1985 il est nommé chevalier de la Légion d'honneur au titre des Arts et des Lettres. Il reçoit sa décoration des mains de Daniel Gélin, à la Cinémathèque de Paris. Très heureux, il déclare : "je regrette seulement que mes parents n'aient pas été là pour ce grand jour".

Deux ouvrages consacrés à son oeuvre ont été publiés :
Roger Corbeau, portraits de cinéma, Editions du Regard, Paris, 1982.
Corbeau, l’œil noir du cinéma français, préf. Pierre Borhan, éd. Assouline, Paris, 1995.

Il est décédé à Paris le jeudi 14 septembre 1995, à l'âge de 87 ans. Il a été enterré dans sa ville natale de Haguenau, qui lui a dédié sa salle d'expositions, appelée désormais "Salle Roger Corbeau".


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