Anna WAISMAN

Les articles et photographies de cette page sont extraits de la brochure publiée par le Musée Judéo-Alsacien de Bouxwiller pour l'exposition "Lettres et Visages de la Bible"

ANNA WAISMAN est née à Strasbourg et y passe son enfance, dans les années trente, Très tôt, elle sent en elle une vocation artistique qu'elle n'arrive pas à cerner. Elle se passionne pour la danse, dont elle veut faire sa carrière. Elle quitte Strasbourg pour Paris. Ce qu'elle poursuit dans la danse, c'est à la fois, une extériorisation totale du feu artistique qui la brûle, et la recherche de la perfection. Elle y épuise ses forces.
Elle se tourne vers une autre forme d'expression : le graphisme et la peinture. Puis elle s'essaie à la sculpture et y retrouve enfin la troisième dimension, tant appréciée dans la danse. Mais à quoi appliquer la maîtrise de cette nouvelle technique ? La révélation vient d'une rencontre avec l'écrivain-philosophe juif André Neher et son épouse, Renée Neher-Bernheim. Les sources juives, dont elle avait, été tenue éloignée, refont surface. Les lettres hébraïques - qu'elle ne sait pas lire - la fascinent : elle trouve, dans ces formes, l'inspiration qu'elle cherchait.
André Neher l'initie aux symboles que la tradition juive attache à chacune de ces lettres, "matériau ayant servi au Créateur à construire le monde". Ses recherches d'expression se développent encore autour "du point et du trait" ; des compositions apparaissent, faites de "papier déchiré" ou de composantes électroniques de l'industrie, savamment ordonnancées. Mais l'essentiel de son oeuvre est désormais axé sur "les lettres", de pierre, de marbre ou de bronze, dont elle cherche à exprimer, au-delà de la forme et de la matière, le message caché... Anna Waisman s'éteint à Paris en 1995.

Expositions personnelles
juin 1971 Centre Culturel Georges Berger - Paris
août 1973 Château de Laversine - Chantilly
avr. 1980 "Lettres et Déchirures"Galerie Saphir - Paris
nov. 1983 Seraphin Gallery - New-York (USA)
mai 1984 J.C.C. Tenafly - New-Jersey (USA)
août à nov.84 Home of Judaïsm, 838 Fifth avenue New-York (USA)
mars à mai 89 Galerie Larousse et Trombetta Neuilly
nov. 1992 dans le cadre de Judéoscope 92, CNIT - Paris la Défense
2001-2002 Exposition rétrospective au Musée Judéo-Alsacien de Bouxwiller

Ventes - Acquisitions
juin 60 Acquisition Commune de Montmartre, devant le 7 rue du Mont-Cenis, Paris
août 73 Acquisition Château de Laversine
oct. 78 Musée de Dimona - Israël
fev. 79 Vente aux Enchères Publiques, Hotel Drouot - Paris
déc. 81 Mémorial de Sarcelles
déc.82 Vente aux Enchères "Solidarité pour la Pologne", Musée d'Art Moderne - Paris
avr. 86 Musée de Dijon, Donation Granville
1990 Synagogue de Genève - Suisse

Titres lauréate
juin 77 Bourse accordée par le Memorial Foundation for Jewish Culture, New-York
mars 80 "Diplôme de la Médaille d'argent" : International Art Exhibition au Coliséum de New-York
1980 Prime artistique de la ville de Paris
déc. 81 Lauréate du concours pour un monument à Sarcelles
avr. 90 Nominée dans le domaine des Arts par les 4J d'Or

 


"Lamed-Vav", les "36 justes" qui portent le monde. Poudre de marbre (60 cm de haut) - exposé au Musée Judéo-Alsacien



"Ness", le miracle. Sculpture évolutive. Poudre de marbre (47 cm de haut) - exposé au Musée Judéo-Alsacien
SCULPTURE PLEINE ET SCULPTURE DÉCHIRÉE
"Le Secret" - 1988
Déchirure blanche (50x65 cm)
Trouer l'air, pénétrer l'espace, c'est déjà le modeler.
Et le modeler c'est ainsi donner forme à l'espace. Ou bien vous faites d'une terre aplatie une « ronde-bosse » qui épouse l'air ou bien vous martelez et ciselez une matière inerte qui paraît impénétrable, la pierre et toute sa grande famille. Ainsi l'on dit vous sculptez en taille directe ou vous modelez peu à peu l'épaisseur de votre inspiration. Je passe sur les transformations successives, que ce soit plâtre, bronze ou cuivre martelé.
Ici l'inspiration est double: elle naît à la fois d'une recherche plastique de la forme en soi et des lettres de l'alphabet hébraïque qui ont en elles-mêmes leur sens profond dépassant le littéral. Seul le sanscrit égale l'hébreu dans la signification intime de chacune de ses lettres.
Voici donc Anna Waisman qui se fait l'épouse de cette double inspiration.
Mais la voilà de plus à la recherche d'une matière autre qui n'appelle pas en général le désir du modelage. Car le pliage d'une cocotte est encore infantile ou si l'on préfère un jeu.
Anna Waisman, elle, soumet le papier aux règles de la sculpture en haut relief. Par ses déchirures calculées, le papier devient spirale ou dentelure et elle n'omet pas le double sens plastique et spirituel que sa main dirige dans la fragilité même de ce matériau. A coup sûr, son adjudant est la lumière qui ombre ou éclaire les intentions que tout sculpteur appelle à l'aide de sa création.
II apparait qu'avec Anna Waisman il y ait, sans artifice, du nouveau dans la sculpture.
Pierre Granville - Janvier 1989

Maquette du Mémorial de Sarcelles
Mais il suffit que ces sculptures d'Anna Waisman soient belles, et elles le sont suprêmement, et qu'elles nous offrent, ce qui est rare dans un art aussi peu ambigu que la sculpture moderne des dernières décennies, matière à penser. A la fois non-figuratives, les sculptures d'Anna Waisman qui s'inspirent de l'alphabet hébraïque se situent, en effet, en dehors du domaine univoque de presque tout l'art moderne pour nous initier à un monde fécond en ambiguités.
Edouard Roditi

"Chéma, l'écoute" - 1992
Poudre de marbre (44 cm)

Ainsi, la sculpture, qui avait toujours exploité l'espace dans laquel elle s'inscrivait en ronde-bosse, se développe ici sur une surface plane où la poésie et la matière s'épousent pour notre étonnement.
Moussia Toulman

Devant ces déchirures, qui symbolisent les désespoirs d'une terre qui tourne à l'envers,les lettres qui évoquent la création et la Bible sont, selon Anna Waisman, un cadeau royal de Dieu.
Léon Abramowicz

L'oeuvre d'Anna Waisman surgit de la matière comme la vie jaillit de l'arbre. A voir ces couleurs et ces rythmes d'un univers tout en esprit et en symboles, on risque d'oublier la lutte souterraine menée par l'artiste à l'affût acharné de moyens plastiques jusqu'ici inconnus.
La mosaïque du corps et de l'âme se recompose soudain, parce qu'elle suit les matrices des lettres hébraïques qu'utilisa le Créateur pour forger le monde. Dès lors, la sensibilité d'Anna Waisman s'épanouit en vibrations qui sont autant d'échos de son âme. En vibrations éblouissantes, la dominante du «Chema !» lance son exigeant appel. « Ecoute! » semble dire chacune de ses toiles. Car la vision d'Anna Waisman entraîne ce qu'il y a de plus mystérieux en nous vers la rencontre bouleversante avec la prière. André Neher


"La Mémoire" - 1985
Eléments de microprocesseurs
(120x80 cm)

"L'Afflux de la parole"
Déchirure
(50x65 cm)

Lire le témoignage de Monette Bohrmann sur Anna Waisman

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