(Villageois juif du bon vieux temps, en promenade de samedi. Type disparu)
 

Alphonse Lévy sait dessiner, il sait construire le bonhomme comme on dit à l'atelier et tout comme un autre il pourrait grossir le nombre des faiseurs de tableaux banals et d'un art convenu qui encombrent davantage tous les ans nos halles d'expositions : Cet art lui fait horreur, l'ornière commune lui répugne, et tant est grande sa conscience artistique, que malgré des déceptions sans nombre que lui a créées son genre spécial, il s'y obstine et s'y obstinera.

Il y a chez Alphonse Lévy du Rembrandt, du Goya, du Teniers, du Van Ostades et, brochant sur 1e tout, Daumier semble lui avoir légué sa facture endiablée et expressive.

Les lithographies qu'il a données depuis peu ne sont-elles pas d'une particulière conception ? La Leçon d'Hébreu pour ne parler que de celle ci n'est-ce point là une œuvre de grande  allure, rappelant les plus vigoureux Daumier ? son Juif à l'oie, ce rabbin de village goguenard et bonhomme inspec-tant une volaille qu'une croyante vient lui faire examiner, inspection en laquelle semble s'émousser toute sa science rabbinique ! n'est-ce point là une trouvaille? voyez l'expression du Rabbin, n'est-elle pas d'un exquis comique, et comme tout dans cette scène est fin sans virulence, drôle sans méchanceté, ah ! croyez-moi c'est bien là un art et une formule sains et personnels.

 
Juifs d'Alger dessinés par Alphonse Lévy