A la Lune il se lia avec Gill. De cette liaison et de sa grande admiration pour Daumier il lui est resté cet énergique coup.de crayon avec lequel il nous retrace ses juifs ù Juif il l'est lui-même et combien de fois n'a-t-il pas pris dans notre conversation la défense de sa race, mais avec cette restriction que le juif ne l'intéresse qu'autant que celui-ci reste véritablement pieux, véritablement simple et honnête. Lui-même de sa race n'a gardé que la vaillance pour la lutte, une inébranlable ténacité dans la poursuite de son idéal et le désir de se faire comprendre.

Ah ! il n'est pas juif autrement ce dessinateur sans esprit de lucre, qui pourvu et armé de toutes pièces, eut pu, lui aussi, trouver dans le négoce la fortune réservée à la plupart des siens, il ne l'a point voulu, il a visé a mieux, et plus élevé.

 

Alphonse Lévy est d'origine alsacienne. Fils de parents aisés, son éducation a été soignée, son Instruction complétée ; entouré dès son enfance des modèles qu'il nous dépeint évoluant pendant sa prime jeunesse dans l'atmosphère familiale des mœurs antiques juives, son cerveau s'est imprégné de ces images et les œuvres qu'il a produites depuis, sont plutôt des souvenirs, des reconstitutions, que d'actuelles et modernes images.

L'œuvre d'Alphonse Lévy est déjà considérable. Outre les dessins semés dans les périodiques, outre ces belles illustrations des Contes juifs de la Vie juive on lui doit des toiles remarquables et de très beaux portraits. La façon de faire de cet artiste est étrangement originale et paraît être constituée comme d'un amalgame des maîtres anciens, sans pour cela ressembler à aucun.