A PROPOS
de l'Oeuvre d'Alphonse LÉVY


Portrait du peintre ALPHONSE LÉVY

Diverses personnes m'ont quelquefois fait l'honneur de me demander si je n'étais pas Israélite, peut-être est-ce à cause d'un nom qui est assez fréquemment porté par des personnes de cette religion.

J'ai dû toutes les fois répondre que je n'étais point juif, et que même si je n'étais profondément catholique d'éducation première et porté par mes études actuelles

 

à ressentir une admiration toujours plus vive et plus tendre pour les œuvres de l'art chrétien, ce n'est point Israélite que je voudrais être ; sans qu'il entrât dans cette réponse un sentiment d'hostilité.

J'eusse préféré une des religions de l'Inde, et je regrette souvent aussi que l'on n'ait plus le loisir de pratiquer celle de l'antiquité grecque. On le voit, je n'ai aucune qualité pour parler de la vie juive et des images qui la retracent ; je n'ai là-dessus aucune espèce d'idée ; car il -ne suffit pas de ressentir une particulière estime pour trois ou quatre amis Israélites des plus distingués, des plus courtois, et des plus riches de talent, et d'avoir visité à plusieurs reprises avec une curiosité passionnée le quartier juif d'Amsterdam où Rembrandt pêcha plus d'un de ses modèles. Ah ! ce quartier grouillant et glapissant, et loqueteux, et grandiosement sordide quel souvenir il laisse et quelle étrange attraction il exerce sur les imaginations éprises de pittoresque ! quel document de pure matière humaine !...

Mais plus j'en dirai, et plus je prouverai que personne ne pouvait plus mal parler que moi et avec plus d'ignorance de 1'œuvre que M. Alphonse Lévy m'a prié avec une insistance qui me rendait confus, de présenter au lecteur de la Plume. Refuser à un artiste aussi convaincu, à un dessinateur aussi sévère, dont chaque crayon et chaque lithographie sont si largement établis, si vigoureusement colorés, si typiques, je ne m'en sentais pas non plus capable. Seulement je m'aperçois que je ne sais que dire que le spectateur ne puisse se dire lui-même.


A. LÉVY. — (Une bonne vieille se délecte le jour du Sabbat dans
la contemplation de ses petits-enfants jouant sur la route du village).