Cette année, 54ème anniversaire de l'Etat d'Israël : nous avons fêté 54 fois le Yom Haatzmaouth, sans compter le jour même de l'indépendance, le jour de la création du nouvel Etat juif.
Si nous jetons un regard sur ces cinquante-cinq jours de l'Indépendance, nous nous apercevons que nos réactions profondes ont changé bien des fois, et qu'il est difficile, sinon impossible de vivre cette journée sans avouer que bien des choses ont évolué… et avec elles notre rencontre avec cette date du 5 iyar.
Revenons en arrière.
4 iyar 1948 (5708). On danse dans les rues d'Israël… et je suis dans la maison d'enfants de l'OSE à Versailles… nous dansons dans le jardin. Mais j'ai le cœur gros, car j'aimerais être en Israël, participer à l'édification de l'Etat juif… une fiancée ne peut partir… lui, il se doit à la communauté juive de France. Et je me souviens de cette déclaration étrange de mon père, juif profondément alsacien et orthodoxe, donc pas spécialement sioniste : "Ah ! si j'étais jeune, je partirais tout de suite !!!"
A partir de là, nous célébrions chaque année le Yom Haatzmaouth en signe de reconnaissance du miracle de la renaissance d'un Etat juif, après deux mille ans. Mon mari (1) a mis quelque temps à instituer une commémoration officielle dans la grande synagogue de Strasbourg. Il rencontra une certaine difficulté, des hésitations et même des oppositions. Il commença par un office au Mercaz, l'oratoire des jeunes. De plus en plus d'adultes y participèrent, chaque année. C'est alors qu'il décida de créer un office solennel à la Synagogue de la Paix, avec la lecture du Hallel, le tout se terminant par le chant du psaume Shir Hamaaloth sur l'air de la Hatikva (2).
Aussi incompréhensible que cela puisse paraître aujourd'hui, il n'avait pas l'approbation de la communauté entière comme aujourd'hui.
L'école Aquiba fonctionnait le Yom Haatzmaouth, et je me souviens d'une année où je suis allée faire un cours sur la création de l'Etat d'Israël, et l'anniversaire de cet événement important… parce que personne n'était prêt à le faire !
Une importante évolution a fait qu'aujourd'hui le Juif alsacien se sent très profondément concerné par Israël… et le Yom Haatzmaouth fait partie de son calendrier juif.
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Et je me demande alors, au jour de l'anniversaire de l'Etat d'Israël : qu'avons-nous fait pour en arriver à la situation où nous nous trouvons ? Je crois en l'Etat d'Israël en tant qu'Etat juif, qui a su se baser sur les valeurs juives de notre tradition. Avons-nous su réaliser, au moins partiellement, cet idéal ? Au moment de la création, avons-nous fondé un Etat comme les autres (comme l'a exprimé - même si ce fut d'une façon sarcastique - Ben Gourion ?)… Cela ne semble pas correspondre à ce que nous pouvons lire dans la fameuse Déclaration d'Indépendance en 1948.
Je suppose que cette année, tous les Israéliens, mettons presque tous les Israéliens, éprouveront un certain malaise et se poseront des questions. Pas toutes les mêmes bien sûr, chacun fait son choix selon ses convictions personnelles, mais l'essentiel serait de permettre à chacun de s'exprimer dans le respect de l'autre. Ce 54ème Yom Haatzmaouth sera-il celui de la réflexion, d'une profonde analyse de ce que nous avons fait et peut-être de ce que nous aurions dû faire ?
Vous entendez le SHIR HAMAALOTH chanté sur l'air de la HATIKVA (l'hymne national israélien) par Michel HEYMANN. Il est de coutume, dans le synagogues alsacienne, de chanter ainsi ce psaume lors de l'office célébré à l'occasion du Jour de l'Indépendance d'Israël.
2. Hatikva (L'espoir) : hymne national de l'Etat d'Israël. Retour au texte
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