Hanouka : suite et fin
par Yochanan Cohen-Yashar
Jean-Georges Kahn

L’histoire de Hanouka a bien commencé mais elle s’est terminée par une épouvantable catastrophe. L’Etat d’Israël actuel, après soixante années d’indépendance, se doit de réviser sa leçon à ce sujet.

Résumons d’abord les faits.
Au cours de l’histoire, des origines à nos jours, le Pays d’Israël a été incorporé de gré ou de force à de grands empires pendant de très longues périodes, dont la durée excède largement les ères d’indépendance. L’histoire de Hanouka inaugure une telle période exceptionnelle, mais elle s’est terminée au bout de 78 ans avec la conquête romaine.

L’histoire de Hanouka se place à l’époque hellénistique. Alexandre le Grand a conquis l’empire perse, dont la Judée faisait partie, et, après sa mort en -323, ses généraux se sont partagé son empire. Ils ont hellénisé tout le Moyen Orient.

  • 167 - 164, grande persécution des Juifs et révolte du prêtre Matitiahou puis de ses fils, les Maccabées, Juda et ses frères.
  • 164, le 25 kislev, Hanouka, purification du temple et dédicace.
  • 141, après de nombreuses péripéties et de sanglantes batailles, indépendance complète sous Simon, le dernier représentant des frères Maccabées.
  • 134, Simon assassiné par son gendre (un non juif).
  • 134 - 104, Jean Hyrcan (Yochanan Cohen Gadol), Grand Prêtre.
  • 104 - 103, Aristobule, prend le titre de roi (cumul des fonctions, roi et Grand Prêtre). Assassine son frère et sa mère.
  • 103 - 76, Alexandre Jannée (Yanaï).
  • 76 - 67, Salomé Alexandra (Shlomtsion ha-malka)
  • 67 - 63, guerre civile entre les deux fils de la reine, y compris un siège de Jérusalem. Au cours des opérations, on introduisit un cochon dans le Temple.
  • Été -63, Pompée prend Jérusalem sans détruire le Temple, mais il mit fin à l’indépendance du royaume

De la conquête romaine à l’invasion arabe en 635, la Palestine resta dans l’orbite de l’Empire Romain et Byzantin. Le roi Hérode, qui régna de -37 à -4 exerça son pouvoir sous la tutelle romaine.

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les Juifs de l’époque hellénistique et romaine n’ont pas su gérer leur indépendance. La question est de savoir pourquoi.

On peut dire que cette évolution était inéluctable, car la Palestine était coincée entre les grands empires en conflit, les royaumes hellénistiques puis l’Empire Romain. Mais une saine gestion aurait pu éviter au Peuple Juif les catastrophes de cette époque, même s’il fallait se soumettre aux conditions des grandes puissances. D’après le début des Pirqué Avot, des sages juifs de haute volée ont enseigné la Tora à cette époque. Le plus célèbre d’entre eux était Hillel. Malgré la présence de ces sages, les dirigeant du peuple, particulièrement les descendants des Maccabées, se sont souvent distingués par un comportement odieux.

L’écrivain israélien Moshé Shamir a dépeint la vie du roi Yanaï dans une biographie de grande valeur littéraire sans concessions légendaires (Un roi en chair et en os). L’historien Joseph Klausner a déclaré que Moshé Shamir exagérait dans son pessimisme, mais des documents authentiques trouvés parmi les manuscrits de la mer Morte (Qumeran) ont permis de trancher et de confirmer la triste vérité. (*).

En allumant les bougies de Hanouka, nous devons conserver la mémoire de tous ces épisodes tragiques. La situation générale du monde est bien différente aujourd’hui, mais une chose reste sûre : seule une société saine du point de vue spirituel et social dirigée par des hommes honnêtes, courageux et désintéressés peut nous éviter de retomber dans les ornières des erreurs du passé. Hanouka, de nos jours, c’est une lueur d’espoir qu’il faut à tout prix protéger.


(*) Hanan Eshel, Les manuscrits de Qumran et le royaume des Hasmonéens, Jérusalem, Yad Ben-Zvi, 2004 (en hébreu)


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