Les anciens EI en Israël
par Eliezer SHAVIT


Les Anciens EI (Eclaireurs Eclaireuses Israélites de France) ont , dans le fond toujours existé en Israël puisque Castor et Chameau y sont montés avant même la création de l'Etat. Quant au garîn (noyau) de Newe Ilan , disons qu'il était fait de vrais pionniers : rien à voir avec les anciens EI . Pour faire court, il y avait pendant de longues années ce qu'on a appelé un organe de liaison pour garder un certain contact avec les anciens EI immigrants, et dans certains cas venir à leur aide.

Je me souviens du Yom Hatzmaouth 1967. Pivert ( Denise Gamzon) avait organisé avec l'organe de liaison une grande ballade en .. autobus qui débouchait sur le grand parc d'Ashkalon. Il faisait une chaleur torride. En se quittant, on s'était mutuellement souhaité de se revoir très vite …après la guerre !! On ne voulait pourtant pas y croire

Aujourd'hui, les anciens EI en Israël sont devenus une organisation qui fait bien les choses, grâce surtout aux jeunes retraités venus, pour beaucoup, rejoindre leurs enfants. Et comme c'est le cas dans de nombreuses organisations , si nombreuses qu'on sait pas toujours quoi choisir, les Anciens EI organisent des Shabatoth "ensemble". La formule est la même partout, qu'il s'agisse de la synagogue de tel quartier ou des universitaires de Bar Ilan. On cherche un hôtel, des conférenciers, les meilleurs prix ; " on " c'est-à-dire les dévoués du Shabath ensemble Pour les anciens EI, il y a toujours le "minimum commun" qui est vite devenu le "maximum commun" ; les offices et les cours d'abord et pour ne pas faire de la peine, la nostalgie le demande, des offices , certains ahkenazes, certains seferades. La recette est bonne et le public est content de se voir et revoir. Et j'en fais partie.

Et comme les pièces à conviction ne sont pas exigées à l'entrée, tout un chacun peut se faire passer pour ancien EI. On pourrait pourtant, pour preuve d' "Eisme" faire chanter à chaque candidat un chant EI pur et dur, car les places à ces Shabatoth sont fort demandées.



Flamants roses de la vallée de Beit Shéan
Photo extraite du livre de Chameau,
Paisible Israël
Pour avoir participé pour la première fois à un Shavouoth plus Shabath ensemble , je dois avouer que la recette est bonne. On voit des anciens EI plus âgés que soi, alertes et des plus jeunes, ancien EI fils ou fille d'anciens EI parler , chanter , écouter, le tout dans une ambiance bien française et scoute ; enfin, il ne faut pas exagérer !

Il semble donc que le fait de se retrouver " ensemble" pour des activités communes correspond à un besoin qu'on ne soupçonnait pas et qui touche aussi les vétérans en Israël. Les anciens EI ont de l'avenir . Il y aura toujours, du moins on l'espère, de jeunes retraités qui monteront , et qui auront du mal à parler hébreu ou de le comprendre bien et de l'autre côté il y aura aussi et toujours de vieux israéliens de culture française nostalgiques de leur passé .
Certes on parlera de moins en moins de Castor ou de Chameau : par la force des choses et du temps qui passe. L'enseignement de Manitou, lui, continuera, certainement à être propagé au nom de l'étude.

Dans le fond , les Anciens EI ont droit aussi à la différence dont on parle tant. Il fallait y penser. Espérons que les Anciens EI auront toujours à leur tête des dirigeants dévoués et capables comme c'est le cas aujourd'hui. Merci à eux

Association des Anciens E.I. en Israël
80 derekh Beth Lehem 98630 Jérusalem
(Centre Frankforter)

Renseignements :
Evelyne Askénazi  : tél. 02 6761697
Jacqueline Picard   : tél. 02 6731375

 

Histoires d'alya : bonnes ou moins bonnes surprises
par Eliezer Shavit

Israël d'avant la guerre des six jours vivait quelque peu au ralenti.
la crise économique était là ; l'alya semblait tarie : le camp d'Arenas, "enclave israelienne" à Marseille fermait ses portes en 1965 faute d'olim.

Quant à l'alya française, elle continuait selon son rythme de croissance habituel : lentement. En arrivant dans notre nouveau quartier situé à la sortie de Ramat Gan , on découvrit que la langue dominante était le roumain suivi de l'espagnol et enfin l'américain mais à peine !, sans exclure quand même l'hébreu. Malgré tout les juifs américains repartirent aux USA , malgré leurs contrats signés à l'avance leur assurant de très bonnes conditions ! Couverts de tous les coté : appartement, emploi assuré voyage payé. Les femmes déprimaient. Au travail le phénomène roumain perdura ! difficile ainsi d'apprendre l'hébreu.

Quant au français, dans notre quartier il n'existait pas. Pourtant, un jour on entendit dans notre immeuble une voix à l'accent marocain et avec le temps une autre voix à l'accent d'Alger, puis deux : des voix qui s'accordèrent aux nôtres jusqu'à ce jour.
Les portes des autochtones restaient fermées! Pendant sept années on alla avec une grande assiduité à la synagogue de Ramat Hen : un ensemble de villas, à la limite de notre espace habituel Le jour où j' ai demandé à parler au rabbin, celui ci me demanda, tout simplement, si j'étais un habitué des lieux !! Ni vu ni connu.

Marthe et Georges Schwarzfuchs
Il y eut pourtant de bonnes surprises : Ainsi j'appris assez vite que l'administrateur de service , le gabe de cette schoule Mr Nordmann ,venu de Bale était le mari d'une Rein de Mulhouse, Paulette et de là une merveilleuse rencontre celle de Mm Yvonne Nerson sa soeur, la veuve de l'auteur de la Hagada commentée : le docteur Robert Nerson .
Le professeur André Neher a écrit une émouvante préface pour son ami, pour cet homme de tous les combats, mort si jeune Ils étaient montés en 1947, le lendemain de la déclaration d'Indépendance. Installé à Pardèss Hanna il fut connu pour son dévouement à toutes épreuves pour ses malades.
Mme Nerson savait ouvrir ses portes avec beaucoup de chaleur et de gentillesse..

C'est vrai aussi qu'à cette époque là on nous posait souvent la question pourquoi étions nous montés ? Même dans le kibboutz de nos débuts dans le sud du pays A tel point que nous répondions automatiquement, pour faire bref,"à cause de l'antisémitisme ou de l'éducation des enfants!"
Avec le temps on fit d'autres connaissances : en 1965 celle de M. et Mme Schwarzfuchs, lui le rabbin du camp d'Eranas. Ils auraient pu rejoindre leur fille à Paris. Ils choisirent de monter en Israël pour rejoindre leurs fils Gérard monté en 1944 par le passage risqué des Pyrénées et le rabbin Simon Schwarzfuchs !
Cette alya discrète est un exemple de réussite ou plutôt un exemple des effets réunis de la volonté et de la bonne volonté de l'autre.
La volonté d'abord: Mme Schwarzfuchs décida d'agir, comme toujours : elle créa une caisse de soutien aux démunis Sans relâche elle alla, d'un pas rapide, solitaire, voir les gens du quartier, les solliciter pour la bonne cause.
La bonne volonté : le Rav Schwarzfuchs fut accueilli, à bras ouverts, dans une schoule du quartier, à contre courant des habitudes. On lui donna une place d'honneur face aux fidèles au même niveau que le Rav Nahoum Cohen Kook. On lui confia un cours le Shabath après midi ! Agé déjà , courbé, marchant appuyé sur une canne , l'ancien ministre officiant de Bischeim avait trouvé sa place.

Aujourd'hui , on parle beaucoup français en Israël , surtout dans certains endroits privilégiés. On est loin du temps où un appelé à la Thorah , au début de la guerre d'Indépendance soulevait un tollé d'indignation en voulant "shnorer" pour la Haganah. C'était à Colmar mais cela aurait pu se passer ailleurs !

Aujourd'hui les anciens Colmariens sont nombreux en Israël entre autres.
Le russe a remplacé le roumain
Et "les Alsaciens" se réunissent à Jérusalem, à Rosh Hashana pour prier selon leur rite séculaire.


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