NOCTUEL révèle en exclusivité :
Enfin un Repreneur pour la
Communauté Israélite de Strasbourg !


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On disait la Communauté Israélite de Strasbourg au plus mal. Fréquentation réduite de la Synagogue de la Paix, rentrée défaillante des cotisations, dons de plus en plus rares et modestes, cette désaffection des membres d’une des plus brillantes collectivités du judaïsme français avait abouti à une trésorerie si désastreuse qu’il était devenu un problème pour les administrateurs de financer ne fût-ce qu'un modeste kidoush rassis.
De toute évidence, la situation ne pouvait se prolonger. Que faire ?

La première idée, celle qui vint tout naturellement à nos maîtres spirituels, fut d‘avoir recours à un remède éprouvé d’une thérapie philosophique ancestrale : prier. Hélas ! en dépit de son caractère séduisant et peu onéreux, cette solution se révéla vite irréaliste en raison de l’absentéisme chronique. En effet que se passerait-il si l’on ne réussissait pas à réunir un minyan ? Que penserait on de nous en Haut Lieu ?

Alors ? devait-on se résigner à voir la C.I.S. connaître le sort de tant d’entreprises profanes en difficulté : le dépôt de bilan avec, sait-on jamais, la délocalisation de ses derniers fidèles vers Adath Israël ou le Kollel ?

syn paixEt la lumière fut grâce à cet autre remède de la thérapie évoquée plus haut : la croyance aux miracles. Tout aussi peu onéreux, il avait en outre l’avantage, dans le cas où il n’opérerait pas, d’exonérer les croyants de la responsabilité de l’échec.

L’unanimité s’étant faite, l’inspiration jaillit aussi, dictant la conduite à tenir : chercher, dans le plus grand secret, un repreneur, ce qui fut fait en mobilisant les prospecteurs les plus éminents de l'Appel Juif Unifié que du KKL. On avait bien songé aussi aux étudiants de certaines yeshivoth locales particulièrement versés dans l’art de trouver des réponses à des questions impossibles mais on s’était résolu à y renoncer craignant que la chose ne mène trop loin.

aussitôt, de partout, discrètement mais bien décidés, les candidats affluèrent.

A commencer par l'Etat d’Israël voyant là une occasion de jeter un pont entre Hekhal Shlomo et la Rue Chopin. Hélas ! un rien fit échouer le projet : le refus du Président Bush de lui apporter sa garantie financière.

Mais d’autres, institutions ou particuliers, prirent aussitôt la relève : ainsi le KKL, arguant que la collecte de fonds avait créé entre la Communauté et lui-même un tronc commun ou Etz Haïm, toute disposée à accueillir sa grande voisine du Contades parmi ses branches.

A noter aussi, ambitieuse, la WIZO Strasbourg pour qui une dame juive ne devait pas se contenter d’être la reine et se taire.

Signalons encore l'Hospice Elisa et le Gan Chalom, en partenariat, que Freddy Raphaël récusa, soutenant que "des confits intergénérationnels risquaient d’induire une béance du consensus paroissial", ou la petite communauté de Quatzenheim se souvenant de ses attaches avec le grand-dath strasbourgeois.

Sans oublier de joyeux fantaisistes comme ces usagers du mikvé s’intitulant "les baignés de Pourim".

Restaient d’innombrables représentants du monde des affaires, dont les commerçants de la Grand’Rue qui proclamèrent "Même si tout doit disparaître, nous sommes pour la reprise", voire, à deux euros de chez nous, le Casino de Baden-Baden.

Ou une grande compagnie financière proposant que le temple consacré à la Paix devienne la Synagogue de la Paix et de l’Allianz.

Ou encore cet industriel du textile porté sur le sponsoring, se déclarant prêt à investir à la seule condition que chaque mitzvah comporte automatiquement un mischeberach pour "Méir ben Nissim Maurice, le roi de la chaussette de l’ Est".

Bref, si nombreux étaient les candidats qu’un président s’exclama :
" Pour s’y retrouver, ça va être la croix et la bannière !"
Ce qui fit intervenir aussitôt un des grands-rabbins :
"Vous vouliez sans doute dire qu’on n’est pas sorti de la garkich…"

Et, après tris et éliminations, le sauveur, enfin, arriva.

Devant la Commission Administrative et le Consistoire réunis conjointement, après avoir souhaité rester anonyme, il déclara calmement :
"Pour que la Communauté ne prenne plus l’eau, il suffit de la couvrir. Rien de plus simple : vous, vous commandez les tuiles, et moi je règle l’ardoise."
L’auditoire crut ne pas avoir entendu.
- Mais alors, se hasarda à demander quelqu’un, seriez-vous un mécène ?
- Peut-être, répondit le quidam, et pendant que j’y suis, pour que votre schule ne fasse plus parente pauvre à côté de Rambam, je vous en offre aussi le ravalement.

On assista alors à un spectacle étonnant. Surmontant leur déception de s’être fait damer le pion, plusieurs notables qui songeaient depuis longtemps à financer cette opération mêlèrent leurs applaudissements à la standing ovation prolongée qui fit trembler la salle.

Le calme revenu, un président s’aventura : "Et vos conditions ?"
La réponse fut nette.
Je ne demande pas un centime d’euro, ni un honneur. Tout ce que je souhaite, c’est que la nouvelle C.I.S. applique ce programme en 4 points :
  1. Une carte de fidélité enregistrant tous les dons faits par les fidèles appelés à la Torah leur attribuera un nombre de points proportionnel à leur générosité qui leur pemettra de gagner des mitzvoth supplémentaires.
  2. La bar mitzva ne sera plus à vie mais à points (douze), comme le permis de conduire. A chaque manquement des points seront retirés et quand il n’en restera plus la bar mitzva devra être refaite. (Les filles ne sont pas concernées, la bath mitzva devant demeurer une mitzva bath).
  3. Pour y assister aux offices il ne sera plus nécessaire de s’y rendre, des pouvoirs pouvant être donnés à des participants pour dire "Amen". Chaque coreligionnaire ayant le droit de donner dix pouvoirs il lui sera possible de faire partie d’un minyan sans y être.
  4. Pour poser sa candidature à la Commission Administrative ou au Consistoire, il faudra s’engager à verser à ces organismes, tant qu’on en fera partie, 18% de ses revenus.
En entendant ces propositions les décideurs présents, eurent des réactions diverses, l’un d’eux allant jusqu’à demander au "repreneur" s’il ne serait pas "un peu sefarad".

Les autres, plus ou moins enthousiastes, songèrent aux difficultés à appliquer les réformes. Qui pouvait savoir, par exemple, si, pour s’y opposer, les jeunes vétérans du Mercaz n’useraient pas de leur droit de ghetto ?

Aussi, à l’unanimité, fut-il décidé d’y réfléchir.
Mais en est-il encore temps ?
 

NOCTUEL
Pourim 5764 -2004

 

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