YECHOUROUN
par André Franck


Brunschwig
le Rabbin Brunschwig,
fondateur de Yechouroun



Théo et Edith Klein
Yechouroun fut fondé en 1926 par des membres de la Communauté Orthodoxe de Strasbourg, la Kagueneck, sous l'autorité du Rabbin Brunschwig za"l . Il s'agissait au début d'une association sportive organisant des excursions, des sorties matinales, des match de football. Mais sous l'impulsion du regretté Bô Cohn, Yechouroun devint rapidement un mouvement éducatif. Déjà avant la deuxième guerre mondiale avaient été organisées des colonies de vacances en Alsace, entre autre le camp de jeunes filles à Fouday et le camp de garçons au Schaferth en 1938, ainsi que des camps de formation de moniteurs.

Pendant la guerre, Yechouroun a continué à organiser des camps d'été. Cette décision fut prise par une équipe de jeunes strasbourgeois : Bo Cohn, Marc Breuer, Théo, Paul et Mady Klein et Jeannette Ackerman. Le camp de Montintin, près de Limoges, a rassemblé des jeunes souvent isolés qui n'avaient que très peu de connaissances juives et qui ont participé avec enthousiasme et sont revenus enrichis chacun chez soi. En 1942, pendant le camp d'été d'Ussac, certains des parents d'enfants ont été déportés et la colonie a fonctionné en conséquence pendant un certain temps comme maison d'hébergement.


Camp de Montintin 1941


Colonie de l'OSE à Montintin - 1941

Ussac - 1942

Camp d'été de Ussac - 1942

Pendant la guerre et quelques années suivantes, l'activité éducative de Yechouroun s'est prolongée par la diffusion de cours de culture juive par correspondance, afin de faire parvenir des sujets d'études jusqu'au sein des foyers isolés et dispersés dans toute la France. La rédaction de ces feuillets polycopiés était assumée principalement par Bo Cohn, Théo Klein, Paul Klein, Beno Gross, Marc Breuer et d'autres.

Tout de suite la fin de la guerre, il fut décidé d'organiser des camps de formation d'hiver à Taverny et à Ambloy avec des adolescents rescapés du camp de Buchenwald et des enfants qui avaient vécu cachés ou dont les parents avaient été déportés. Un des premiers camps d'été d'après guerre, à St-Hilaire a été destiné à des filles sans famille.
Ensuite, les colonies de vacances et les camps d'été sont devenus une tradition annuelle sous la direction en général de Théo et Edith Klein. Bo Cohn se consacrant dorénavant davantage à l'OSE (Oeuvre de Secours Aux Enfants). Ils comptaient en général deux sessions d'un mois chacun et se déroulaient en montagne dans les Vosges ou dans les Alpes. Successivement, on peut citer les noms d'endroits de Moosch, Blanchefasse, Sillacker, St-Pierre de Chartreuse, Argentières, Cervières, Servoz, Soultz,..... En 1956 et 1960, Théo et Edith Klein ont aussi dirigé un voyage d'étude et prospection en Israël.

Les sessions des colonies étaient organisées en camp de filles et de garçons. Le but de la colonie n'était pas uniquement de permettre aux jeunes de passer des vacances agréables correspondant à leur conscience religieuse, mais également d'entretenir ou de compléter leurs connaissances juives : chaque matin une heure de cours, des Oneg Shabath avec un jeu de Quitte ou Double sur la Sidra, causeries, etc..
La direction et l'encadrement était assurée de façon bénévole. L'atmosphère familiale a créédes liens et des amitiés qui se sont maintenues jusqu'aujourd'hui.

Camp de 1961
Le mouvement Yechouroun poursuivait ses activités tout au long de l'année dans différentes villes de France particulièrement à Paris, à Strasbourg sous l'impulsion de Lolo Muller, à Lyon sous la direction de Marc Breuer et de Lucien Lazare. L'impact de Théo et Edith Klein qui séjournaient à Colmar débordait le cadre de Yechouroun, leur rayonnement atteignant l'ensemble des jeunes qui étaient regroupés au sein de la J.J.C. (Jeunesse Juive de Colmar).

En 1972, Théo et Edith Klein confient la responsabilité de la direction de Yechouroun à Henri et Liliane Ackerman.

Idéologie du Yechouroun

L'idéologie du Mouvement était fondée sur la doctrine de Rav S.R. Hirsch (1808-88), le chef de la "nouvelle orthodoxie juive" : Thora im Dérekh Eretz (la Torah et l'ouverture au monde). Cela signifie que ses membres sont tenus d'étudier le judaïsme, tout en poursuivant des études universitaires ou une carrière professionnelle.
Jeschurun (id.e. Yechouroun, un des surnoms du peuple d'Israël) étaient le nom du journal fondé et édité par le Rav S.R. Hirsch pour lutter contre la réforme religieuse.

En Alsace, les moniteurs accomplissaient généralement une ou deux années d'études en yeshiva (à Montreux en Suisse ou au Mercaz Harav en Israël) avant de revenir encadrer les groupes de jeunes ; les monitrices avaient étudié pour la plupart à l'école religieuse de Gateshead en Angleterre. Tous les cadres étaient donc capable de donner des cours aux jeunes, et dans les colonies de vacances, la journée commençait toujours par une heure d'études juives.

Les colonies étaient mixtes, mais filles et garçons avaient des activités séparées. L'accent était mis sur le respect scrupuleux de la Loi juive, et bien des jeunes, qui fréquentaient le Mouvement des Eclaireurs pendant l'année, préféraient participer aux camps d'été du Yeshouroun, plus conformes à leur conception du judaïsme.

Le Rabbin Robert Brunschwig était le fondateur et le père spirituel du Mouvement."Agoudiste" convaincu, il prit part à la troisième Knessia Guedolah (grande assemblée) de l'Agoudath Yisraël en 1937, dont il revint enthousiasmé par ses contacts avec les Guedolim (grands rabbins, savants). Sur ses conseils, Yechouroun devait adhérer à l'Agoudat Yisraël jusqu'en 1940. Cette intégration était pour lui une garantie pour sa stabilité religieuse. En fait, l'idéologie du Mouvement était alignée sur celle des Poalei Agoudat Yisraël, bien qu'il ne se soit jamais rallié explicitement à ce parti. On n'y prêchait aucune idée politique, ni même le sionisme (quoiqu'un grand nombre de ses cadres et de ses membres sont montés en Israël), mais seulement une stricte observance du judaïsme.

Après la seconde guerre mondiale, le Mouvement s'est étendu à d'autres villes de France, et a pris une orientation qui se tournait davantage vers l'engagement dans le service social. Les camps, qui duraient deux mois auparavant, se sont réduits progressivement jusqu'à trois semaines. Il est encore très actif aujourd'hui.


Camp de 1961

Les monitrices du camp de Saint-Sorlin, 1962

Camp de Soultz, 1964

Devant la synagogue de Soultz, 1964

© A . S . I . J . A .