Un bilan (*) établi en 1912 pour
les années comptables 1909, 1910 et 1911, concernant l’Ecole
Israélite du Travail de Strasbourg, comporte des éléments
particulièrement intéressants sur les apports et les dons enregistrés
ainsi que sur le fonctionnement en lui-même de l’école.
Les circonstances de certains de ces apports, en dehors du soutien en lui-même,
sont très divers, la plupart sont fait en souvenir de défunts
proches, de naissances, de bar-mitzwoth, de bat-mitzwoth,
de fiançailles, de mariages, de noces d’or ou d’argent
ou encore d’anniversaires. D’autres sont le résultats de
collectes ou d’initiatives personnelles consécutives à
des guérisons, à des décorations ou à la vente
de places dans une synagogue. D’autres circonstances concernent des
manifestations sportives, des bals de bienfaisance, des fêtes de famille,
des récompenses pour les meilleurs élèves, des réussites
aux examens, une dissolution d’association ou encore des soirées
dites “Adieu de garçon” organisées par un club ou
par le futur marié lui-même.
Certaines souscriptions proviennent des Etats-Unis ou d’Amérique latine et souvent l'origine alsacienne est indiquée. Ainsi par exemple à New-York, Max ACKER, tapissier, est originaire de Lembach, Alexandre GAUDIO, mécanicien, de Strasbourg, Lazare et Léopold BADER, boulangers, de Dambach ainsi que Paul BADER, graveur et ancien élève de l’école, Emmanuel DREYFUSS de Westhouse, Heymann HELLER, décorateur et ancien élève, de Ingwiller, E. HEMMENDINGER de Marckolsheim, ou encore Léonard WEILL, sellier, de Hatten et Henri WOLF, graveur sur bois, de Eckwersheim et ancien élève de l’école. A Cincinnati, de nombreuses familles sont originaires d’Ingwiller comme les EICHEL, les ERSTEIN, les GEISMAR, les JOSEPH, les KAHN, les LAZARUS, les LEMMEL, les LIEWER, les NETTER, les SCHWAB, les UHRY ou les MEISS, d’autres sont de Saverne comme les WEIL, Emile, Henry et Isidore. A Buenos Aires on trouve notamment des familles de Wittersheim, Dutlenheim et de Hatten. A Manaos des familles d’Ingwiller, Bouxwiller et Marmoutier. Des donateurs sont également répertoriés à Para, Indianapolis, Brooklyn, Easton, New-Orléans, Princeton, San-Paulo et Tacoma.
Les autres dons sont divers et ceux qui ont été fait à
la synagogue de Strasbourg témoignent de la générosité
fidèle des strasbourgeois et de celle des personnes de passage (Bruxelles,
Paris, Belfort, Metz). Quant aux dons en nature, ils reflètent les
habitudes domestiques de l’époque puisqu’il s’agit
le plus souvent de : madeleines, saucisses, vin, petit pains au lait pour
Rosh Hashana, livres pour la bibliothèque, biscuits, bière,
billets pour une exposition, saucisses à frire ou viennoises, dessert
pour vendredi soir, participation à une sortie de l’école,
lulavim et ethrogim pour la fête de Soukoth, oranges
et viennoiserie pour Hanouka, cervelats, pommes de terre, cours de dessin,
kugelhopfs, pommes reinette, œufs ou encore de gâteaux spéciaux
pour Rosh Hashana.
Le conseil d’administration, en 1912, était présidé par Isidore GENTZBOURGER, qui était aussi Président du Consistoire Israélite de Basse-Alsace, et son comité comprenait Adolphe URY, grand rabbin, Karl ADLER, Léon FEIST, Edmond FOREST, Hippolyte GROMBACH, Alfred LOEWE, Dr Georg SCHMOLL, Fernand SCHWARTZ et le Professeur Georges WEILL. Le directeur était Jules PICARD et les professeurs MM J. PICARD, V. DITZ, E. MALSCH et J. ARNOLD.
Ce rapport constitue ainsi une source de renseignements appréciables puisqu’il dévoile des aspects méconnus de cet établissement dans son environnement alsacien et en particulier au niveau de l’importance des communautés juives concernées. C’était deux ans avant la première guerre mondiale et l’Alsace était allemande. De toute façon cette école qui préfigurait en quelque sorte la future école ORT a permis a de nombreux jeunes d’apprendre un métier à une époque où une telle entreprise n’était pas aisée étant donné que les possibilités offertes étaient particulièrement limitées.
* Ce document a été découvert par M. Gérard SALOMON de Dettwiller, qu’il en soit sincèrement remercié Retour au texte.
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