Afflux de Juifs séfarades
en France entre 1956 et 1967
et Repères Historiques

600 000 Juifs Français !
Comment a-t-on pu établir cette donnée alors que le recensement en France ne prend pas en compte l’appartenance ethnique ou religieuse ?
Deux sociologues, Doris Bensimon (CNRS) et S. Della Pergola (Université de Jérusalem) ont dirigé une enquête publiée en 1986 : La population juive en France: socio-démographie et identité (The institute of Contemporary Jewry / CNRS), et enregistré comme juifs ceux qui se déclaraient comme tels : 535 000 au début des années 80.
La moitié de cette population est Sépharade, 34% sont Ashkénazes, 16% ne se réclament d’aucune de ces deux catégories.
Ces chiffres réactualisés à partir de données démographiques évaluent la population française juive vivant actuellement en France à 600 000 personnes.

...Collectivité transformée par l’arrivée en France des Juifs du Maghreb entre 1956 ; indépendance de la Tunisie et du Maroc, 1961 ; victoire amorcée du FLN en Algérie et 1962 , indépendance de l’Algérie. Les départs du pays d’origine ont été davantage provoqués par la crainte d’un avenir incertain que par la persécution proprement dite.

Ces divers mouvements de populations (235 000 au total) empruntèrent des trajectoires diverses : Les juifs de Tunisie se dirigèrent vers la France et Israël, ceux du Maroc principalement vers Israël et le Canada (l’élite choisit la France), et pour ce qui fut de la majorité des juifs d’Algérie, c’est en métropole qu’elle se fixa, accomplissant ainsi le processus de francisation opéré en Algérie.

Par ailleurs, en 1956, sept mille réfugiés parmi les plus francisés de la communauté juive Egyptienne arrivèrent en France à la suite des tensions entre Arabes et juifs en Egypte occasionnées par la Campagne de Suez (Action conjointe d’Israël avec la France et la Grande-Bretagne pour contrer Nasser qui avait décidé la nationalisation du Canal de Suez en 1956, action qui s’avéra être un succès militaire mais un échec diplomatique car Paris et Londres se virent contraints par les Etats-Unis et l’URSS d’évacuer la région du Canal).

Les populations sépharades nouvellement venues en France s’investirent dans les métiers tenus dans le passé par les réfugiés ashkénazes d’Europe centrale et de l’Est. Entre 1880 et 1930, prés de 200 000 juifs réfugiés - pauvres pour la plupart et attachés, pour les débuts, au maintien des traditions - étaient arrivés en France pour se fixer principalement à Paris. Les Quartiers de Belleville et du Marais, "le Sentier" , se virent repeuplés de juifs nord-africains qui prirent la suite des juifs de l’Europe de l’Est, lesquels avaient succédé aux juifs ottomans dans la pratique et le commerce traditionnels de la confection.

Ces nouveaux arrivants imprimèrent dans la communauté dynamisme, vitalité et nouvelles valeurs religieuses, celles qui ne se limitaient plus seulement à la vie privée mais s’étendaient à la sphère sociale. Ce judaïsme rompit avec la politique d’avant guerre de réserve et exprima une visibilité politique collective religieuse et culturelle dans la cité. Synagogues et Centres communautaires, restaurants et commerces "Cacher" virent le jour.

1967 : La guerre des six jours renforça le sentiment de solidarité et d’allégeance des juifs avec Israël et entre eux, suscita par ricochet un courant d’opinion favorable dans les milieux non-juifs. La société juive se sentit intégrée en France. Cependant... la déclaration de De Gaulle (conférence de presse 27 Novembre 1967) sur le caractère guerrier de l’Etat d’Israël et sur le peuple juif "sûr de lui et dominateur" inquiéta et réveilla des blessures...
Sources et documentation : Article de E. Benbassa (Directrice
d’études à l’EPHE. ( H.S. trimestriel : les Collections de l’Histoire).
Merci au Pr. Michel Winock ( Histoire Contemporaine à Sciences Po)
de nous avoir fourni ce document.