La Fresque aux Dragons de la rue des Charpentiers à Strasbourg
Robert WEYL - Martine WEYL
Cet article inédit, trouvé parmi les dossiers et les archives de Robert Weyl enrichira et complétera l’article La fresque de la cour du bain des juifs à Strasbourg .- Martine Weyl


La vie des Juifs à Strasbourg au 14ème siècle.

Détail de la fresque fresque. Strasbourg, 20 rue des Charpentiers,
13e siècle. Reproduction polychrome à la gouache par M. Weyl

La vie des Juifs devait s'écouler paisiblement jusqu'à ce 14 février 1349 qui leur fut fatal.
Ils habitaient rue des Juifs, et plus spécialement à l'angle des rues des Juifs et des Charpentiers, où l'on trouvait la synagogue, le bain rituel, la boucherie, la boulangerie. Leurs relations avec les hommes au pouvoir étaient bonnes. Le Magistrat de Strasbourg était entre les mains des patriciens, une haute bourgeoisie qui n'avait rien de commun avec les hobereaux, ni avec la caste des artisans-boutiquiers. Leurs relations étaient celles que l'on a avec un banquier. L'invention de la lettre de change par les banquiers lombards avait facilité la circulation des capitaux, qui échappaient aux risques d'une attaque sur les routes.
Lorsqu'un important pelletier strasbourgeois voulait se rendre à la foire de Leipzig pour y acheter des fourrures russes, il avait le choix : emporter une cassette de gulden avec tous les risques que cela comportait, ou bien se munir auprès d'un banquier juif d'une lettre de change lui permettant de retirer à Leipzig l'argent déposé à Strasbourg. L'opération reposait sur la confiance et la collaboration d'une chaîne de banquiers juifs ou lombards. L'opération était plus rémunératrice pour le banquier que le prêt à un taux usuraire de quelques gulden à un artisan besogneux. Ainsi s'expliquent les liens amicaux tissés entre les patriciens au pouvoir et les Juifs, et la fortune de ces derniers.

Puis vint la Peste noire, une épidémie qui devait en trois ans, faire près de vingt cinq millions de victimes à travers l'Europe. Strasbourg en avait été jusqu'à ce jour épargné mais s'inquiétait pour l'avenir. Une abondante correspondance fut échangée entre les magistrats des villes. Berne accusait les Juifs d'empoisonner les puits. En 1348, 1e pape Clément V avait disculpé les Juifs, dans une bulle où il constatait que là où il y avait des juifs, ils mouraient comme les autres et là où il n'y en avait pas, les chrétiens mouraient pareillement. En 1349 une assemblée fut convoquée à Benfeld, réunissant l'évêque de Strasbourg, des délégués de la noblesse, les magistrats de Strasbourg, Fribourg en Brisgau et de Bâle. Contre l'avis du seul magistrat de Strasbourg, l'assemblée décida l'extermination des Juifs.

Cette décision consterna le magistrat de Strasbourg, qui décida de ne pas l'appliquer. L'Ammeister Peter Schwarber, les deux Stettmeister Conrat von Winterthur zum Engel et Gosse Sturm connaissaient les Juifs et les tenaient pour incapables d'empoisonner les puits. D'autres, comme Rulman Merswin, un riche négociant-banquier de réputation internationale, s'indignent. Devant l'attitude menaçante de quelques artisans, on décide de mettre un certain nombre de Juifs à l'abri dans une maison située au bord de la Bruche, d'où on pourrait les faire évacuer par bateau ( in das unterste Haus an der Breusch namens Stolzenecke. Chronique de Mathias von Neuenburg ).

Pour les corporations, le prétexte pour éliminer le magistrat en exercice était trouvé et l'on pouvait par la même occasion, assouvir sa haine contre les juifs et s'approprier leur fortune. Du dimanche 8 au samedi 14 février devait s'écouler ce que le chroniqueur Jakob von Koenigshoffen devait appeler eine unmuesige Woche au cours de laquelle les émeutiers obtinrent la démission des deux Stettmeister, celle de l'Ammeister, la proclamation d'un nouveau magistrat, sa prestation de serment, la condamnation et l'expulsion de l'ancien Ammeister, enfin la mort dans les flammes sur un bûcher dressé dans le cimetière des juifs que 1'on situe sur l'actuelle place de la République, de tous les juifs qui refuseraient le baptême et la confiscation de leur fortune. Le nouveau magistrat décréta aussi que durant deux cents ans, il n'y aurait plus de juifs à Strasbourg.
Le massacre des juifs n'empêcha pas la peste d’exercer ses ravages à Strasbourg, réduisant sa population de moitié.


Dragons. Image germanique du début du 14ème siècle.
Détail.Oxford, Bodleian Library. Ms. Reggio I, Folio 207,
verso.Dessin à la plume M. Weyl.

 


Dragons. Ma’hzor germanique du début du 14ème siècle.
Détail. Oxford, Bodleian Library. Ms. Reggio I, Folio 159, verso.
Dessin à la plume M. Weyl.

 


Dragon. Calendrier liturgique circulaire à disque mobile.
Castille 1300.Paris B.N. ms. hébr. 20 folio 7 verso p 248.
Détail. Dessin à la plume M. Weyl.

 

Comme après toutes les grandes catastrophes, un marasme économique s’installa. Lorsque six familles juives sollicitèrent vers 1369 la manance à Strasbourg (1), la résolution de ne plus admettre de juifs durant deux cents ans avait été oubliée. Il n'est pas inintéressant de retenir les noms des familles nouvellement admises : Symunt Eliatz sun, Joseph Rosen, Mennelin von Ulm, Löwen von Wesel, Isack von Mollesheim, Mathis von Brisach. Quelques unes de ces familles devaient être fort riches car "der riche Symunt " paya à la ville pour la seule année 1387 la somme considérable de 400 gulden (2). Aussi le comte palatin Ruprecht duc de Bade avait informé le magistrat de Strasbourg que le riche Symond était devenu "son" juif, qu'il dénonçait son droit de manance à Strasbourg réclamant seulement à l'intention de l'épouse et des enfants de Symond "sicheres Geleit" jusqu'à la Saint Jacob (2 novembre 1384) (3). Le même Ruprecht duc de Bade déclarait devoir 15.400 gulden à un certain nombre de juifs de Strasbourg, et principalement à Symon der riche.
(27.1.1385) (4).

Le nombre des juifs de Strasbourg avait atteint 24 familles parmi lesquelles Symont der riche et Josep Rose étaient les plus imposés. Après Ruprecht, duc de Bade, l'infant Juan, le futur roi d'Aragon Juan I souhaita la présence de ces juifs strasbourgeois sur ses terres. Dans un privilège daté de Barcelone du 21 juin 1381 à Juceff Rosa alias vocatus Sosan, judeus de Estraborch de partibus Alamannie, ainsi qu'à Rabi Salamo de Vayso, judeus Parisius, l'Infant invita Joseph Rosen dit Sosan de Strasbourg ainsi que Salomon de Vesoul habitant Paris à venir s'installer sur ses terres, cum familia vestra, ainsi que leurs familles, leur garantissant un certain nombre de privilèges (5). Mais dans les rôles des contributions de la ville de Strasbourg des années 1384 à 1391 Symunt et Josep Rose continuent de figurer (6).

Que se passa-t-il par la suite ? Joseph Rose était mort en 1391 et sa veuve continuait à être imposée sur la même base que son mari, 140 gulden l'an. Les pièces comptables conservées aux Archives municipales sont incomplètes de sorte qu'il n'est pas possible de savoir quand les Juifs furent expulsés de Strasbourg. Koenigshoffen situe l'évènement en 1388, ce qui est manifestement inexact. Il est probable que les gros contribuables juifs, Symunt et la veuve Rose, avaient quitté Strasbourg après 1391, de sorte que le magistrat, par dépit, expulsa les autres juifs financièrement peu intéressants, confisquant au surplus leurs biens. C'est ainsi que l'on conserva jusqu'en 1870 à la Bibliothèque municipale quelques rouleaux de la Torah ainsi que d'autres livres confisqués aux juifs. Ils disparurent dans l'incendie de la bibliothèque sous les bombes allemandes.

Ce bref historique nous aura montré que tout au long du 14ème siècle il y eut une présence juive à Strasbourg, sauf entre 1349 et 1369. Que les fresques de la rue des Charpentiers aient été peintes avant 1349 ou après 1369, i1 existe une grande probabilité qu'elles aient orné une maison juive.
Il reste à démontrer que les fresques découvertes, avec leurs motifs si particuliers, animaux fantastiques, dragons, griffons étaient bien dans le goût des juifs du 14ème siècle et ne s'opposaient pas à leur éthique.

Dragons et serpents dans la Bible.

On traduit généralement par dragon le "tanin" et par serpent le mot "na'hash". Lorsque le mot "tanim" apparait pour la première fois dans la Bible (Genèse 1:21) il désigne les énormes créatures marines que Dieu créa le cinquième jour de la création, en même temps que tout ce qui peuple les eaux. Quant au serpent,"na'hash", il apparait dans la Genèse 3:1. lorsqu’il entreprit d'entraîner Eve à la désobéissance. Par la suite, les interprétations sont moins tranchées.
Quand Moïse jette son bâton (Exode 4:3) celui-ci est transformé en na'hash, en serpent, mais, un peu plus loin (Exode 7:9) le même bâton est transformé en "tanin". Le principal commentateur de la Bible, Rashi, ne semble pas préoccupé par cette contradiction et traduit "tanin" par serpent.
Dans le Deutéronome 32:33, i1 est question du venin des "tanin". Dans Nombres 21:6, 1'Eternel envoya contre les hébreux des serpents brûlants (na'hash) et Moïse, sur l'ordre de l'Eternel, confectionna un serpent (na'hash) en airain dont la vue guérissait des morsures. Par la suite, ce serpent d'airain devint un objet de culte pour les hébreux, et le pieux roi Ezechias le fit détruire.
Il y avait dans le paysage de Jérusalem une "Source du Dragon" (tanin) - Néhémie 2:13.
Dans Isaïe 27:2 et 27:3 il est question aussi bien de serpents que de dragons, mais dans le langage imagé du prophète, ces termes désignent les deux grands fleuves, le Tigre et l'Euphrate.
Dans Job (7:12) le "tanin" semble correspondre à un monstre marin. En conclusion, le texte biblique ne nous éclairera pas beaucoup sur le dragon, sa représentation et sa symbolique.

Le Dragon et sa symbolique.

Dragon dans le jardin d’Eden. Miniature ornant un livre de prières italien de 1470.
Jérusalem, Musée d’Israël. Ms. Rotschild 24, folio 84 recto. Détail.
Reproduction à la gouache par M. Weyl.
Le dragon naquit dans l'imagination des hommes en Mésopotamie il y a quelques millénaires. La glyptique assyro-babylonienne est envahie par ces animaux hybrides. Au retour de la captivité de Babylone, il a passé dans le monde juif puis chrétien. Si l'on consulte un glossaire archéologique (7), on apprend que le dragon est un animal fabuleux possédant des ailes d'aigle, des griffes de lion, une queue de serpent, et qu'il représente, en Orient comme en Occident, l'esprit du Mal.

Cette description, à en croire l'enluminure juive médiévale, n'est pas très exacte, car nous trouvons des dragons aux pattes de lion, d'aigle ou de bœuf, voire des mains humaines, traînant les nœuds de leur corps de serpent aux ailes d'aigle ou de chauve-souris, et dardant, généralement une langue de feu entre des mâchoires de chien

Quant à affirmer qu'il représente l'esprit du Mal, la chose peut être exacte dans l'iconographie chrétienne, où nous voyons Saint Georges ou Saint Michel le combattre et le terrasser. Pour le juif le dragon est assimilé aux autres animaux de la création, et se promenait déjà dans le jardin d'Eden, si l'on en croit une miniature ornant un livre de prières italien de 1470. La miniature illustre la prière du matin Barukh she'amar ve-haya ha-olam... Loué soit celui qui par sa parole créa l'univers...Dans une prairie fleurie, biches, lièvres, paon, cygnes, oiseaux s'ébattent. Un dragon fait face à un lièvre nullement effrayé. Pour le miniaturiste, le dragon se promenant dans le jardin d'Eden était peut-être la représentation du serpent de la Genèse d'avant la tentation d'Eve, alors qu'il était encore pourvu de pattes. Son rôle dans la tentation d'Eve lui valut d'être privé de pattes et de ramper sur le ventre (Gen. 3:14).

Mais le plus souvent le dragon est un simple élément de décoration dépourvu de toute signification. Si le 13ème siècle fut dans l'art occidental le siècle du dragon, il n'a nulle part dominé l'imaginaire aussi puissamment que dans l'enluminure juive médiévale où son règne s'étend encore au 14ème siècle (8).

Miniature à décor de dragons. Manuscrit ashkenaze de la première moitié du 14ème siècle. Oxford, Bodleian Library. Ms. Mich 619, Folio 100, verso.
Reproduction polychrome par M.Weyl
Un exemple particulièrement typique nous est fourni par la miniature d'un Ma'hzor, d'un livre de prières pour les jours de fêtes datant du premier tiers du 14ème siècle, d'origine ashkenaze (9). On sait que ce mot qui signifie allemand, englobe l'Europe centrale, l'Allemagne et la France du nord. La page que nous découvrons porte le mot Kol, premier mot de Kol nidré qui introduit la fête solennelle du Yom Kipour. L'artiste a encadré les lettres d'or sur fond rouge du mot Kol de trois êtres étranges vivement coloriés. Dans le bas nous voyons deux dragons, celui de gauche aux ailes d'aigle serait assez classique s'il n'était porté par des bras aux mains humaines, et si sa queue ne se terminait pas en rinceaux végétaux. Le second dragon qui lui fait face dans une attitude de combat possède, lui, des ailes de chauve-souris. Sa queue s'achève en branche de chêne ornée de glands. Dans le haut, l'être méticuleusement peint échappe à toute définition. Son corps s'ouvre au niveau de la poitrine sur un visage d'un homme barbu, alors que de la nuque s'échappe le torse d'un homme habillé tenant dans ses bras une longue trompette dans laquelle il souffle. La queue de cet hybride s'achève par une classique tête de dragon. L'illustrateur a visiblement voulu remplir tout l'espace disponible et son imagination particulièrement riche a fait le reste. Il n'y a pas lieu de chercher un rapport avec la fête de Kipour que la miniature serait censée illustrer. Le juif pratiquant peut néanmoins s'étonner de trouver une pareille illustration dans le rituel de Kipour, ne serait-ce que parce qu'il est susceptible de distraire le dévot à un moment où il souhaite le moins être distrait. Mais pour répondre à cette interrogation il faudrait connaître la mentalité du juif médiéval, ce qui n'est pas facile.

La rareté de ces ouvrages fait qu'en dehors de l'officiant et du rabbin peu de personnes en disposaient, et l'on peut considérer l'enrichissement du manuscrit par des miniatures comme un hiddur mizwah, un embellissement de l'office synagogal. Rien ne permet d'affirmer que ces miniatures étaient l'œuvre de juifs ou de non-juifs, mais le fait qu'elles avaient été commandées et acceptées par des juifs nous permet de négligea cet aspect des choses.

Dans deux des médaillons de la fresque de la rue des Charpentiers nous trouvons des animaux fantastiques portant une sorte de caparaçon. Si l'on est habitué à voir les chevaux porter caparaçon à l'occasion d'une parade ou d'un tournoi, il nous parait plus étrange d'en voir revêtu des animaux fabuleux comme le dragon.

Là encore la miniature juive nous offre quelques exemples. Ainsi sur la page de titre d'un Ma'hzor, d'un livre de prières pour les jours de fêtes, exécuté à Nuremberg au 14ème siècle, nous voyons dans les angles supérieurs deux animaux fantastiques revêtus d'un vêtement se faire face (10). Dans la Haggadah de Darmstadt, un rituel pour la cérémonie familiale de la Pâque, datée du début du 15ème siècle, nous voyons un animal fabuleux à la face grotesque recouvert du sommet de la tête jusqu'à l'arrière8train d'une large couverture faisant de nombreux plis, faisant face à un lion (?) lui aussi recouvert d'une couverture (11).

Animaux revêtus de "sacs". Haggadah de Darmstadt. Allemagne fin du 14ème siècle.
Hessische Univers. u. Landesbibliothek Darmstadt.
Reproduction à la gouache par M. Weyl.
Si nous voulions une référence biblique à des animaux portants vêtements, c'est dans le livre de Jonas, chapitre 3, verset 8 que nous la trouverions. Jonas, rejeté sur la côte par le grand poisson se rend à Ninive et parcourt ses rues en proclamant la parole de l'Eternel : "Encore quarante jours et Ninive sera détruite." Le roi de Ninive prit le deuil, se couvrit d'un sac, s'assit sur la cendre et fit proclamer qu'hommes et bêtes s'abstiennent de manger et de boire, et que, hommes et bêtes, tous soient recouverts de sacs.
Mais il est improbable qu'un rapport existe entre les animaux de Ninive et les animaux peints par les miniaturistes juifs ou ceux représentés sur la fresque de la rue des Charpentiers.

Il faut aussi observer que les juifs ne constituaient pas un groupe humain isolé des autres hommes. Leur communauté était sur le plan de la civilisation matérielle et de la culture parfaitement intégrée dans le milieu dans laquelle elle vivait, dont elle se distinguait uniquement par sa manière de penser et par ses pratiques religieuses.
Les images étranges de ces dragons, ils les avaient intégrées dans leur culture, sans pour autant aller au delà de leurs formes extérieures.

En conclusion.

Les fresques de la rue des Charpentiers furent peintes au cours du 14ème siècle. Pendant ce siècle, avec une interruption de vingt ans, de 1349 à 1369, 1a maison fut occupée par des juifs. Durant cette interruption, Strasbourg connut la Peste noire, la perte de la moitié de sa population, un désarroi dans le domaine spirituel (pourquoi cette épreuve ? pourquoi cette punition ?), enfin un marasme économique qui font que ces vingt années n'étaient pas particulièrement propices à l'ornementation d'habitations civiles. Les strasbourgeois s'inquiétèrent plutôt de multiplier et d'embellir leurs lieux de prières.

Nous avons enfin démontré que loin d'être étrangères à la mentalité juive au 14ème siècle, les fresques de la rue des Charpentiers avec leurs animaux fantastiques pouvaient constituer un cadre à la vie familiale de juifs au 14ème siècle.

Enfin, si pour les chrétiens, le dragon représentait l'esprit du mal, il est bien improbable qu'ils en eussent voulu décorer les murs de leur chambre. Pour les juifs, le dragon n'était qu'un élément décoratif aux aspects multiples, dépourvu de toute connotation. Le démon, l'esprit du mal est rarement représenté par le miniaturiste juif, mais lorsqu'il l'est, c'est sous la forme d'un être humain, cornu, la barbe en pointe, des ailes dans le dos et des pattes de coq, ce qui est conforme à l'opinion exprimée dans le Talmud et par Rashi (12). C'est ainsi qu'il est représenté face au sonneur de shofar, de la corne de bélier, dont les sons rauques devaient chasser le démon (13).

La fresque aux dragons de la rue des Charpentiers parait bien avoir été peinte par des juifs au 14ème siècle, ce qui en fait un document archéologique unique.


Dragons ornant une page du traité de grammaire hébraïque, Sepher Mikhol de David Qim’hi. Manuscrit achevé en 1300. Lisbonne. Biblioteca National Ms II 72 folio 442 verso. Détail.
Reproduction polychrome à la gouache par M. Weyl

Notes

  1. A M S III, 174, 7b
  2. UKB 24 juin 1387 vol VI, acte 376, page 198
  3. UKB 2 novembre 1384, vol VI, acte 234, page 134
  4. UKB 27 novembre 1385
  5. F. Baer. Die Juden im christlichen Spanien. Berlin, I, 1929, pp 502 - 503 n°339
    S.Schwarzfuchs. D'une inscription hébraïque médiévale de Colmar à la finance internationale. R.E.J. juillet-décembre 1982. fasc. 3.4. pp. 363 - 367.
  6. U K B VI 24 juin 1387, acte 376, p. 198 - U K B VI 25 déc.1387, acte 412, p. 211 - A M S III, 174, fasc. 13, fol 47 et 49
  7. Glossaire de termes techniques. Editions du Zodiaque.1983.
  8. Thérèse et Mendel Metzger. La vie juive au moyen âge. Office du Livre. Vilo. Paris. 1982. illustr. 392, p 278
  9. ibid. illustr. 261 p 190 Ma'hzor ashkenaze, 1er tiers du 14ème siècle. Oxford. Bodleian Library. Ms Mich. 619, fol. 100 verso
  10. ibid. illustr.77 p 52 Ma'hzor de Nuremberg vers 1331. Jérusalem. Institut Schocken pour l'Histoire du Judaïsme. Jewish Theological Seminary of America Ms 24100
  11. Haggadah de Darmstadt. Universitäts-und Landesbibliothek. Darmstadt, feuillet: Ho la'hma 'anya...
  12. Talmud de Babylone, Berakhot 6a et Rashi, commentaire sur le traité Gittin 68b.
  13. Bibliotèque de .' Académie des Sciences. Budapest. Coll. Kauffmann. Ms A 388 / II fol. 12 v.


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