Centenaire de la Fondation de l'Hospice Elisa par Louis Ratisbonne
par Max Warschawski
Extrait de la plaquette éditée pour le centième anniversaire de l'Hospice Elisa en 1955


Le 10 Mai 1853, une cérémonie très simple réunissait, Rue de l'Écarlate, les notables de la Communauté de Strasbourg, invités à l'inauguration d'un hospice de vieillards.
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Elisa1 L'Hospice se composait donc, il y a cent ans, d'un immeuble nommé "Hospice Elisa" et d'une maison appelée "Louis Ratisbonne". Le fondateur, étant mort sans enfants, avait demandé dans son testament que durant l'année de deuil le Kadish fut récité à l'Hospice et un "Lernen" quotidien assuré par les pensionnaires et par huit pauvres de Strasbourg. D'autre part, il souhaita que son portrait, ceux de sa femme, de son frère Auguste et de sa belle-sœur, de sa mère, de Cerf Berr, son beau-père et de sa nièce Elisa fussent placés dans le réfectoire. Ces portraits, disparus au cours de la guerre, ont été miraculeusement préservés au Musée de Strasbourg et ornent à nouveau. le réfectoire de l'Hospice Elisa.

L'Hospice de 1855 à 1939

La fondation Ratisbonne n'avait pas encore de statut légal à la mort du fondateur. Aussi les héritiers s'efforcèrent-ils de faire reconnaître par les pouvoirs publics cette oeuvre méritoire qui fut déclarée d'utilité publique par décret impérial du 27 Avril 1859.

Afin de permettre l'extension de l'oeuvre, les statuts, établis en 1857, furent modifiés en 1910. Ils autorisaient le Comité à accepter toutes sortes de dons et legs, des cotisations annuelles et des subventions gouvernementales et municipales. Il fut décidé également que les logements loués à des particuliers dans l'immeuble "Louis Ratisbonne" pourraient être repris pour être transformés en dortoirs, afin d'augmenter le nombre des pensionnaires. Un terrain, situé rue du Dragon, avait été acquis dès 1869 ; on devait en faire un petit jardin avec promenoir.

Louis Ratisbonne avait prévu que l'Hospice servirait en premier lieu à accueillir des nécessiteux. L'administration décida d'accepter également des pensionnaires payants et installa dans ce but quelques chambres individuelles ou destinées à des couples.

Elisa2 La gestion particulièrement saine des finances de l'Hospice Elisa permit d'entreprendre toutes sortes de travaux d'améliorations aux bâtiments, tels que l'installation du chauffage central, de lavabos et de salles de bains.

A partir de 1900 l'Assistance Publique accepta de payer une subvention pour les pensionnaires indigents, ce qui aida considérablement la trésorerie de l'oeuvre et permit, vers 1930, de loger environ 35 vieillards, hommes et femmes.
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A partir de 1901 et jusqu'à l'exode, Madame Cerf assura de main de maître la marche de la maison. La Commission administrative se dévouait corps et âme à l'Hospice, s'ingéniant à améliorer sans cesse les conditions de vie de ses protégés, aplanissant les difficultés qui pouvait surgir. L'âge minimum pour l'admission des vieillards avait été fixé à 60 ans et préférence était accordée aux juifs originaires du Bas-Rhin. Néanmoins, les demandes excédaient toujours le nombre de places disponibles, témoignant des bonnes conditions de vie des pensionnaires.

La crise économique qui suivit la première guerre mondiale et le développement de l'antisémitisme en Allemagne nazifiée, virent affluer les candidats à l'Hospice Elisa et nécessitèrent un nouvel agrandissement de la maison, ainsi qu'une rénovation des bâtiments. On dénonça les baux des derniers locataires de l'immeuble Ratisbonne qui fut peu à peu annexé à l'Hospice et l'inauguration d'un Hospice Elisa remis à neuf eut lieu en 1934. La Commission administrative, présidée alors par Mathieu Bloch et Weil Kinsbourg ainsi que par Mathieu Weill (notre Vice-Président actuel) pouvait être fière de sa gestion.

Elisa3 Cependant, dès cette époque se posèrent de nouveaux problèmes. L'emplacement de l'hospice, en plein centre de la ville, ne correspondait plus aux projets d'urbanisme de la municipalité qui prévoyait de déplacer vers la périphérie les institutions sociales comme les Orphelinats et Asiles de vieillards. Les immeubles vétustes malgré leurs transformations successives, ne répondaient plus aux exigences d'hygiène d'une collectivité moderne. La guerre de 1939, l'évacuation de Strasbourg et l'occupation allemande devaient fournir malheureusement 'la solution adéquate. Lors du retour en Alsace, les immeubles de l'Hospice Elisa se trouvaient en piteux état et le Conseil d'administration accepta de céder ses bâtiments aux Hospices Civils de Strasbourg.

Après de longues recherches, le Comité trouva la possibilité d'acquérir la propriété du Moulin-Vert, sise au milieu d'un magnifique parc, au sortir de Graffenstaden sur la Route de Fegersheim. Mais ceci commence un nouveau chapitre dans l'histoire de l'Hospice Elisa, chapitre que nous vivons encore. Il suffit de visiter les bâtiments, leurs dépendances pour reconnaître que l'oeuvre fondée par Louis Ratisbonne voilà plus d'un siècle a magnifiquement prospéré. Si le fondateur revenait ici-bas, il pourrait être fier de son hospice et sans nul doute encouragerait les administrateurs d'aujourd'hui à continuer leur tâche pour le plus grand bien de la collectivité.


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