LA CLINIQUE ADASSA - son histoire
par le Docteur Gérard Weindling


Fondation de "La Maison de Santé Israélite"

La Clinique Adassa est une des institutions juives les plus anciennes de Strasbourg. La "Israelitische Krankenhaus", dont l’appellation française courante était "La Maison de Santé Israélite", future Adassa, fut fondée le 17 Septembre 1878, pendant la période du Reichsland, grâce à la générosité de la communauté juive de Strasbourg.

Son siège initial, qui avait 14 lits, était situé au premier étage du numéro 9 de la Rue des Couples. Elle avait pour but de traiter gratuitement les malades juifs indigents et contre rétribution, ceux qui avaient des ressources suffisantes.

Le médecin traitant était le Docteur Gustave LEVY (1835 - 1908), dont une rue du Neuhof porte le nom.
Chaque dimanche matin, le Docteur Jakob STILLING (1842 - 1915), professeur extraordinaire à la Faculté, assurait une consultation gratuite d’ophtalmologie et le Docteur Jules BOECKEL venait également opérer régulièrement.

Création de la nouvelle Maison

Cette maison du 9, Rue des Couples (Kuppelhof) était trop modeste et ne pouvait répondre au but que s'était assigné ses fondateurs. C’est pourquoi, le comité avait entre temps fait l’acquisition d’un vaste terrain dans le quartier le plus sain de la nouvelle ville, près du futur square de Haguenau.

C’est sur cet emplacement que fut posée le 26 août 1884, la première pierre de la nouvelle Maison de Santé Israélite, dont l’inauguration eut lieu le 20 janvier 1886.

Les statuts de la nouvelle clinique israélite de Strasbourg furent approuvés, et elle fut reconnue d’utilité publique, "Au Nom de l’Empire pour l’Alsace-Lorraine" et par "ordre supérieur de sa Majesté l’Empereur", le 11 décembre 1883.

Le premier Conseil d’Administration fut élu par la Communauté Israélite de Strasbourg, et ses membres se recrutèrent ensuite par cooptation parmi des personnalités connues, pour leurs compétences et leur intérêt pour les problèmes hospitaliers.

Peu à peu, avec le temps et l’évolution des méthodes sanitaires et des progrès de l’hygiène, la Maison de Santé Israélite ne répondit plus aux exigences modernes. Des transformations durent être entreprises, ainsi que la construction de diverses annexes.

Successivement à partir de 1911, le bâtiment central fut rehaussé d’un quatrième étage, on créa un service de chirurgie, on dota l’hôpital d’un service de radiologie et d’une section d’accouchements. Les cuisines rituelles et un oratoire vinrent satisfaire les légitimes désirs des malades de la Communauté Israélite. Enfin, les jardins furent aménagés de façon à y permettre des convalescents, durant la belle saison.

La première guerre mondiale - réaménagements après l'armistice

C’est dans cet état de prospérité que les autorités allemandes trouvèrent la Maison de Santé de la Place de Haguenau à la déclaration de guerre et, bien entendu, la réquisitionnèrent, et y installèrent un hôpital militaire pendant les quatre années de la guerre.

A l’Armistice, il fallut tout réorganiser et tout améliorer.

Le nouveau Conseil d’Administration présidé par Monsieur Aron WEIL, composé d’éléments actifs, dévoués et compétents, se mit résolument à la tâche. L’établissement fut remis en état et fut réouvert en juin 1919.

Suivant les intentions du Conseil d’Administration, qui voulait accuser le caractère philanthropique de l’oeuvre, une grande place fut faite à l’admission des malades nécessiteux. Dans cet hôpital israélite, les malades, sans distinction de culte, se font soigner. Des salles pour les malades de caisses et de l’assistance publique existent depuis longtemps.

En outre, un Service de Radiologie remarquable y fut installé ; on perfectionna le Service des Accouchements, on créa une maternité, une pouponnière d’avant garde. La direction médicale fut confiée au Docteur Henri BLOCH.

Par la suite, la salle d’opérations fut modernisée, des appareils de radioscopie ont été achetés, et la diathermie et le soleil artificiel installés. Le Service de Radiologie fut confié au Docteur SICHEL.

Inauguration de la Clinique Israélite Adassa
L'oratoire de la Clinique Adassa
Oratoire

De 8000 journées en 1929, on atteignait 13 400 journées en 1932. L’agrandissement de la Maison devint urgent. Aussi, en 1931, le conseil d’administration, sous la présidence de Monsieur Eugène BLOCH, décida de transformer la Maison, et de construire de nouvelles annexes.

Sous les auspices d’une commission spéciale dirigée par Monsieur Eugène BLOCH, président, et par Monsieur Raymond BAUMANN, trésorier, des travaux furent entrepris sous la direction de Messieurs GRUMBACH et PICARD , architectes. Ces travaux durèrent jusqu’en 1935, et le 30 Juin 1935, le Préfet du Bas-Rhin, Monsieur ROBELLOT, entouré de nombreuses personnalités de la région, inaugura solennellement la Clinique Israélite Adassa, nouvelle dénomination de l’ancienne Maison de Santé.

Les services comportaient toute la section d’hospitalisation proprement dite, des services de spécialisations permettant aux médecins de recourir aux ressources de l’investigation scientifique, et d’effectuer toutes les interventions nécessaires.

Ce service comprenait donc toutes les chambres d’hospitalisation avec leur tisanerie, les laboratoires de radiologie, de bactériologie, de sérologie, d’hématologie, et de chimie d’une part ; les sections de physiothérapie (diathermie, ondes courtes, rayons ultra-violets), de chirurgie, d’accouchement et la pouponnière d’autre part.

Tous ces services étaient groupés sous la direction générale d’une infirmière chef, qui surveillait le bon fonctionnement et la coordination.

La section diététique organisée d’après les modèles des sections de diététique suisse, allemande et américaine les plus récentes, comportait une innovation dont la Clinique Adassa s’enorgueillit d’avoir réalisé la première à Strasbourg. Ce service spécial fonctionna d’une façon régulière à partir du 1er octobre 1936, permettant de fournir aux malades une nourriture variée et abondante dans les conditions rigoureusement adaptées à leurs besoins individuels, et aux indications de leur médecin traitant.

Le 07 juillet 1935, le Grand Rabbin du Bas-Rhin SCHWARTZ, procéda à l’inauguration de l’oratoire de la clinique.

Cinq Sepharim (rouleaux de la Torah) portés par Monsieur le Grand Rabbin SCHWARTZ, Monsieur le Rabbin BRUNSCHWIG, Monsieur le Rabbin RUNES, Monsieur WOLFF, officiant de l’oratoire, et Monsieur BLOCH, président du Conseil d’Administration de la Clinique, firent leur entrée solennelle.

La seconde guerre mondiale

La Clinique ne cessa jamais de se transformer, de se moderniser et de s’agrandir, mais son essor fut brusquement arrêté par les évènements de 1939-1945. Adassa fut pillée et dévastée comme tous les biens juifs.

Sous l’impulsion et grâce au courage de Monsieur Georges LEVY, et de son épouse, la Clinique maintint durant toutes les hostilités, sa section "Hospices" d’abord aux Eyzies (Dordogne), puis à Thiviers. Soixante-dix vieillards y trouvèrent refuge jusqu’en 1945, avant d’être provisoirement logés après la guerre, à la colonie de vacances israélite de Schirmeck.

Réouverture de la clinique en 1947

Dévastée, pillée entièrement pendant la guerre, la Clinique devait réouvrir ses portes en 1947, dans des conditions très difficiles.

Sous l’impulsion de son président, Monsieur Maurice BLOCH, elle procéda à une extension en deux étapes : de 1964 à 1966, un bâtiment de six étages fut édifié dans le prolongement de l’Avenue des Vosges, et sous la présidence de Monsieur Gérard WEIL, actuel président, et grâce à l’aide de Paul et Anna KAHN, un second bâtiment prolongeant le précédent, fut édifié de 1980 à 1983.

A partir de janvier 1979, la Clinique fut admise à intégrer le "Service Public Hospitalier". Depuis, la Clinique ne cesse de se transformer et de se moderniser, et une nouvelle réanimation est en voie d’achèvement.

Le nouveau projet médical d’Adassa repose sur la Gynécologie-Obstétrique, le pôle digestif avec une unité spécialisée de Gastro-Entérologie, le pôle de Médecine Générale et Interne avec un hôpital de semaine de Diabétologie, véritable service d’éducation à la santé.

C’est aussi une alternative à l’hospitalisation classique à travers la chirurgie ambulatoire et l’hôpital de jour.

Toutes ces avancées importantes ont pour but unique l’amélioration constante de la qualité des soins et de l’accueil réservé aux patients de toute origine, tout en respectant la spécificité juive de la Clinique, et en intégrant une éthique humaniste axée sur le respect de tous.


© A . S . I . J . A .