Un Colmarien haut en couleurs :
GEORGES BERNHEIM
(1897 - 1997)
par Eliezer Shavit

Dans un beau livre paru en 1993 et consacré au Temple israélite de Colmar , il y a des documents étonnants comme l'affiche d'un spectacle artistique, probablement des années 20. En deuxième partie des artistes bénévoles y donnaient le fameux L'anglais tel qu'on le parle. Parmi les acteurs figurait le nom de Georges Bernheim. Quant à la publicité… et bien, elle était faite par la Maison Bloch Frères (bois et charbon) : l'entreprise de Georges Bernheim, artiste et chef d'entreprise.

Mais Georges Bernheim était plus que cela. C’était un conteur incomparable , un véritable écrivain du terroir alsacien, doté d'un grand humour. Sa présence, sa chaleur humaine étaient revigorantes. Georges Bernheim était aussi l’action-même, tout comme sa femme Louison plus connue sous le nom de Pivert. Elle fut , avant la guerre, l’efficace commissaire local des EIF.

Georges Bernheim n'était pas un notable, même pris dans le sens noble du mot. Il était autre. C'était, en quelque sorte un outsider : juif pratiquant et sioniste avant l’heure alsacienne ! On peut même le rappeler, car le fait sortait de lordinaire (surtout à cette époque d’avant guerre) et était fort significatif : c'est pour montrer leur engagement que les Bernheim avaient fait leur voyage de noces en Palestine. Et quelle énergie ne mit-il pas au service du KKL et de son bal, mené dans la meilleure des traditions des bals juifs d’antan ! On y gagnait des gros lots tels que des tableaux du peintre Lucien Weill . J’en possède un, gagné par mes parents.

Georges Bernheim est décédé en 1997, centenaire. Il avait publié un livre en 1997 aux Editions L’Alsace sous le titre SUUR UN SIES. Il s agissait en fait d une sélection des quelques 800 histoires en alsacien signées Mordicus : une lecture pour des spécialistes connaissant parfaitement le dialecte.

Geoges Bernheim a été un grand animateur au sein de la communauté de Colmar et ceci pendant de longues, très longues années Il faisait partie du Colmar qu’on a aimé.

Salade Iranienne
Par Georges BERNHEIM (alias MORDICUS) - 1979
traduit de l'Alsacien - voir le texte original ci-contre

Nos saladiers paysans colmariens peuvent (en attendant) dormir tranquilles : il n’y a pas de concurrence, en dépit de cela la tête de salade colmarienne a été cotée la semaine dernière jusqu’à 4 francs. Afin que vous puissiez mieux digérer ma salade iranienne, il faut que je vous explique quelques petites histoires. L’Iran existe depuis quelques mille années avant l’ère chrétienne. En l’an 558 avant l’ère chrétienne, ils ont commencé la fabrication des tapis persans ; et c’est pour cette raison qu’on l’a appelé persan. – Depuis 1925, le mot Perse s’appelle Iran, en dépit de cela on continue à fabriquer des tapis persans. "Ne croyez surtout pas que cette histoire soit née sur un tas de fumier illusoire, il l’a copié du Larousse".

Revenons à présent en arrière, au 13e siècle, l’époque des Croisades ou bien Croisement "qui vous est connu" qui a duré bien des années ; ce n’étaient pas des trains à grande vitesse comme il en existe de nos jours, et le Orient-Express n’avait pas encore vu le jour. – Il y avait à l’époque pas mal d’Alsaciens qui voyageait avec ces trains de croisés et qui, en cette année 1250 sont revenus et ont traîné avec eux une masse de choses, des épices, des cosmétiques, des tapis de Perse non dédouanés et de temps à autre une fille arabe (aussi non dédouanée).

J’ai oublié une chose : avant que nos alsaciens des croisées ne s’en aillent, beaucoup d’entre eux ont fait confectionner une ceinture de chasteté (en allemand "ceinture de pudeur") avec une fermeture patentée. (Ce qui est sûr est sûr !). Beaucoup ont, dans leur énervement, perdu la clé et se sont ainsi rabattus sur les jeunes filles arabes…passons l’éponge et n’en parlons plus.

Le résultat de ces "croisements croisés" ne sont quelques fois pas restés sans suite, et les descendants de ces enfants des enfants sont paraît-il nos connaissances, aimées, arabes sympathiques, illustres chefs de l’artillerie municipale colmarienne (pompe à sirop , machine à récurer les trottoirs etc.). Notre ville peut se vanter d’être au top en ce qui concerne l’hygiène et la propreté, (ce qui n’est pas le cas partout, une mauvaise langue ne peut pas se permettre ce luxe, Mordicus !) Pas pour…

De nos jours, il y a des carrefours modernes : on se rend en Iran en Concorde, on baragouine avec le shah et sa dame et aussitôt, une commande est formulée pour acquérir deux fabriques nucléaires, 160 mirages et d’autres joujoux de ce genre pour une valeur d’environ 30 à 40 milliards.

Tout cela se serait passé sans accros si la page ne s’était pas tournée : Dr Ayattolah, un homme à la longue barbe, depuis 15 ans en exil en France, a joué un sale tour au Shah et le Shah a été obligé de foutre le camp et de tourner casaque avec toute sa famille sans quoi tout était perdu.
Là- bas il y a aussi des chômeurs actuellement ! Les travaux de plusieurs milliards de dollars ont débuté, rien n’a été payé, en Iran tout est en désordre, l’Ayattolah est de retour. Le peuple est comme déchaîné, l’armée ne sait pas sur qui tirer le premier coup (les canons sont là pour çà !). Maintenant nous avons la salade ! Maintenant vous connaissez le pour de l’intitulé de cet article !

Pour en revenir à l’Ayatollah, j’ai consulté ces derniers jours les Archives départementales et ai acquis la certitude que cet homme a des lointaines origines alsaciennes. Cette confirmation, je l’ai eue grâce à Henriette : je veux maintenant terminer cet article afin de le rendre "un Ayatollah comme toi , il n’y en a pas un second sur terre pour raconter de telles bêtises. On devrait lui interdire ce métier !".

Iranischer Salaat

Unseri Colmerer Salaatbüre kenne (einschtwile) rüewig schlofe : s'ésch ke Konkürrànz, trotzdàmm ass dr Kopf Colmerer Salaat die ledscht Wuch an dr Salaatbôrs bis ze vier Franke cotiert ésch worre...
Fér ass Ehr mine iranisch Salaat besser verdoije kenne, müess ich Eijch e paar gschéchtligi Ekschplikatioone gàh.Dr Iran eksischtiert sitter ewene doisig Joohr vor Chréschtüs. Anno 558 v. Chr. hàn sie dert aagfange, fér Perserteppik ze fawriziere ; wajedàmm hetts drnoo Persie gheisse. - Sitter 1925 heisst Persie wœder Iran, un s'wurre trotzdàmm noch allewill Perserteppik fawriziert. (Gloiwe jo nét ass die Gschécht uffem eigene Méscht vum Mordicus gewachse ésch, àr hett's abgschréwe üssem Larousse).

Griffe mér jetzt srùck uff' s 13. Johrhundert, uff die époque des croisades, oder Krizzégg (wo Eijch bekannt sén) wu joohrelang gedüürt hàn ; das sén ke Schnàllzégg gsé wie héttigsdaaja, un dr Orient-Express ésch oi nonét erfunde gsé. - As zén zàllemools zémlig vill Elsàsser mét dàne Krizzégg gfahre, un wu sie gejenem Joohr 1250 wéder heimkumme sén, hàn sie e Hüffe Déngs met heimgschleift, Gewérz, Kosmétikk, Perserteppik (zollfreij), oi dann un wann e lawàndigs Araawermaidle (oï zollfreij).

Eins hawi vergàsse : Vor eb unseri elsàsser Kritzzéggler furt sén, hàn vill vun éhne én éhra «leschttimi Wiwer oder Madame e ceinture de chasteté (uff ditsch Keuschheitsgürtel) aamàsse loo mét me Patàntmaalschloss. (Sicher ésch licher !) Villi hàn én dr Uffreehjung vun de Krizzégg dr Schléssel verloore, drno hàn sie hait die Araawermaidler... Schwamm dréwwer, redde mr ném dry.

S'Résultaat vun dàne «Krizzégg-Kritzunge» ésch mànkmool logischerwis nét üssgebléwe, un die Noochkumme vun dàne Kéndes-Kéndes-Kénder sén paràtil unseri bekannti, beliebti, sympaatischi Stadtaraawer, chefs vun dr beriehmte Colmerer Stadtartillerie (Siroppùmp, Trottwarputzmaschiin, etc.). Unseri Stadt ka sich én punkto Hischiààn un Propertéét an dr Laade làje (nét éwweral, hait di béés MW, Mordicus !) Nix fér ungUet !
Héttigsdaajs gét's moderni Krizzégg : Mr faahrt méttem Concorde uff Iran, mr techtelmechtelt méttem Schah un sinnre Madame un hopplagaiss hesch e Bschtellung fér 2 Atoomfawrékke, 160 Mirage un sunscht noch so Schpééldéngs, Koschtepunkt ewene 30 bis 40 Milliarde.

Das Déngs hàtt allee groosartig geklappt, wànn sich's Blàttle nét gedraajt hàtt: Dr Ayatollah, e Mann mét'me lange Bart, 15 Joohr ém franzéésche Exil, hatt ém Schah Wüescht én d' Iranisch Méllich gmacht, dr Schah het mien üssrisse Hals éwer Kopf (sunscht hàt àr ne villicht verloore) mét dr ganze Famélie. Dà ésch jetzt oï «chômeurs» ! Die Arwete vun dàre Milliarde-bschtellung sén aagfange, bezahlt ésch nix, ém Iran géht alles zunderscht un s'eewerscht, dr Ayatollah ésch wéder zrùck, s'Vollik macht wie ab dr Kett, die Arméé weiss nonet, uff weene ass sie z'erscht schiesse soli (die Kanoone sén fér ebbis do !). Jetzt hàn mér dr Salaat ! Jetzt wéssener worum ass mine Artikel «Iranischer Salaat» heisst !

Fér uff dr Ayatollah zrùckzekumme, hawi die Daaj uff de Archives départementales noochgsüecht un hab dr Bewiis, ass da Mann wittlangs üssem Elsass stammt. Die Bschtààtigung hawi jetzt awer defmitief durich z' Henriett ich wéll grad dàne Artikel fertig mache, fér ne abzelééfere, brielts hérite ammer : «najattolah wie du ésch ke zweite uff dr Wàlt fér esoone Blàch ze verzapfe. Dér ghéért's Handwààrik verbotte !»


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