Alain Aisène - 2

UN DEVOIR DE MEMOIRE


Notre rencontre avec M. Aisène le 15 décembre
(Lydie, Jana, M. Aisène, Enguerrand et Alexandre)
Biographie de Monsieur Aisène :
Notre témoin a décidé de transmettre son histoire aux jeunes générations pour combattre l'oubli. En mai 2016, M. Aisène a témoigné à Cracovie en Pologne devant la délégation française présente à la Marche des vivants d'Auschwitz. En septembre de la même année, il était invité pour évoquer son histoire familiale ainsi que celle de son épouse (dont six proches ont été déportés en même temps que son père dans le convoi n°8) au Mémorial de la Shoah à Paris. C'est par son intermédiaire que nous avons pu rencontrer le 12 mars dernier, avec trois autres classes de Lorraine, M. Henri Borlant, 90 ans, le dernier des deux survivants de ce convoi.

De Ajzenstadt à Aisène :
Le papa de M. Aisène s'appelait Benjamin Ajzenstadt. A son retour des camps il a voulu franciser son nom pour protéger sa famille de l'antisémitisme et montrer son attachement à la France. Après la guerre, il a été longtemps révolté et s'est détourné de la religion. "Où était Dieu à Auschwitz ?" Ce n'est que plus tard qu'il est revenu lentement vers la religion sous l'impulsion de son épouse, n'observant que les grandes fêtes du judaïsme. L'État d'Israël comptait beaucoup pour lui. Il lui apparaissait comme un rempart contre une autre extermination.

La Marche des vivants :
Plusieurs fois, M. Aisène a participé à la Marche des vivants qui regroupe parfois jusqu'à 12.000 personnes de tout âge et de toute confession. Chaque année depuis 1988, cette marche, qui a lieu le jour de commémoration de la Shoah, consiste à parcourir le chemin entre Auschwitz 1 et Birkenau à pied. Elle contribue au devoir de mémoire.

Un amour pour la vie
M. Aisène parle avec émotion de l'amour de ses parents. Cet amour est né à Auschwitz, leur promesse de se retrouver les a aidés à supporter la déportation. Ils sont restés un couple fusionnel à tel point que lorsque son père est mort, sa mère a perdu le goût de vivre.

Des souvenirs douloureux :
M. Aisène explique que quand il était petit et qu'il fixait le matricule de son père (51023), celui-ci bougeait son bras car il ne voulait pas parler de son effroyable passé. M. Aisène regrette aujourd'hui de ne pas lui avoir posé plus de questions.
Il se souvient que sa mère faisait des cauchemars la nuit. Il l'entendait fréquemment pleurer ou se réveiller en criant.

Un livre pour témoigner : Un Amour à Auschwitz
M. Aisène et sa sœur ont écrit un livre après la mort de leurs parents pour transmettre leur histoire à leurs enfants et surtout à leurs petits-enfants.
Extrait du livre : "[...] nous sommes le fruit d'une histoire singulière. Elle parle donc d'amour. De mort aussi, évidemment, vu le contexte. De mort et d'amour. Poison et contrepoison."

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