La dernière
expulsion des
Juifs d'Alsace



Article de
S. Schwarzfuchs

Article de
Francis Weill

Article de
Simone Lévy

Appel aux
témoins et aux
survivants

Informations sur le texte de Monsieur Schwarzfuchs
concernant l'Alsace de 1940, et en particulier
la Communauté Israélite de Mulhouse
Francis Weill

Exode ou débâcle :

Au moment de la "drôle de guerre" le gouvernement français ne se faisait plus aucune illusion sur un prochain conflit armé avec l'Allemagne hitlérienne. Celle-ci s'était réarmée depuis 1935, dans le but d'obtenir l'annulation des conséquences, à son encontre, du traité de paix (29 juin 1919) dit "traité de Versailles". Dès 1935 elle avait réoccupé la rive gauche du Rhin, puis toujours par la force obtenu le rattachement de l'Autriche (Anschluss), des visés sur les Sudètes, le "couloir de Dantzig" pour avoir une continuité territoriale avec la Prusse Orientale.

Une guerre avec l'Allemagne devenait inévitable, mais quand ? C'est pourquoi un certain nombre de mesures avaient été prises pour pouvoir évacuer les populations des régions limitrophes des frontières avec l'Allemagne. Ainsi, chaque commune connaissait le lieu de repli qui était affecté à sa population. Pour Mulhouse ce fut Agen et l'Agenais, pour Strasbourg c'était Périgueux et le Périgord, etc... Chaque commune d'Alsace devait mettre en place : des lits, couvertures, draps, assiettes, couverts, ustensiles de ménage, denrées de première nécessité, etc...De même, chaque famille disposait d'une adresse qui lui était affectée et savait où elle devait se réfugier.

Un certain nombre de familles ne voulant pas se retrouver très loin de leur lieu d'origine cherchèrent refuge dans les départements limitrophes de l'Alsace, tels : les Vosges, le Territoire de Belfort, la Haute-Saône, le Doubs. Ce qui permettait au chef de famille de rester à son travail durant la semaine et de rejoindre la famille en week-end.

Malheureusement le sort des armes se joua rapidement et les armées françaises furent bousculées alors qu'on s'attendait à une forte possibilité de résistance à l'envahisseur. Ce qui provoqua -fin mai et début juin 1940- une fuite de la population civile qui se retrouva sur les routes, mélangée aux troupes qui fuyaient vers le sud. C'est ce qu'on appela la débâcle. Les civils se déplaçaient avec tous les moyens à leur disposition : brouettes, charrettes, voitures d'enfants, chevaux, boeufs, etc... Le nombre de véhicules de tourisme n'avait aucune commune mesure avec ce que nous connaissons de nos jours. En plus, généralement les véhicules en bon état avaient été réquisitionnés par les armées. Celles-ci n'avaient que très peu de véhicules militaires qui leur appartinssent en propre. C'était le sauve qui peu ! Et l'encombrement de tous les axes routiers.

A titre d'exemple, le cas du Dr ELIAS de Mulhouse : En juin 1940, à la demande de Monsieur Wicky, maire de Mulhouse, il s'attarda à soigner les malades, jusqu'à l'entrée des Allemands dans la ville. Un de ses gendres était réfugié à Belfort et il chercha à le rejoindre lors de l'effondrement de la garnison de Mulhouse mais il était déjà parti (Le reste de la famille , que lui même avait poussé à aller habiter  à Dinard en Bretagne , avait quitté cette ville  en raison de l'avance allemande et était replié transitoirement à Pau avant de partir pour New-York). Ne sachant que faire, le Dr Elias retourna à Mulhouse où il mit fin à ses jours..

La maison de retraite de Pfastatt :

Cette maison, qu'on appelait l'hospice, fut expulsée d'Alsace et se retrouva à Lons-le-Saulnier (Jura) pendant toute la duré de la guerre. Ses pensionnaires trouvèrent refuge à l'hospice de vieillards de cette ville. Les dirigeants de la maison - Achille et Juliette WEILL - s'occupèrent de leurs pensionnaires pendant toutes les sombres années de la guerre. Le rabbin qui était en poste à Lons était aussi un Mulhousien : Nathan HOSANSKI, qui disparut à Auschwitz. Ses frères avaient le magasin de vêtements "Paris-Londres", dans la rue de la Justice

Lors de la Libération, la maison de Pfastatt n'était plus en mesure d'accueillir ses pensionnaires ce qui fait que bon nombre étaient encore à Lons ou installés à l'hospice public de la rue Schlumberger. Pfastatt ne devait rouvrir ses portes qu'au début des années 1950, après avoir été entièrement remis en état et remeublé.

Achille WEILL était rentré à Mulhouse après la Libération et fut le premier secrétaire général de la Communauté. Il devait être au nombre des victimes lors de l'accident du circuit du Mans, alors qu'il était en vacances chez l'une de ses belles-soeurs. Dès la réouverture de ce qui est aujourd'hui la "Résidence Hirschler", les époux WEILL reprenaient la direction de Pfastatt.

Le Président de la maison de Pfastatt , jusqu'en 1940, avait été Emmanuel SCHWAB. Originaire de Wintzenheim, il avait été le fondateur des grands magasins SCHWAB de la rue du Sauvage, qu'il dirigea à nouveau -après guerre- à son retour de New-York où il s'était réfugié. C'est son fils Léon qui devait lui succéder à la tête de son entreprise. Emmanuel SCHWAB avait aussi été président de la Communauté Israélite de Mulhouse avant guerre. Sa villa, de l'avenue Clémenceau, est devenue le siège du Consulat d'Italie.

Francis WEILL est l'auteur de l'article : Histoire de la Synagogue de Mulhouse).


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