L'exposition est présentée sous le haut patronnage de
Monsieur Renaud Donnedieu de Vabres
, Ministre de la culture et de la communication

Message d'Adrien ZELLER, Président du Conseil Régional d’Alsace

La Dordogne terre d’accueil ! Les alsaciens et les juifs alsaciens en particulier savent ce que cela veut dire depuis 1939. Accueillir l’autre dans son identité et sa différence reste encore aujourd’hui un défi.
L’Alsace garde sa reconnaissance à la Dordogne qui sut recevoir et accueillir plus de 200 000 d’entre nous au début de la guerre.
Pour la communauté juive cette période fut particulièrement difficile.
Je voudrais saluer la capacité qu’eurent les juifs alsaciens de s’organiser loin de chez eux. Exemple remarquable d’une communauté déracinée capable de s’intégrer dans un environnement qui, de par les rafles, devint rapidement hostile.
Les alsaciens et le Conseil Régional d’Alsace n’oublient pas. Ils continueront à se battre pour que notre région et notre pays restent terre de tolérance où chaque communauté dans une attitude ouverte et accueillante puisse vivre, se développer et s’exprimer en toute sécurité.

Adrien ZELLER
(Janvier 2006)

Message de Philippe RICHERT, Président du Conseil général du Bas-Rhin
Journée de la Mémoire de l’Holocauste - Vendredi 27 janvier 2006

C’est à l’occasion d’une visite à Auschwitz, il y a quelques années, en compagnie de rescapés de ce camp d’extermination, puis dans le mémorial de Yad Vashem, que j’ai sans doute ressenti les plus fortes émotions de ma vie d’homme : après la stupeur, voire l’incrédulité, ont succédé le dégoût et la révolte face à ce dont l’homme est capable quand il est pris de folie meurtrière.
Nous avons fêté en 2005 le 60ème anniversaire de la libération des camps. La commémoration de ce 27 janvier n’en prend que plus de sens, d’autant que se sont multipliés, ces dernières années, des actes inqualifiables de profanation en Alsace ou ailleurs.
Ces actes sont doublement odieux. Par la philosophie haineuse qu’ils traduisent ; mais aussi parce qu’ils sont un nouvel affront à ceux qui ont déjà été victimes de la barbarie. Ils sont la négation même de l’humanité, puisque le respect dû aux morts et à leurs sépultures est bien le premier rite qui a différencié l’Homme de la bête…
Ils nous alertent également et doivent aiguiser notre vigilance : les germes du racisme, l’antisémitisme, l’intolérance continuent de proliférer.
Pour que la barbarie ultime de l’Holocauste ne se reproduise jamais, il nous faut être intraitables avec les auteurs d’actes racistes et antisémites, et vigilants afin que personne ne puisse nier la réalité de tels crimes.
En Alsace plus qu’ailleurs. Notre région a pendant des siècles été une terre de tolérance et d’accueil, respectueuse de toutes les croyances religieuses ou philosophiques.
Elle doit le rester.
Elle a ainsi vu son patrimoine culturel s’enrichir de la présence, depuis le Moyen-âge, d’une importante communauté juive, très impliquée dans la vie locale.
Le Conseil Général du Bas-Rhin soutient de nombreuses opérations visant à transmettre la mémoire de l’Holocauste et mieux faire connaître cette culture qui a contribué à façonner la culture alsacienne et la culture française : en soutenant la préservation et la valorisation touristique du patrimoine juif à travers l’ADT par exemple, ou en adhérant à l’association « Europe de la Mémoire », réseau européen des lieux de mémoire qui organise régulièrement des évènements de commémoration et de réflexion.
Débattre, dire et redire, expliquer, montrer ; voilà en effet ce que nous devons faire, inlassablement. Nous opposer à tous ceux qui voudraient nier ou banaliser aussi !
Pour que les générations à venir ne retombent pas dans les mêmes errements, mais aussi et surtout par respect vis-à-vis des victimes et de leurs familles.
Comme le disait Jankélévitch, « les déportés, les massacrés n’ont plus que nous pour penser à eux. Les morts dépendent entièrement de notre fidélité ».

Philippe RICHERT
(Janvier 2006)

Message de Bernard CAZEAU, Sénateur de la Dordogne, Président du Conseil général
Terre de résistance mais aussi terre de passage et d’accueil, le département de la Dordogne a vécu une histoire mouvementée et complexe pendant la seconde guerre mondiale. L’installation de la municipalité strasbourgeoise à Périgueux dès 1939 est un chapitre connu de notre histoire ; moins connue est la présence, parmi ces réfugiés alsaciens, d’une importante population israélite de Strasbourg et du département du Bas-Rhin.
L’histoire de cette population durant cette période obscure a été retracée dans l’ouvrage de Bernard REVIRIEGO, attaché de conservation aux Archives départementales de la Dordogne. Issu des recherches qu’il a mené dans les documents conservés au sein de nos Archives départementales, cet ouvrage présente l’installation, la persécution puis l’exclusion de toute une population et l’ampleur des moyens mis en œuvre par l’Etat français dans ce processus.
Bien plus qu’une succession de faits, cet ouvrage est un véritable travail de mémoire au nom de tous ceux dont les vies furent à jamais bouleversées par ces années.
La publication et la mise en ligne de ce travail illustre parfaitement le rôle fondamental des Archives pour la transmission de la mémoire collective et individuelle et l’écriture de l’histoire.
En ce jour de mémoire, il est primordial de penser à aujourd’hui et à demain. Car une question essentielle demeure : comment faire admettre, faire comprendre et transmettre l’inhumanité du passé aux jeunes générations ? Comment les protéger de façon définitive des pires excès que l’esprit humain a pu engendrer ?
« Les idées exercent leur ascendant sur les âmes » nous rappelait HEGEL. C’est donc bien sur le terrain des idées qu’il nous faut combattre sans relâche !
Il nous faut continuellement nous opposer à cette facilité de penser qu’est le racisme. Un immense travail de pédagogie est à fournir. La France a besoin de promouvoir une éducation civique antiraciste toujours plus poussée. La société civile, les institutions républicaines, et avec leurs particularités, les cultes, doivent y concourir.
Nous le savons depuis Jean-Jacques ROUSSEAU, l’éducation doit aussi donner à l’homme les principes de son devoir moral. Enseignons donc les faits mais également les idées !
Ne pas excuser, ne pas tolérer l’indéfendable, tel est notre première tâche. Enseigner les leçons du passé et les juger, tel est notre devoir.
Bernard CAZEAU
(Janvier 2006)


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