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La sélection
Le "traitement spécial"

Chambres à gaz
et crématoires

Résistances

Bibliographie sommaire

5 – AUSCHWITZ
(camp de concentration de juin 1940 à décembre 1941
camp d'extermination de janvier 1942 à janvier 1945)

La sélection

Auschwitz, l'endroit du pire naufrage.
L'implacable et si monstrueuse rage
Broya uniquement ici, de sang froid,
1,8 millions d'êtres criant leur effroi !

Arrivés, accablés par la violence,
Les déportés durent en cadence
Former deux files très différentes.
Que de séparations déchirantes !

Toujours celle de droite croissait,
Les femmes, les petits, les vieux
Etaient si majoritaires sur le quai.
Ils exprimaient un tragique adieu.

Ils parvinrent au bout du chemin
En pressentant que c' était la fin.
La fumée noire s' élevant au loin
Laissait présager un cruel destin.

Ceux qui paraissaient plus valides
Formaient à gauche l' autre colonne.
Ils entrèrent dans le camp, livides.
L' oppresseur n' épargnait personne.

Les voilà traités comme des esclaves
Travaillant pour l' industrie chimique,
Ils ressemblaient à de tristes épaves
Avant d' autres sélections tragiques.

Certains trimaient sur des chantiers
Pour être  aussi cruellement châtiés,
Beaucoup subirent  les pires sévices,
Ou enduraient d' horribles  supplices.

Avec la faim venait la faiblesse,
Et la soif amenait la détresse.
Derrière les fils de fer barbelés
Le forçat laminé était désespéré.

La maladie les achevait
Et les SS les repéraient
Pour leur réserver alors
Le plus cruel des sorts.

Le "traitement spécial"

La réalisation de la " solution finale"
Soumet le juif au "traitement spécial".
Il s' agit d' assurer son extermination
Par la violence, le gaz, la crémation.

Exemple de rapport fait à Auschwitz :
Arrivés le 13.3.43 : 964 juifs au total,
599, soumis au "traitement spécial" ,
365,  au "travail"  à Buna Monowitz.

Ceux qui commirent pareille infamie,
Rendaient compte du résultat obtenu
Sans remord, avec un zèle soutenu,
Puis allaient choyer toute leur famille.

Ils avaient adhéré à un régime
Qu' ils servaient avec servilité.
Aussi, ils utilisaient leur agilité
Pour accomplir de tels crimes.


Auschwitz


Chambres à gaz et crématoires

L'agonie s'avérait trop lente,
Il fallait accélérer la cadence.
Le SS choisit  une substance
Pour alors réduire son attente.

Le Zyklon B agit en 15 minutes,
Ainsi toutes les chambres à gaz
Doublaient leur activité de base :
Exterminer était leur unique but.

A Auschwitz - Birkenau, dès 1943,
4 "unités combinées" furent édifiées.
Les victimes devaient se déshabiller
Pour être gazées sous le même toit.

Puis elles étaient de suite brûlées
Car chaque réalisation était dotée
D' un four crématoire si destructeur,
Certains avec 8 moufles de malheur.

Des marchés maudits furent passés
Pour construire, équiper ces locaux.
Des firmes indignes ont osé pactiser,
De nouveau, avec de tels bourreaux. 

Des portes "étanches au Ziklon B",
Des "lucarnes d' introduction" du gaz,
Furent installées pour l' ultime phase
D' un génocide réellement exécuté.

Le rendement d' un seul crématoire
Prévoyait en 24 heures l'incinération
De 768 corps  grâce à l' alimentation
En coke qui a une efficacité notoire !

Après une panique si épouvantable,
Règnait un tel silence assourdissant.
Le cri des cadavres était angoissant
Et cette vue d' horreur, insoutenable !

Avant d' êtres réduits en cendres,
Les corps défigurés furent utilisés :
Oui, les dents en or furent arrachés.
Les chevelures, il fallait les tondre !

3 dépouilles posées sur un brancard
Etaient introduites dans le crématoire
A un rythme soutenu toute la journée
Et le ciel s'éteignit derrière la fumée.




Four crématoire à Maïdanek


Résistances

Au camp, un " commando spécial"
Qui devait traîner les malheureux,
Voués à être anéantis par le feu,
Survivait dans une détresse totale.

Les équipes étaient renouvelées,
Chacun connaissant sa destinée.
Derrière ces murs du crématoire,
Tous se voyaient gazés plus tard.

Le 6 octobre 1944, ils ont mené ici
Une révolte payée au plus haut prix.
Ils ont incendié puis détruit un four,
Leur volonté les a aidés sans détour.

Les déportés jetés dans cette nasse,
Réagirent avec la force du désespoir.
Au milieu de leur terrible néant noir,
Ils défiaient l' exterminateur, en face.

Comme à Tréblinka ou à Sobibor,
Comme dans le ghetto de Varsovie,
Et derrière tant de sinistres miradors,
Oui, lutter redonnait un sens à la vie !

Les nazis voulaient surtout arracher
A l' homme toute marque de dignité.
En tous ceux qu' ils ont martyrisés,
Ils n' ont pu extirper leur solidarité!

Dans les baraques, dans les ateliers,
Sous la torture et sur les chantiers,
Les esclaves ont tenu à démontrer
Que la barbarie ne pouvait triompher.

Les uns cachaient des médicaments,
Pour soulager un peu les agonisants.
Un autre, voyant s' écrouler son ami,
Le remplaça pour lui donner du répit.

Le soir ceux qui désespéraient,
Le moral un peu ils retrouvaient.
Ils avaient entendu ce message:
Survivre pour porter témoignage.

Réciter une prière en commun,
Clandestinement dans un coin,
Exigeait beaucoup de courage:
Voilà une union contre la rage !

L' entraide, secrètement instaurée,
Permettait à beaucoup de résister.
Elle était plus forte que les coups,
Elle réchauffait le cœur avant tout.

En Janvier 1945, le camp fut évacué
Et débuta l'affreuse marche forcée.
Hitler s' obstinait sur ses victimes,
Les précipitant au fond de l' abîme.

Tant de kilomètres effectués à pied
Ou sur de sinistres wagons ouverts,
Dans la rigueur glacée de cet hiver,
Qui pourrait imaginer telle atrocité ?

Meurtris, sans eau, sans aliment,
Ceux qui peinaient dans le froid
Etaient mitraillés sur le champ.
Il fallait toujours presser le pas!

Même à ce moment - là, pourtant,
Celui qui tombait couvert de sang,
N' hésitait pas à lancer son pain :
Le croûton était pour son copain!

Epuisés, ils s'encourageaient,
Se réchauffaient mutuellement
Pour endurer cet acharnement
Que les nazis leur infligeaient.

Non, le bourreau n'est pas parvenu
A ôter du plus profond de l' individu,
Même terrassé par ces souffrances,
L'humanité agrippée à son essence.



Auschwitz

Photographies : © Yona Rothé

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