Isaac Léon TRÉNEL
(1822 - 1890)


Né le 26 décembre 1822 à Metz (Moselle). Décédé le 21 août 1890 à Paris.
Époux de Suzanne Cécile Dennery.
Rabbin à Besançon, rabbin adjoint, au grand rabbin de Paris, directeur de l'École centrale rabbinique de Metz, du Séminaire israélite à Paris.

Petit-fils du rabbin Marc Trénel, fils du ministre officiant Jacob Trénel et de Fratché, alias Fanny, Dennery, il appartient aux meilleures familles juives de Metz. Il est aussi le petit-neveu par alliance du rabbin Jacob Haguenauer et un lointain cousin du grand rabbin Isaac Lévy.

Il commence ses études religieuses à Marmoutier, auprès de son grand-oncle Jacob Haguenauer puis en Moselle, chez, auprès du rabbin Moïse Lévy de Merzig. Il entre en 1839 à l'École centrale rabbinique de Metz. Bien que muni du diplôme du deuxième degré rabbinique à sa sortie de l'École le 16 août 1846, il semble avoir eu du mal à trouver un poste. Samuel Naumbourg ayant laissé vacante sa place de ministre officiant à Besançon, Isaac Trénel y prend en 1846 les fonctions officieuses de rabbin, rétribué par la communauté. Il y est toujours en fonction le 8 avril 1847, lorsqu'il présente au ministre de la Guerre sa candidature au rabbinat de Constantine, sans succès.

Isaac Trénel épouse le 20 mars 1850 à Paris Suzanne Cécile Dennery, de vieille famille messine comme lui, née le 30 décembre 1825 à Paris. Les témoins, en partie parents des mariés, sont prestigieux : le grand rabbin Lazare Isidor, les membres du Consistoire central Myrtil Maas et Moyse Cahen, le notaire Armand Halphen.

Cette même année il s’installe à Paris, où il est chargé de l'instruction religieuse élémentaire dans les lycées, et il exerce aussi la fonction d'aumônier des prisons. Cela lui fournit l'occasion de rencontrer le professeur Nathaniel Philippe Sander, avec qui il rédigera un Dictionnaire Hébreu-Français édité en 1859 par la Société des livres moraux et religieux (alors dirigée par le grand rabbin de France Salomon Ulmann), ouvrage qui sera réédité de nombreuses fois jusqu'à ce jour.

À partir de 1851, il fait fonction de rabbin adjoint au grand rabbin de Paris, Lazare Isidor. A ce titre il inaugure la synagogue de la rue Notre-Dame-de-Nazareth à Paris et la synagogue de Versailles. Il est également, de 1853 à 1856 aumônier du lycée Louis-le-Grand à Paris. En 1854, il se présente sans succès au poste de grand rabbin de Nancy. Il se signale la même année pour sa critique de la position libérale du rabbin de Mulhouse Samuel Dreyfus.

En 1856, après avoir été secrétaire de la conférence des grands rabbins, convoquée à Paris par Salomon Ulmann, et alors qu'il est chargé des cours d'instruction religieuse à la synagogue parisienne de rite sefarade, il est nommé le 2 octobre 1856, par le Consistoire central directeur et professeur de Talmud à l'École centrale rabbinique de Metz. C’est le 9 novembre suivant, à l’âge de 34 ans, qu’il est installé à son poste, dans cette institution dont il avait été lui-même l’élève.

« C'était un esprit cultivé, un talmudiste remarquable, un caractère plein d'élévation. Pendant toute sa direction, qui dura jusqu'en 1890, époque de sa mort, il imposa à ses élèves une discipline rigoureuse et des habitudes de travail régulier. Trénel, par la haute conscience qu'il apporta dans l'exercice de ses fonctions et l'impeccable dignité de sa vie, eût été un directeur parfait s'il avait su se montrer un peu plus paternel. Mais, malgré son tempérament un peu vif et distant, Trénel a exercé une influence des plus heureuses sur les destinées de l'Ecole et ses élèves lui gardent, pour la plupart, un souvenir plein de respect et de reconnaissance.
Comme son prédécesseur, Trénel était également professeur de Talmud. A son cours il ne prenait que rarement la parole, mais exigeait de ses élèves, aussi bien des nouveaux que des anciens, la pleine possession des textes qu'ils devaient eux-mêmes expliquer. Cette méthode imposait à tous une longue et consciencieuse préparation des cours et avait en outre l'avantage de créer de véritables moniteurs. Les élèves les plus avancés servaient de répétiteurs à leurs camarades plus jeunes et moins expérimentés et les faisaient profiter de leurs connaissances. Grâce à ce système, les études talmudiques commençaient déjà deux heures avant le cours ; le rôle du professeur consistait uniquement à éclaircir les textes particulièrement difficiles, et Trénel remplissait ce rôle avec une grande distinction. » dira de lui le grand rabbin Jules Bauer.

I .Trenel fait partie de ceux qui souhaitent que l'École soit transférée à Paris, et ses vœux sont comblés lorsque la "translation" s’effectue 1859 sous le nom de Séminaire israélite de France. Cet établissement déménage ensuite deux fois, en 1865, puis dans des bâtiments définitifs construits à cet effet en 1881.
Il réorganise le Séminaire avec efficacité dans le même esprit de rigueur qu'il s'applique à lui-même, et il signe un projet d'établissement d'un Talmud Torah à Metz désormais privé d'école rabbinique. Il demeurera jusqu'à son décès directeur du Séminaire israélite, fonction qu'il cumule avec celle de professeur de Talmud et de méthodologie. Il est également directeur et professeur au Talmud Torah de Paris. Il reçoit alors le rang de grand rabbin.

En 1866, il n’est pas élu délégué à l'élection du grand rabbin du Consistoire central. Candidat au grand rabbinat de Paris en 1868, il fait un prêche qui ne convainc pas.

A l’appui de la protestation publiée le 21 avril 1870 dans L'Univers israélite par six rabbins orthodoxes du Haut-Rhin, Isaac Trenel désapprouve "hautement les doctrines subversives de ses disciples", c'est-à-dire les innovations libérales des rabbins anciens élèves du Séminaire.

Durant la guerre de 1870, il manifeste sa solidarité en mettant deux lits du Séminaire à la disposition de blessés militaires. Il opte le 8 mai 1872 pour la nationalité française.

Déjà officier d'académie en 1871, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur le 4 août 1875. Il est membre du comité de la Société des Études juives.

En 1882, il inaugure l'oratoire du nouveau Séminaire.
En 1889, il se porte candidat au grand rabbinat du Consistoire central vacant à la suite du décès de Lazare Isidor, mais il est emporté par la mort avant les élections. En effet, tombé gravement malade en 1886, il se faisait remplacer à temps partiel par le doyen de ses élèves, Jules Wolf, qui devint par la suite grand rabbin de La Chaux-de-Fonds.

Décédé en septembre 1890, Isaac Trénel est inhumé au cimetière de Montmartre.

Les enfants de Cécile et Isaac Trénel :
Ils auront au moins six enfants.
Leur fils aîné, Jacques (1858-1932), après des études secondaires au lycée Charlemagne, obtient l'agrégation de grammaire ; spécialiste de l'influence des langues bibliques sur la littérature française médiévale, il enseignera en dernier lieu au lycée Carnot et deviendra après sa retraite professeur d'études classiques au Séminaire israélite et à l'École normale israélite orientale. Jacques Trénel est le gendre du grand rabbin Isaac Lévy, dont il a connu la fille Rose quand il était professeur à Vesoul.
Leur fils cadet, Marc, aliéniste, est médecin-chef de l'hospice Sainte-Anne.
De leurs quatre filles, deux épousent des rabbins issus du Séminaire : Marianne épouse Simon Debré, et Régine, David Haguenau ; une troisième fille, Pauline, épouse un employé de commerce, Maurice Lehmann ; la quatrième est mariée au célèbre mathématicien Jacques Hadamard.

Œuvres :

Sources :


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