Le P.S.I.L. - Petit Séminaire Israélite de Limoges
par Max Warschawski,
ancien élève du P.S.I.L., Grand Rabbin honoraire du Bas-Rhin

Ce film a été réalisé lors de la guerre du Golfe en 1991. Le grand rabbin Warschawski avait été invité à participer au colloque de la Société d'Histoire des Israélites d'Alsace et de Lorraine pour parler du P.S.I.L., mais il s'était refusé à quitter Israël à l'heure du danger. C'est pourquoi cette cassette vidéo a été filmée, et elle a été projetée pendant le colloque en lieu et place du conférencier.

Les deux premières minutes du film sont légèrement brouillées, mais la suite offre une bonne qualité de vision.
En 1829, le Consistoire central remplaça la yeshiva de Metz par une école rabbinique, destinée à former les responsables religieux des communautés françaises. Après 1844 on exigea pour entrer à cette école (devenue Séminaire Israélite de France et transférée à Paris), une culture générale sanctionnée par le baccalauréat.

Or il n'existait en France à cette époque que des écoles juives primaires. Aussi ouvrit-on à Paris un Talmud Torah qui devait amener des jeunes au baccalauréat, puis leur permettre ensuite de se préparer au rabbinat.

Le nombre des futurs rabbins diminua au cours des années. Mais les élèves du Talmud Torah avaient au moins acquis un bagage de culture juive. Ce n'est que peu d'années avant la seconde guerre mondiale, que s'ouvrit à Boulogne l'École Maïmonide, à cette époque seul établissement secondaire juif en France.

Lorsqu'éclata la guerre, le séminaire fut transféré près de Vichy, pour retourner provisoirement à Paris jusqu'à l'armistice de 1940.

Lors de l'occupation allemande, l'École rabbinique s'installa près de Clermont-Ferrand, mais il n'y avait plus d'école préparatoire. Même les écoles juives existant auparavant avaient fermé leurs portes. Seule l'ORT ouvrit des écoles professionnelles.

Le consistoire s'inquiéta de cette situation. C'est alors que le rabbin de Limoges Abraham Deutsch za"l, encouragé par Léon Meiss, qui devint après la guerre président du consistoire central, eut le courage, en 1942-43 de créer une école secondaire qui devait remplacer l'ancien Talmud Torah .

Malgré le danger presque quotidien, le P.S.I.L. (Petit Séminaire Israélite de Limoges) fonctionnera jusqu'à la fin de la guerre. Même aux moments où le risque d'arrestation était quotidien, les cours pour les élèves de terminale eurent lieu dans l'appartement du Rabbin Deutsch, jusqu'à son arrestation, et le départ de certains des élèves pour le maquis E.I. dans le Tarn.

Le Rabbin Deutsch se consacrait beaucoup à son "enfant". Et c'est en pleine guerre que des jeunes passèrent le baccalauréat.

Le rêve de Léon Meiss avait été de voir sortir du P.S.I.L. les futurs rabbins qui auraient remplacé ceux qui avaient disparu en déportation, mais ce désir ne fut pas réalisé, et le séminaire après la guerre n'accueillit que deux ou trois élèves qui devinrent rabbins en France. A défaut de rabbins, le petit séminaire a été la pépinière d'où sortirent beaucoup de futurs responsables communautaires. Les écoles juives créées après la guerre l'ont été par d'anciens disciples du P.S.I.L..

Aujourd'hui, nous devons témoigner notre reconnaissance au grand rabbin Deutsch, qui a su œuvrer même sous l'occupation pour l'avenir du judaïsme français.


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