"DE LA DENTELLE"
La vie juive alsacienne et les fêtes au milieu du XIX° siècle,
d'après le témoignage du Grand Rabbin Moïse Schuhl.
par Eliane ROOS-SCHUHL
Communication au Colloque de la Société d'Histoire des Israélites d'Alsace et de Lorraine, 2003

Dans l'histoire juive, la Bible nous montre de bonnes conseillères de leurs époux, "femmes fortes", actives intendantes du domaine marital, et puis une prophétesse guerrière et femme d'État telle Debora. Autres belliqueuses : Yaël coupe la tête de Siséra et Judith celle d'Holopherne; plus tard, la Kahéna combat les envahisseurs arabes à la tête de sa tribu berbère. Mais la belliciste laisse bientôt place à la femme d'affaires. Cette nouvelle figure féminine seconde son marchand ou prêteur de mari et lui succède souvent, en Égypte (on en trouve trace dans les manuscrits retrouvés dans la Guéniza du vieux Caire), en France, en Angleterre. Certaines sont devenues célèbres telles dona Gracia Nassi ou Glückeln von Hameln. A noter qu'il y eut même des femmes-scribes : l'une calligraphia au Moyen Age un sidour, où, féministe, elle transforma la bénédiction matinale en remerciant Dieu de l'avoir créée... femme.

En Alsace, il y a un siècle et demi, vers le milieu du 19ème, époque de forte démographie, la population juive est encore essentiellement rurale. Des évocations de la vie à ce moment précis sont alors proposées, à qui ? Aux familles embourgeoisées des villes, une ou deux générations plus tard, par l'artiste Alphonse Lévy, par exemple, et par le grand rabbin Moïse Schuhl, mon bisaïeul, son contemporain.

L'artiste et le rabbin ont le même objectif : montrer à ces oublieux la manière dont on vivait son judaïsme "au bon vieux temps".

Le grand rabbin Schuhl est né à Westhouse, au sud de Strasbourg, études rabbiniques à Paris, rabbinat à Saint-Etienne, grand rabbin de Vésoul, d'Epinal, retraite auprès de ses enfants installés à Rouen, il a publié plusieurs ouvrages. Certains d'entre vous ont pu connaître son jeune frère, l'aumônier Justin Schuhl.  Moïse, parvenu à la cinquantaine, se retourne vers son passé. Il raconte la façon dont on vivait au village du temps de son enfance, au rythme des fêtes juives : en 1896 paraît la brochure : Nos usages religieux, souvenirs d'enfance. Nostalgie certes, plus une intention pédagogique flagrante. Eneffet, le rabbin-enseignant s'estime être le gardien de la chaîne des traditions, responsable de la transmission de valeurs ancestrales valables et précieuses,menacées par la vie moderne.
L'humour n'est pas absent de ces descriptions.

Alphonse Lévy : Berchess

Selon la tradition, les femmes sont dispensées de toute mitsva, tout commandement lié au temps, ou plus précisément à un instant précis, où les soins de leur progéniture sont prioritaires. Alors confinées au foyer ? aux fourneaux ? si l'on croit les dessins et commentaires suggestifs d'Alphonse Lévy, pour qui la "bonne Judefrau de l'Ecriture (Esheth 'hayil).... consciente de sa force", rayonnante, roule des matzeknepfle, fait admirer à son mari radieux une carpe à la juive, un beau kugel fumant, un super kouglof, un bouillon aux frimsel, "vermicelles frais... qu'elle vient de pétrir elle-même" !! Elle crée des merveilles, tels des berchess pour le samedi ou le kauletsch, brioche au beurre de Shavouoth.

La question se pose: femmes bonnes cuisinières mais incultes ? analphabètes ? Que non ! En témoignent ces "dentelles" de papier décrites par le rabbin : De la dentelle ? Pourquoi ? L'on façonnait les trousseaux à domicile: toile de lin écru, à raies rouges pour les nappes, que les jeunes filles et femmes brodaient de coton rouge, de même qu'elles brodaient les mappoth de leur petit garçon - mais pas de dentelles. En revanche, lorsqu'il s'agit de compter l'Omer, soir après soir, sans la moindre erreur, à partir du deuxième jour de Pâque (Pessah) jusqu'à la veille de Pentecôte (Shavouoth), les femmes ne sont pas en reste :

"De peur de se tromper nos aïeules, celles du moins qui n'avaient pas le temps d'assister à l'office (...) pointaient chaque soir le quantième du lendemain avec une épingle qu'elles fixaient à l'endroit voulu: à la longue, les pages du livre ressemblaient à une véritable étamine" (Nos Usages... p.32).
Remarque malicieuse empreinte de tendresse, qui apporte confirmation de l'observance pointilleuse des pratiques de ces dames et de leurs connaissances en hébreu. C'est d'ailleurs le plus souvent en hébreu qu'elles signent leur nom sur les contrats notariaux.

Comment passent-elles la journée de repos shabatique, après les fatigues de la semaine ? Filles et femmes juives d'Alsace profitent des loisirs de ce jour chômé pour prier, chez elles et à la synagogue. Au moment de leur mariage, leur promis leur a acheté une place attitrée :

"le futur époux, pour témoigner tout l'attachement qu'il porte à la future épouse, lui fait (...) donation à titre de don marital (...) d'une somme de six cents francs (...) Il apporte également deux places à la synagogue, une place d'homme, une de femme ."

Visites familiales et promenades dans la campagne proche font aussi partie des activités du jour. Dans la journée du samedi, les enfants vont visiter tous les membres de leur famille, grands-parents, oncles et tantes, cousins et cousines. Chacun leur donne des friandises et des fruits, qu'on appelle en Alsace "Schabbasobst" (fruits du Shabath), fruits qui consistent le plus souvent en noix grillées l'hiver. Le tissu villageois est serré, la sociabilité forte. Elle se perdra progressivement avec l'exode rural.

Le Shabath, c'est le jour consacré à l'étude des textes sacrés. Les femmes n'étudient certes pas autant que le devraient les hommes. Elles ne connaissent cependant aucune interdiction en ce domaine. Pendant que leurs grands fils et époux vont assister à une conférence, elles lisent les péricopes bibliques hebdomadaires, les haftaroth qui les accompagnent et prennent "un réel plaisir" à consulter, notamment, deux ouvrages, l'un en yiddish, l'autre en hébreu avec traduction et commentaires en Jüdisch Taitsch (noté soit en caractères hébraïques, soit par l'alphabet particulier judéo-allemand, qui correspond à l'écriture dite "Rachi") :

"Le Tseéna oureéna et le Menorat Hamaor étaient leurs lectures préférées" (p.41) .
Le "Sortez et Regardez, Fille de Jérusalem", de rabbi Jacob Askénazi et le "Chandelier de Lumière", de rabbi Isaac Aboab ha-Séfardi, l'Espagnol ! Le texte est accompagné d'anecdotes midrachiques et de récits moralisants populaires.

Avant le compte de l'Omer dont nous avons parlé, pendant les deux semaines qui précèdent Pessah, il n'est question que de tout récurer dans la maison. Le chroniqueur juge, avec amusement, que les femmes exagèrent leur interprétation de ces préparatifs, car : "elles profitent de cette circonstance pour faire blanchir les plafonds, repeindre les boiseries, renouveler les papiers peint et pour nettoyer à fond les meubles et les chambres dans tous les coins et recoins. (...) Ne serait-il pas inopportun de les décourager, surtout aujourd'hui où l'on parle tant de microbes ?"

© M. Rothé
D'ailleurs, auprès de leurs compagnes, il arrive que les hommes participent aux soins du ménage. L'usage, selon l'auteur, est fondé sur des bases classiques :
"les hommes les plus graves ne croient pas déroger à leur rang et à leur dignité en faisant le vendredi quelques préparatifs pour le Shabath (...) il suffit d'un travail quelconque, généralement facile, comme la préparation des mèches de la lampe, pour rendre hommage au Shabath"(p.38; U.I. 51, 7 février 1896, p.634).
La lampe en question, c'est la fameuse Judenstern, la lampe traditionnelle du Shabath à six ou huit becs, présente dans toute lithographie d'Alphonse Lévy.

"Après avoir, la veille de la fête de Pessah Pâques, ramassé les dernières miettes de pain... posées sur un meuble dans chaque chambre (et) recueillies sur un bardeau à l'aide des plumes d'une aile d'oie, on les réunit pour les brûler dans la cour où les enfants tâchent de ramasser beaucoup de bois et de fagots pour que la flamme monte bien haut et dure longtemps." (p.30 ; U.I.,17 janvier 1896, p.544)

Un feu de joie que l'on retrouve en plein hiver, ce divertissement particulièrement cher aux enfants a disparu depuis que l'huile a été remplacée par les bougies. Les mèches étaient renouvelées chaque soir, et celles qui avaient servi la veille étaient récupérées soigneusement par les enfants qui, le lendemain de Hanouka les réunissaient toutes en un tas et y mettaient le feu. Les mèches, encore humectées d'huile, flambaient facilement, et les petits garçons et les fillettes sautaient joyeux, à plusieurs reprises par-dessus la flamme. Il est inconcevable de voir ces usages se perpétuer en ville !

De même pour les matzoth à consommer pendant les huit jours de la fête (p.29), qui se confectionnaient en famille, pendant une soirée et une bonne partie de la nuit :

"les femmes pétrissaient la pâte (...) tout de suite aplatie par un rouleau (...) ; les jeunes gens découpaient cette pâte en pains ronds ou carrés, que les enfants trouaient vivement avec de petites fourches, terminées par plusieurs pointes de fer; enfin le maître de maison enfournait les pains..."

Après les sept semaines de l'Omer , vient la fête joyeuse du don de la Loi, Shavouoth, Pentecôte.

"Il est d'usage dans certaines communautés de joncher la synagogue de verdure et d'y représenter le mont Sinaï avec quelques planches recouvertes d'herbe et ornées de deux tables de la Loi " (p.34).
Ce qui n'est pas sans rappeler les crèches des églises !
"Les membres des associations pieuses se réunissent le soir de Schavouot, comme le soir de Hoschana Rabba et pendant toute la nuit ils lisent et étudient quelques passages de l'Ecriture Sainte et de la Loi orale, chez l'un ou chez l'autre à tour de rôle."(p.34-35)
Encore un signe qui dénote une solide culture juive, souvent déniée.... Et qui vient leur apporter les pâtisseries traditionnelles au bout de quelques temps, si ce n'est la maîtresse de maison.

Autre vertu féminine : la générosité. Elle prend ici deux formes principales au point de vue social. D'abord les dons discrets faits aux démunis :

"C'est surtout pendant les (dix) jours de pénitence qu'il faut nous souvenir des pauvres, si nous voulons nous rendre Dieu favorable (...) Plus d'un d'entre vous se rappelle sans doute avec émotion qu'étant enfant, il fut chargé par sa mère, la veille de Rosch-Haschana et de Yom-Kippour, d'aller porter discrètement aux pauvres de l'argent ou des provisions. Ce rôle d'aumônier précoce, qui ne vous rendait pas peu fiers, a certainement déposé dans votre cœur des germes féconds de bonté et de commisération.(Nos Usages, p.7; Univers Israélite, 51,15 nov. 1895, p.252)

Puis lors de Pourim, la fête de la reine Esther, qui nous prescrit l'envoi mutuel de présents :

"Les pauvres (...) vont de maison en maison offrir des sucreries, qu'ils présentent sur une assiette; les personnes à qui ils font cette gracieuseté acceptent un bonbon ou un gâteau et mettent délicatement sur l'assiette une pièce d'argent."
Cette fête servait de prétexte à de bruyantes manifestations que le rabbin Schuhl estime incompatibles avec la dignité solennelle des nouvelles synagogues, et qu'il se félicite de voir disparaître !!

© M. Rothé
Une autre façon d'appliquer les règles de la tsedaka est d'inviter régulièrement un nécessiteux à la table familiale lors des repas de fêtes. Et tous prêtent l'oreille aux récits du convive, qui, ainsi, paie son écot :
"L'honneur de réciter les grâces est souvent offert au pauvre passager que l'on a invité pour le repas du vendredi soir. Les mendiants ambulants, qui voyagent pendant une grande partie de l'année et vont chaque jour à un autre endroit, choisissent, pour y passer le Shabath, la Communauté qu'une longue expérience leur a fait reconnaître pour la plus hospitalière.(...) Ceux qui sont proprement vêtus éprouvent rarement un refus. Quant à ceux qui savent charmer les longues soirées d'hiver par le récit d'histoires intéressantes, ils n'ont pas besoin de solliciter longtemps un dîner, ni d'accepter une invitation chez le premier venu : on se les arrache, c'est à qui les aura à sa table" (p.39-40).
Cette description souriante du fameux mendiant itinérant, le schnorrer, est exacte. Ce personnage haut en couleurs, fort de son bon droit, ne remercie jamais ses hôtes puisqu'il leur offre, lui, l'occasion de remplir leurs obligations religieuses envers les indigents. Il avait dans les campagnes une double fonction de messager "gazetier ambulant" et de "schadchen", marieur.

Pendant l'été, l'on vit dans la crainte - un peu superstitieuse -

"de l'époque néfaste des Trois semaines qui séparent les deux jeûnes du 17 tamouz et du 9 av (tischepof), car c'est une période où le peuple juif connut de nombreux malheurs dans son histoire. La mère interdit alors plus que jamais à ses enfants turbulents d'aller se baigner dans la rivière, "de monter sur une échelle ou de se pencher par la fenêtre" (p.36).

La fin de l'été annonce les "jours redoutables" du mois de tishri : Rosh-Hashana et Yom Kippour.

"On s'y apprête par une visite au cimetière (kever avoth, keferofeuss en judéo-alsacien), souvent le premier jour des Selihoth, pour se rendre, parfois de fort loin, sur la tombe des ancêtres ou des proches" (p.5).
Tous les adultes y participent, alors que le sexe dit faible n'a pas coutume d'assister aux enterrements.
"Une femme est justement là, qui vous puise de l'eau pour que vous vous laviez les mains en vous retirant du cimetière. C'est l'occasion de lui faire la charité, car, si Dieu juge toutes les actions des hommes et décide de leur sort la pénitence, la prière et l'aumône annulent l'arrêt que Dieu a prononcé contre nous."

L'auteur décrit ensuite le climat distinctif du Jour de l'An :

"Fête austère, qui nous remue jusqu'au fond du cœur ! Au moment où le schofar résonne dans la synagogue aux offices des deux jours de Rosch Haschana, on trouverait difficilement, hormis les malades et les impotents, un être humain dans les maisons israélites. (...) Les femmes et les jeunes filles ont quitté les soins du ménage pour aller à la synagogue entendre le schofar ; on s'est même cru obligé d'y amener les enfants en bas âge."
Climat d'intense émotion, les adultes presque tous vêtus de blanc, "symbole de la pureté du cœur".(p.10).

"Les hommes se couvrent du linceul en toile blanche, le sarguenos, qu'ils ont fait confectionner (généralement par leur épouse) dès la première année de leur mariage et dont on revêtira un jour leur dépouille mortelle.(...) Les femmes ont renoncé à leurs parures et à leur toilette de cérémonie pour se vêtir d'une robe blanche qui n'a aucune prétention à l'élégance."

Alphonse Lévy croque ces femmes en blanc, toute alanguies et fatiguées du jeûne dans la cour de la synagogue. Quant au port du sarguenos par les hommes, "l'habitude, se plaint le rabbin à la fin du 19ème siècle, l'habitude... se perd de plus en plus dans les grands centres (urbains)". La ville - synonyme de lieu de perdition !

La veille de Yom-Kippour a lieu la cérémonie de la Kappara : elle consiste à faire tourner un coq (vivant), autour de la tête des hommes et une poule (blanche) autour de la tête des femmes en prononçant les mots suivants :"Que cette volaille te soit substituée et te serve d'expiation (...)"
C'est l'équivalent du bouc émissaire ; les maîtres en ont vainement combattu l'usage.

"On donnera les volailles saignées aux pauvres, ou, ce qui est encore mieux, on en distribue aux pauvres la valeur en argent" (p.14).

A la fin des jours austères, c'est la fête joyeuse de Soukoth qui tombe le quinze du mois de tishri. Les cabanes dressées, ou aménagées dans une partie du grenier, chaque année, symbolisant également la protection divine qui s'exerce constamment malgré la précarité de cet abri, image de la condition humaine. Dans la matinée du 14 l'on

"cherche dans la forêt voisine des rameaux de chêne qui seront mis sur le toit de la soucca."
"Le chef de famille, assisté de ses jeunes enfants, lie ensemble la branche du palmier (loulav), trois rameaux de myrte (hadass) et deux rameaux de saule (arava) qui avec le cédrat (etrog), forment les quatre plantes que l'on doit réunir en faisceau, et tenir dans sa main au temple, pendant la prière des sept jours de Souccot (Lévitique 23:40), pour remercier Dieu des différents produits de la terre, aussi bien des plantes vulgaires, représentées par l'humble saule, que des arbres majestueux et des fruits au doux parfum, comme le palmier et le cédrat.(...)"

Et le rabbin d'insister sur l'importance symbolique du bouquet qui unit en fait toutes les composantes de la végétation et.... de la société, humbles et célébrités, érudits et ignorants, hommes et femmes d'action et les autres. Autre métaphore véhiculée par le loulav : les végétaux proviennent de contrées lointaines. Ils sont imprégnés d'une aura due à leur exotisme, rappel du pays encore mythique de la terre d'Israël.

"Les femmes, les enfants, comme les hommes, font la prière du Loulab ; ils se garderaient bien (...) de déjeuner avant d'avoir pris le Loulab à la main et dit la Beracha." (p.19)

Au plus profond de l'hiver, voici Hanouka, fête des lumières.

"Il y a un quart de siècle, on ne se servait pas d'huile pour les lumières de Hanouka. Les maîtresses de maison, trouvant sans doute que les tâches produites sur le plancher par l'huile tombée sont trop difficiles à enlever, ont obtenu que l'on n'emploie plus guère que des cierges minces ou des bougies filées, vulgairement appelées "rats de cave", (p.24-26; U.I. n° 51, 3 janvier 1896, p.480).

D'après ces notes inédites, le grand rabbin Schuhl comptait rédiger un ouvrage en quatre parties (la fille, l'épouse, la mère, la femme active dans la citée) en dressant un tableau comparatif de "la condition sociale et religieuse" des femmes selon les docteurs de la loi - souvent d'avis contraires - et suivant le code civil. Son projet fait aussi référence à Montaigne, à Paul Gide et à d'autres ouvrages savants.

En ce qui concerne le statut de la femme, personnellement, Moïse Schuhl estime, au tournant du 20ème siècle, que, puisque les femmes ont souvent autant d'instruction que les hommes, elles devraient être autorisées à compléter le minyan des dix hommes nécessaires pour un office complet. C'est une position libérale hardie, souvent proposée pour palier le faible nombre de fidèles réguliers. Elle est très discutée à l'époque, surtout en province où le quorum est difficile à réunir. Pour sa part, le grand rabbin ne franchit jamais le pas.

En ethnologue bienveillant, l'auteur a dépeint les mœurs de villageois dont la pratique religieuse fait corps avec la vie à chaque instant. Il a conté ceci avec précision et un humour complice, sans négliger d'indiquer en note les sources (bibliques ou rabbiniques) des faits et gestes décrits. Il a mis l'accent sur ce qu'il jugerait crucial :

"L'influence bienfaisante (du) culte domestique... et les douces satisfactions (qu'il) procurait" (p.42)

Les liens familiaux et communautaires évoqués sont étroits. Il règne une grande convivialité, une extrême attention aux malchanceux, aux démunis. Les femmes jouent un rôle dans ce tissu social et ... ne se cantonnent pas dans la dentelle.


Rabbins Judaisme alsacien Histoire
© A . S . I. J . A .