Lion Mayer LAMBERT
(1781 - 1863)
Directeur de l'École centrale rabbinique, grand rabbin de Metz


Né à Pontpierre en Moselle, Lion Mayer Lambert est le fils Fils de Simon Mayer Lambert, instituteur à Metz puis rabbin à Pontpierre, et de Hanna Bing.
Différentes dates de naissance lui sont attribuées dont de mars 1787, mentionnée dans l'acte de notoriété dressé pour son mariage.,

Lion Mayer Lambert passe une quinzaine d'années à Francfort, d'abord comme élève à la yeshiva du rabbin Horwitz puis comme professeur de français à l'École philanthropique.

Pourvu d'une solide expérience pédagogique et auteur de plusieurs ouvrages tant en français qu'en hébreu et en allemand, il est nommé instituteur de l'école élémentaire israélite de Metz en 1818, année de la fondation de l'établissement. Il en est le seul enseignant, à l'origine pour cinquante élèves.

En 1821, il reçoit de Jacob Meyer, grand rabbin de Strasbourg, le diplôme de docteur de la loi judaïque et se présente au grand rabbinat de Metz contre Samuel Wittersheim qui sera élu.
Cette même année, il devient directeur de l'ancienne yeshiva de Metz, qui sera transformée en 1827 par le Consistoire central en "école centrale de théologie".

Le 7 mai 1822, il épouse à Metz Minklé (alias Minette) Worms, née le 5 nivôse an XII [27 décembre 1803] à Metz, fille du rabbin Aron Worms et de Kendelé Lévy.

En 1829, il est nommé directeur de la nouvelle École centrale rabbinique de Metz, habilitée à dispenser un diplôme national, et qui remplace l'école de théologie. Il y assure également l'enseignement de l'hébreu et de l'histoire juive. A la mort d'Aron Worms, son beau-père, qui est alors grand rabbin de Metz, il se présente à sa succession ; l'élection, d'abord fixée au 2 août 1836, sera retardée pour supplément d'information jusqu'au 25 octobre 1837 ; il la remportera après une joute animée contre Moïse Durkheim, Mayer Lazard, Louis Morhange et Salomon Ullmann. Il est nommé grand rabbin de Metz par ordonnance du 18 décembre 1837 et installé le 18 janvier 1838, après avoir prêté serment le 12 janvier.

C'est une personnalité originale, un des premiers rabbins français qui aient uni à la science rabbinique une culture moderne, comme en témoignent ses travaux : un Catéchisme du culte judaïque en hébreu, français et en allemand (1818) ; un Abrégé de grammaire hébraïque (1820) ; un Précis de l'histoire de Hébreux, depuis le patriarche Abraham, jusqu'en 1840. Il manifeste une grande ouverture à la culture profane et à l'enseignement moderne qu'il estime nécessaires autant pour les enfants juifs des campagnes de sa circonscription que pour l'éducation de ses propres fils ; il se préoccupe particulièrement de l'enseignement donné aux jeunes juifs de la campagne mosellane. Il est ouvert aussi, mais sans militantisme, à l'usage du français.

Comme d'autres rabbins de sa génération, il ne met pas les prêches au premier rang de ses préoccupations, ne prêchant, d'une voix peu audible, que deux fois par an et plutôt en allemand qu'en français ; les lettres pastorales du début de son ministère sont publiées en deux colonnes, français et allemand. De plus, en matière cultuelle, il est farouchement attaché au maintien absolu de la tradition.

L'un des premiers actes de son ministère, en 1839, est de s'élever contre le projet d'organisation du culte israélite présenté aux consistoires (et qui aboutira à l'ordonnance du 24 mai 1844). Il défend violemment et publiquement sa position contre Adolphe Crémieux, alors président du Consistoire central, en appelant directement au ministre des Cultes et à l'opinion publique, pour contrecarrer la prééminence croissante des laïcs sur les rabbins au sein des consistoires. En 1846, il signe avec Seligman Goudchaux, grand rabbin de Colmar une lettre pastorale où ils affirment "l'immutabilité de la loi". Cependant, après l'entrée en vigueur de l'ordonnance, il se résigne à appliquer ses dispositions.

Son aménité naturelle, attestée par la plupart de ses contemporains, fussent-ils ses adversaires, fait place à une brusquerie abrupte quand il s'agit de défendre la tradition religieuse : d'où maints commentaires ironiques et attaques virulentes contre lui de la part des partisans de la réforme du culte, ainsi qu'un conflit ouvert avec les membres laïques de son consistoire, favorables au projet d'ordonnance. En 1842, son consistoire ayant démissionné en bloc, il doit assumer seul les tâches administratives et comptables.

En 1840, il prescrit un jeûne ou une aumône à la mémoire des persécutés de Damas, et publie unr lettre pastorale en faveur des inondés de Lyon. En 1842, il intervient en faveur du Comité de bienfaisance de Metz et inaugure de la salle d'asile israélite de Metz.
En 1843 il s'associe à la campagne de consultations religieuses des grands rabbins visant à en obtenir l'abolition de l'antique du serment more judaico ; il refuse le ler juin 1843 de le faire prêter devant le tribunal de première instance de Metz dans un procès entre juifs.

A partir de 1847, il soutient le grand rabbin de Colmar Salomon Klein dont il partage la position religieuse. En 1853, il signe la lettre d'adhésion à la circulaire des "Amis de la vérité" qui appuie la candidature de ce dernier au grand rabbinat du Consistoire central.

En 1856, il met en avant son âge pour expliquer son absence à Paris à la conférence des grands rabbins convoquée par Salomon Ullmann.

Président de la commission administrative de l'École centrale rabbinique après l'avoir dirigée pendant dix ans, il bataille contre les critiques récurrentes faites à l'École et tente d'en retarder le transfert à Paris, qui aura lieu néanmoins en 1859. Il réagit en créant à Metz, en janvier 1860, une Société pour l'enseignement religieux, dite Talmud Torah.

Au déclin de sa vie, sa santé défaillante le fait recourir à l'aide de son fils Eliezer, frais émoulu du Séminaire israélite. Sa nomination dans l'ordre de la Légion d'honneur est suggérée par la rédaction de L'Univers israélite sans qu’il n’eût jamais fait acte de candidature.
Il décède 16 janvier 1863 à Metz.

Minklé et Lyon Meyer Lambert auront six fils : Abraham, membre du consistoire de Metz, avoué à Thionville puis à Nancy ; Émanuel ; Simon, membre du consistoire de Strasbourg ; Éliézer ; Élie, élève de l'école normale d'instituteurs de Metz puis instituteur à l'école primaire israélite de Metz et ensuite son directeur, auteur de publications religieuses, par ailleurs père de l'hébraïsant Mayer Lambert ; Isaac, huissier à Metz, membre du consistoire de Metz avant de se retirer à Versailles.

Plusieurs de ses descendants se tourneront vers les carrières juridiques, mais figurent aussi parmi eux, outre Mayer Lambert, des enseignants, un astronome, un médecin physiologiste.

Principales publications :

Source : Dictionnaire biographique des rabbins, Berg International Editeur, 2007

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