Réflexions sur l'Identité juive
Grand Rabbin Meyer Jaïs


Le judaïsme est la réponse apportée par la Torah, au triple problème du monde, de l'homme et de Dieu. Il implique un certain nombre d'affirmations qui peuvent se résumer ainsi :


  1. Sacrifice d'Isaac



    Bénédiction de Jacob



    les Tables de la Loi



    Moïse frappe le rocher



    Sagesse de Salomon



    Nostalgie de Sion

    Ces images sont extraites d'un Mizrah (tableau indiquant l'est vers lequel on se tourne pour prier), imprimé à Wissembourg

    Le monde n'est pas comme dans la philosophie grecque une sorte de dégradation du divin. Il résulte d'un acte positif de Dieu qui l'a voulu délibérément. Il l'a tiré du néant. Il lui a donné comme base la Justice et la Charité et Il fut satisfait de son œuvre.
  2. Dieu a couronné celle-ci en formant l'homme à sa ressemblance. Il l'a gratifié de la liberté. Il en a fait un centre d'initiative pour pouvoir l'élever au rang de partenaire et il lui a confié un rôle capital. Ce rôle consiste essentiellement à parachever le monde en inscrivant dans l'Histoire la volonté de Dieu qui, par amour, a fait en sorte qu'elle ne puisse régner ici-bas que par l'intermédiaire des volontés humaines.
  3. Ce privilège, qui fait la dignité et la grandeur de l'homme, est la plus grande grâce qu'Il ait pu lui accorder. Elle est insurpassable, inaltérable et inaliénable. Rien ne prévaut contre elle. La désobéissance d'Adam n'a entraîné aucune malédiction de l'homme, ni entamé en rien son dynamisme spirituel.
  4. D'Adam, descend le genre humain tout entier. Toute notion de race se trouve radicalement niée par le judaïsme, qui pose au contraire la fraternité universelle et l'égale dignité de toutes créatures humaines, qu'elles tiennent de l'image divine qu'elles portent en elles.
  5. C'est pourquoi Dieu qui veille sur elles, comme un père sur ses enfants, a conclu une Alliance avec Noé, demeuré seul juste au milieu d'une humanité corrompue. Cette Alliance englobe le genre humain tout entier et reste valable jusqu'à la fin des siècles. Elle comporte sept commandements, qui représentent le minimum des exigences morales permettant à tout homme d'accomplir ici-bas sa destinée spirituelle et d'avoir droit à la félicité du monde futur. Les Justes de toutes les nations qui, selon nos Sages, ont part à la béatitude éternelle, sont précisément ceux qui observent la loi noahide.
  6. Les descendants de Noé, à leur tour, rejetèrent toute discipline morale. C'est alors qu'au bout de dix générations, Abraham surgit.
  7. Abraham est né en Mésopotamie. Il était fils d'idolâtre. Son père fabriquait des statues. Il pratiqua lui-même le culte des idoles, mais, encore enfant, il prit conscience de l'absurdité des croyances de son temps et de son milieu, et se mit à réfléchir.
    La conception de Dieu et de la vie religieuse, à laquelle il s'éleva de lui-même et d'un seul bond, fut si pure qu'il devint l'archétype de la foi. S'en réclament aujourd'hui, non seulement la chrétienté et l'islam, mais aussi quiconque a le sens des valeurs spirituelles. C'est à lui que l'on doit la découverte du monothéisme éthique qui marque un tournant décisif dans l'histoire de l'humanité. C'est de lui et de personne d'autre que date le "saltus", le fameux saut dont parle Bergson dans les Deux Sources de la morale et de la religion, et qui marque le passage de l'âme close à l'âme ouverte, de la morale statique à la morale dynamique, de l'esprit de clan à la notion de république universelle. Il se situe donc bien au-delà de ce que la loi noahide exige du commun des mortels. Depuis Abraham, plus rien n'a été inventé dans le domaine de la vie spirituelle.
  8. L'originalité de sa foi se caractérise par les vérités suivantes :
    1. La nature n'est pas naturelle. Loin d'être la cause de toutes choses, elle n'est elle-même que le produit d'un Etre suprême, tout puissant, souverainement bon et intelligent, qui ne se confond avec aucune de ses oeuvres et qui continue à veiller sur la création avec un amour infini.
    2. Ce Dieu un, immatériel, pur esprit, est radicalement autre. Sa transcendance est hors de portée de l'entendement humain. Nous ne pouvons pas savoir ce qu'Il est en lui-même. De l'infinité d'attributs que sa nature renferme, il n'est donné à l'homme de n'en connaître que deux : la justice et la charité.
    3. Dieu se définissant pour l'homme par ces deux vertus, il s'en découle que piété et moralité ne forment qu'une seule et même réalité. Il ne saurait donc y avoir entre elles le moindre divorce. On ne peut même pas parler de primauté de l'une sur l'autre. La foi fournit à la morale son fondement, et la morale constitue le critère de la foi. L'amour de Dieu ne va pas sans l'amour du prochain. Tout décalage entre eux les ruine irrémédiablement: Il n'y a de pire sacrilège que la justification théologique du crime. Inversement, quiconque, au nom de Dieu, traite le prochain comme une fin en soi, réalise la volonté suprême du Très-Haut.
    4. Il découle enfin du monothéisme éthique d'Abraham que la vie religieuse ne peut être qu'une imitation, ou plus exactement qu'une expérimentation de la vie divine. Il n'y a donc pour l'homme de connaissance positive de Dieu que par l'action, et ce n'est que par l'action que peut s'effectuer l'union avec Dieu.
  9. La propagation de cet idéal, qui trouve sa plus parfaite illustration dans l'intervention d'Abraham en faveur de Sodome et de Gomorrhe, et d'autre part dans l'histoire du sacrifice d'Isaac, devient la raison d'être de notre patriarche.
    Le message d'Abraham reflète si fidèlement la pensée profonde de Dieu, que c'est par lui qu'Il choisit de se faire connaître à l'humanité. L'Alliance qu'Il conclut avec lui n'annule en aucune façon celle de Noé. Bien au contraire. Elle n'a d'autre but que de veiller sur sa véritable orientation et de la rendre plus efficiente.
  10. En récompense, Dieu promet à Abraham de lui donner une nombreuse postérité, appelée comme lui-même à être une source de bénédictions pour tous les peuples de la terre. Il le soumet à dix épreuves pour faire entendre à tous que ses seuls motifs de préférence sont la piété et la vertu.
  11. Le signe de cette Alliance est la circoncision. Inscrite dans notre chair, elle est faite pour nous rappeler à tout moment, et en toute circonstance, notre rôle de témoins de Dieu.
  12. La vocation d'Abraham est donc essentiellement sacerdotale. C'est par elle seule qu'il s'est distingué du reste de l'humanité.
  13. Cette vocation est héréditaire. Encore faut-il qu'elle soit revendiquée. C'est pourquoi, parmi tous les enfants d'Abraham, seul Isaac en sera dépositaire. Inversement, des hommes, sans aucun lien de parenté avec Abraham, la posséderont et feront partie de sa lignée. Tout prosélyte devient fils d'Abraham. Les Pirqué Avoth indiquent les qualités morales faisant de chacun le disciple d'Abraham.
  14. De même, des deux fils d'Isaac, seul Jacob voudra l'assumer. Le rêve qu'il fit en quittant Beer Scheva, indique le moment précis où, par une décision personnelle, notre troisième patriarche s'est approprié la mission de ses pères.
  15. A partir de Jacob, cette vocation perd son caractère individuel et devient une tradition familiale. Elle passe en effet à tous ses enfants, et par ceux-ci, à toute la maison d'Israël.
  16. Toutefois, le passage ne s'opère pas automatiquement. Libérés de l'esclavage d'Egypte, qui les avait mis à même de mesurer à leurs dépens toute l'inhumanité d'un monde non éclairé par la foi d'Abraham, les Hébreux, conduits par Moïse, prennent au Sinaï l'engagement pour eux-mêmes et pour toutes les générations à venir, d'avoir pour seule loi et dans tous les domaines, la volonté de Dieu.
  17. Par l'Alliance du Sinaï, la vocation d'Abraham devient une aspiration nationale. C'est par elle que la Maison d'Israël est promue au rang de peuple, dans le sens habituel du terme. Soumis à toutes les sujétions qui pèsent sur les Etats, il s'en sépare radicalement, en ce que, loin de chercher sa fin en lui-même et de proliférer pour proliférer, tel un tissu cancéreux, il se fixera comme but exclusif d'édifier ici-bas le royaume de Dieu, en fondant la vie morale sur la charité, la vie sociale sur la justice, et la vie internationale sur le droit.
  18. C'est pourquoi la Torah - Charte du peuple d'Israël- renferme-t-elle les principes qui doivent régir l'individu et la société, sur le plan moral, social, économique, politique et international. Elle embrasse donc le réel sous tous ses aspects. Aucun domaine pour elle ne saurait être neutre. A eux tous, ils constituent la matière même de la vie spirituelle, qui n'est qu'une fiction si elle ne s'évertue pas à spiritualiser le temporel.
  19. Quant aux lois cérémonielles, aux commandements proprement religieux, dans le sens étroit du terme, tels que l'observance du Shabath, les prescriptions alimentaires, les jeûnes et tant d'autres mizvoth, elles n'incombent qu'à Israël. C'est pourquoi le judaïsme ne vise pas à l'universalité. Il ne tend pas à imposer ses dogmes et ses lois particulières à l'ensemble de l'humanité, ce qui ne peut aller sans un esprit de totalitarisme. Il se veut universaliste. Il reconnaît aux autres le droit d'être différent sur le plan dogmatique, pourvu qu'au nom de leur foi, ils prêchent la même morale que la Torah, et que, comme elle, ils lui reconnaissent un rôle déterminant dans l'économie du salut.
  20. Ces commandements religieux sont comme les attributs de l'ordre sacerdotal que constitue Israël. Leur but est d'amener chaque Juif en particulier, et le peuple d'Israël dans son ensemble, à se sentir constamment devant Dieu, et à remplir à tout instant leur fonction de prêtres. Il n'y a donc pas de grande et de petite mitzva. Expression de la volonté de D., elle- contribuent toutes et au même degré, à former la personnalité juive et sà. lui donner toute sa densité, en vue de rendre Dieu présent au monde. Toute négligence à cet égard entraîne une perte de substance, une défiguration et éloigne la Chekhina, la Présence divine.
  21. L'étude de la Torah, telle qu'elle a été interprétée par le Talmud, et la culture juive, n'ont de sens et de valeur que parce que la connaissance exacte de la volonté de Dieu est absolument indispensable à sa réalisation à tous les niveaux.
  22. C'est pour administrer la preuve que la spiritualisation de la totalité du temporel n'est pas une utopie, mais le but même que tout peuple doit poursuivre, pour justifier son droit à l'existence, que le pays de Canaan a été donné à Israël. Il n'est devenu le sien qu'à la condition d'y faire rayonner cet idéal moral.
  23. C'est que les valeurs spirituelles et morales, en raison même de leur universalité, n'ont de réalité et ne deviennent des forces que dans la mesure où elles sont incarnées par une société particulière qui en fait la grande affaire de sa vie.
  24. On aperçoit dès lors la dimension théologique de l'Etat d'Israël. Avec la Torah et Dieu, il constitue, selon le Zohar, une seule et même entité. La place qu'il occupe dans notre économie religieuse est donc essentielle. Le messianisme juif passe obligatoirement par l'Etat d'Israël. On comprend l'hostilité à son égard des deux grandes religions qui se réclament également de la Bible. Elles acceptent à la rigueur que nous soyons un peuple, et que même nous ayons le génie de la religion comme d'autres peuples ont celui de l'art, du droit ou des mathématiques. Ce qu'elles ne peuvent admettre, c'est que l'Etat d'Israël soit par définition un Etat messianique.
  25. Toutes ces considérations nous permettent de saisir la nature de la crise qui sévit dans le judaïsme. Elle vient de ce que, d'une manière générale, le Juif s'accepte comme Juif, mais refuse la fonction sacerdotale qui en exprime l'essence.
  26. Il en résulte que, dans leur immense majorité, les Juifs se définissent moins par une adhésion positive à la Weltanschauung, à la Vision du monde selon la Torah, que par leur allergie à celle des autres confessions.
  27. Leur identité, toute négative, repose la plupart du temps sur le fait qu'issus de parents juifs, ils sont désignés comme tels par les autres.
  28. Il faut reconnaître aussi que le judaïsme étant un style de vie qui embrasse l'existence sous tous ses aspects, il est rare que tel ou tel d'entre eux ne parvienne pas à canaliser la passion mystique que tout Juif éprouve ataviquement pour la culture, l'action sociale, la justice, le respect de la personne humaine et toutes les vraies valeurs.
  29. De là la tendance de plus en plus marquée de nos jours à penser qu'il y a une multiplicité de définitions du judaïsme, dont aucune ne doit être privilégiée, chacune d'entre elles se suffisant pleinement à elle-même.
  30. Une telle attitude révèle une grave méconnaissance du judaïsme, qui est non pas une religion, dans le sens habituel de ce terme, mais une vocation qui mobilise et unifie toutes les ressources de la personne, au service de la réalisation d'un plan cosmique où se trouve engagée sa destinée dans ce monde et dans l'autre, et dont dépend la royauté de D.
  31. Entité indivisible, le judaïsme comporte une multiplicité de facettes. Vouloir en détacher une et la prendre pour le tout, est non seulement le défigurer mais dissoudre son essence.
  32. Le judaïsme ne saurait donc être comparé à une sorte de mosaïque dans laquelle figurerait aussi, à côté d'un certain nombre d'éléments, un facteur religieux dont la disparition serait sans conséquence pour le reste.
  33. Le facteur religieux est plutôt comparable à l'exposant qui, en algèbre, exprime la puissance d'un nombre. Il est ce qui indique la nature exacte et la véritable dimension du problème moral, social, économique, politique, national et métaphysique, à travers lesquels notre foi en Dieu doit se manifester et s'éprouver.
  34. Aussi, préconiser une conception pluraliste du judaïsme, n'est-ce pas assurer sa survie, mais lui ôter son âme, effacer la spécificité de son expérience religieuse et anéantir la grande chance qu'il représente pour l'humanité.
  35. La question n'est donc pas de savoir si un Juif, même athée, appartient toujours à la communauté. Est Juif à part entière, quiconque est issu de parents juifs, et il le demeure tout le temps qu'il n'a pas fait acte d'adhésion à une autre confession.
  36. Elle n'est pas non plus de savoir s'il faut ou non lier à l'action communautaire, quiconque aspire à se rendre utile. Toutes les raisons que des particuliers peuvent avoir de se réclamer du judaïsme et de le servir sous la forme la plus appropriée à leur tempérament, sont toujours les bienvenues.
  37. Elle n'est pas non plus, enfin, de savoir s'il faut ou non, entreprendre une tâche de missionnaire auprès des indifférents. L'obligation d'aller à eux, de se montrer compréhensif à leur égard et de tout faire pour les ramener petit à petit à la tradition, est un devoir sacré.
    Le dialogue recherché présentement est d'une toute autre matière. Il est question d'une sorte de compromis entre la conception du judaïsme selon la Torah, et celle d'un judaïsme détaché des pratiques et, au besoin même, laïc et vidé de toute foi, De plus, on voudrait imposer au Rabbinat de leur reconnaître une existence officielle et de leur accorder un brevet d'authenticité.
  38. Selon les tenants du modernisme, nos croyances et nos pratiques ont bien eu le mérite, dans le passé, de nous conserver, de préserver notre identité, et de faire de nous un type d'humanité supérieure, malgré tous les efforts pour nous avilir et nous anéantir. Mais aujourd'hui, du fait de l'État d'Israël, elles auraient beaucoup perdu de leur importance, et d'autre part, le judaïsme, victime d'un arrêt de croissance depuis le moyen-âge, ne pourrait se survivre, sans se réinventer, et sans se trouver de nouvelles valeurs.
  39. Cet aggiornamento, indispensable certes pour des doctrines qui, fondées sur l'antagonisme entre le spirituel et le temporel, sont condamnées pour durer à se renier et à tourner le dos à leur inspiration première, n'a aucun sens dans le judaïsme. Ceux qui le prêchent font preuve tout simplement de mimétisme. Loin de nous sentir en retard sur l'Occident, nous attendons toujours qu'il nous rattrape et qu'il aille jusqu'au bout de l'humanisme intégral qu'il tient de la Torah.
  40. Mysticisme actif par excellence, le judaïsme proclame que l'homme est l'artisan de sa destinée spirituelle. C'est lui qui opère et Dieu ne fait que coopérer. Il a été appelé dans ce monde pour le transformer. Il y a donc dans la Torah la solution, ou à tout le moins la direction dans laquelle tous les problèmes proprement humains peuvent trouver leur véritable solution. Le problème religieux est donc un problème, non de rédemption mais d'éducation. L'homme n'est pas déchu. Il ne s'agit pas de l'arracher à sa condition pour l'introduire dans une vie surnaturelle, qui est sans rapport avec celle-ci. Il s'agit au contraire pour lui de la porter à son plus haut degré d'épanouissement. Pour y parvenir, il lui faut travailler à édifier ici-bas le Royaume de Dieu.
  41. Ce monde a donc une valeur extrême pour l'homme. Sans lui, l'âme humaine ne pourrait pas actualiser les virtualités en nombre infini dont elle est porteuse ni gagner sa place au ciel, qui doit être méritée.
  42. Il n'en a pas moins pour Dieu lui-même. C'est dans la mesure où ce monde sera transformé par l'homme en cité divine, par la substitution, non pas de la vie surnaturelle à l'ordre actuel, mais de l'ordre moral à la loi de la jungle, que Dieu pourra atteindre le sommet de sa gloire.
  43. Dieu aspire à résider parmi les hommes. Sans charme est le culte que lui rendent les anges, ceux-ci n'étant que des automates spirituels. Il n'y a pas de véritable adoration sans amour, ni de véritable amour sans liberté, et dans l'univers des créatures, il n'y a de liberté qu'humaine.
  44. C'est pour régner sur des volontés libres qu'Il s'est lancé dans une aventure doublement hasardeuse, en appelant le monde à l'existence, et en formant l'homme à son image pour qu'il le conduise à son terme.
  45. Ce faisant, Il est non seulement sorti de sa transcendance, mais II a brisé en quelque sorte son unité, ayant désormais à compter avec l'homme qui est le véritable Ezer Kenegdo (une aide face à Lui) de la Genèse, et peut être son organe ou son obstacle.
  46. Dieu attend avec impatience le jour où toutes les volontés particulières sans exception, se feront l'instrument de la sienne. Il pourra se contempler dans une humanité qui réfléchira son image sans la moindre ride. C'est quand Il deviendra le Roi de toute la terre, qu'Il sera Un, et que son nom sera Un.
  47. Pour certains, renonçant à son projet initial, Dieu aurait mis fin, voici deux mille ans, à son pari. L'homme ne serait plus que le zéro devant l'Infini. Il ne pourrait absolument rien ni pour lui, ni pour Dieu. Même la foi qui lui est réclamée pour accéder à la vie surnaturelle, serait le fruit de la grâce.
  48. Pour le judaïsme, le pari de Dieu continue, et il mise toujours sur l'humanité de qui Il attend son propre passage de l'essence à l'existence. Le rôle d'Israël, en tant que peuple et en tant qu'Etat, est de constituer une société parfaite, capable d'activer l'histoire et d'élever, par son rayonnement, le genre humain à la hauteur de ses glorieuses destinées.
  49. C'est alors que viendra le Messie. Simple descendant du roi. David, il remontera sur son trône. Son avènement coïncidera avec les ultimes progrès de l'humanité parvenue au terme de son évolution.
  50. Les temps messianiques, point culminant de cette première aventure divine, seront eux-mêmes couronnés par la transfiguration de l'ère résurrectionnelle où tout sera, pour les justes, Lumière, Grâce et Joie.


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