Alphonse Raas est natif de Scherwiller (Bas-Rhin). Il y est né le 8 septembre 1871. Son père était ministre-officiant dans diverses communautés et en dernier lieu à Bollwiller dans le Haut-Rhin.

Il effectue de solides études musicales qui confèrent à sa voix une ampleur et une tonalité de première  qualité et devient aussi un disciple du `hazan Victor Heymann de Strasbourg (1848-1923).

Alphonse Raas occupe successivement les postes de Lauterbourg (Bas-Rhin), Mulheim, Hegenheim, Giromagny (Territoire de Belfort), Bâle (Suisse). Il arrive à Haguenau en 1897 et y célébrera les offices pendant presque cinquante ans.
Il occupe le poste de premier ministre officiant à Haguenau mais il n'est pas fonctionnaire : il reçoit son salaire directement de la communauté. En effet il n' y avait, en tout cas avant guerre,  pas de poste officiel pour un premier ministre officiant à Haguenau. Toutefois les familles importantes de la communauté, dont la famille Ehrlich étaient interessées par la qualité du "service" d' A.Raas et entendaient lui permettre de rester à son poste. C'est pourquoi elles versaient les sommes à la rémunération du premier cantor.

En 1939, il se replie à Bergerac, ou mourra son épouse Juliette, née Klein.

Au retour  de la guerre il se retire chez sa fille Margot mariée à Gundershoffen, et c'est là qu'il décède en juin 1956.
A sa disparition on a pu écrire : "Avec lui disparaît l'un des derniers survivants d'une tradition liturgique en honneur dans notre province".

 

Sources :  Association Morasha et Dictionnaire biographique des rabbins
Iconographie : Association Morasha

Jules Corbeau (debout à gauche)
et Alphonse Raas assis

(...) Alphonse Raas était le type même du "Hazzan" accompli. Une voix ensoleillée, facile, naturelle, ample et majestueuse. Il savait créer cette intimité fervente qui rapproche l'officiant des fidèles. Face à l'arche sainte, il laissait chanter son âme. Son visage se transfigurait, spiritualisé par le rayonnement qu'il imprimait au chant liturgique. Il avait dans son baryton des nuances de douceur et de suvavité où la bonté de son coeur se reflétait pleinement.

Jamais il ne recherchait la prouesse. Pour lui, la lecture de la Loi n'était ni un pensum, ni une corvée, mais un honneur que le Hazzan doit mériter. C'est pourquoi il la lisait si bien ; il l'enrichissait encore par le truchement d'une diction intelligente, volontaire et cohérente. Que d'inoubliables souvenirs !

Chez lui, le récitatif revêtait une grandeur singulière. C'est là que se révèle l'officiant ; c'est là précisément que le fidèle le guette. Or, c'est dans ce domaine également qu'il trouvait Alphonse Raas.

Il m'avait dit, il y a bien longtemps de cela, qu'il se réservait chaque jour quelques moments de méditation, d'élévation spirituelle. Par le chant et la prière il entrait ainsi en comunion avec l'idéal qu'il portait en lui. Il y voyait lui-même comme un reflet divin, une religieuse affirmation de son amour pour sa vocation. Car pour Alphonse Raas, être Hazzan n'était pas un métier.

Il a rendu au Hazzanouth (sic) une dignité trop souvent compromise. Pour nettoyer, balayer et assainir le chant synagogal, il nous faudrait aujourd'hui beaucoup d'Alphonse Raas. Où les trouver, hélas !

© A . S . I . J . A .