Une grande dame vient de disparaître
par Mireille Warschawski
Extrait de Echos-Unir, décembre 2000
Marguerite Deutsch s'est éteinte le 10 octobre 2000, à l'âge de 98 ans.


Madame Deutsch za"l
EIle est partie, comme elle a vécu depuis tant d’années: dans la dignité, dans le respect de sa propre personne. C’est là le souvenir qu’elle a laissé après son départ.

Elle a vécu dans sa maison, dans le décor qu’elle a créé dans son appartement de Jérusalem, entourée de tous les objets qui ont accompagné sa vie de femme de rabbin. Et pourtant les dernières années n’ont pas été faciles (probablement, mais nous pouvions le savoir, car elle ne s’est jamais plainte).

Madame Deutsch vous recevait toujours comme une grande dame, bien habillée, bien coiffée, bien arrangée. Je ne l’ai jamais entendue se plaindre. Elle considérait tous ceux qui venaient lui rendre visite comme des gens importants, avec qui elle avait quelque chose à partager.
Elle était au courant de tous les événements familiaux qui les concernaient. Mais elle savait également tout ce qui touchait les membres de la communauté de Strasbourg, ceux qu’elle avait connus autrefois et qu’elle ne pouvait et ne voulait pas oublier.

Madame Deutsch a été la première femme de rabbin dont je me souvienne qui a été impliquée dans la vie professionnelle de son mari. Elle avait compris qu’il était bon, sinon indispensable pour l’épouse d’un rabbin, pour son épanouissement personnel et pour la réussite de la carrière de son époux d’être intéressée (sinon passionnée) par un métier qui devenait aussi une vocation.

Je n’ai pas connu Madame Deutsch à l’époque où elle était la femme du rabbin de Bischheim. Elle était à l’époque l’épouse de mon maître. Mais je sais par expérience que la communauté de Bischheim était une excellente école. La femme du rabbin, quel que soit son âge, y était responsable de la ‘Hevra Kadicha. Et jusqu’à son alyah, Madame Deutsch s’est investie (après Bischheim, à Strasbourg) dans cette mitzva et pendant des années j’ai appris à ses côtés.

Je n’ai pas davantage connu Madame Deutsch à Limoges. J’ai appris qu’elle avait secondé son mari et lui a ainsi permis de se dévouer pour cette communauté.

C’est à Strasbourg que nous avons vécu très proches du Grand Rabbin et de sa femme. C’est à Strasbourg que j’ai pu apprendre auprès d’elle ce qu’est réellement le travail d’une femme de rabbin. J’ai vu la femme de Monsieur Deutsch visiter régulièrement tous les malades dans les hôpitaux, les personnes âgées; je l’ai vue, en tant que présidente de la "Société des Dames", diriger le travail social volontaire, animer l’ouvroir (qui a disparu, faute de participantes, après son départ, la vie sociale ayant évolué).

Madame Deutsch a participé à tous les événements communautaires aux côtés de son mari, événements aussi bien sociaux que privés. Elle était présente à toutes les manifestations familiales des membres de la kehilah (communauté), dans la joie comme dans l’épreuve.
Grâce à l’investissement personnel de son épouse, le grand rabbin se sentait plus disponible.
Pour moi, Madame Deutsch a été un exemple. J’ai appris à ses côtés quelle était l’importance du rôle de la femme du rabbin.
Que son souvenir reste vivant dans la communauté et un enseignement pour tous !


En souvenir de Madame Deutsch za"l
un témoignage de Liora Kahn

J'ai appris avec tristesse la disparition de Madame Deutsch .

Cette nouvelle m'a particulièrement émue car j'ai encore à l'esprit l'accueil chaleureux qu'elle avait réservé en novembre dernier chez elle en Israël , à une classe de l'Ecole Aquiba dont je faisais partie .

Elle avait tenu à nous recevoir car tout ce qui lui rappelait la communauté de Strasbourg et en particulier l'Ecole Aquiba , que son mari le Grand Rabbin Abraham Deutsch (z"al) avait créé , la rendait heureuse et rayonnante. La vie de l' école l'intéressait par-dessus tout et ses questions portaient souvent sur ce sujet .

Elle nous a reçues tellement gentiment que le courant a tout de suite passé, notamment grâce aux succulents gâteaux qu'elle nous avait préparés .

Ainsi notre conversation s'est déroulée comme celle d'une grand-mère à ses petits enfants. Son souvenir restera longtemps présent en nous.

Jérusalem, vendredi 12 novembre 1999 : Madame Deutsch et ses visiteuses : (de g. à dr.) Rachel Preys, Ruth Preys, Mme Benchaya, Myriam Monheit, Liora Kahn


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