Gilles BERNHEIM
Grand Rabbin de France
1952 -


Son enfance
Gilles Uriel Bernheim naît de parents alsaciens originaires d'Europe de l'Est, à Aix-les-Bains en 1952, où il vivra jusqu'au décès prématuré de son père, originaire de Colmar et commerçant en bois, quand Gilles a 14 ans. Sa mère (Berthe Blime Klein) de Strasbourg enseigne les mathématiques. Son fils Elya nous confie :
"Mes grands-parents, nés en France, ont eu la chance d'échapper à la Shoah. Ma grand-mère Berthe a été invitée par sa cousine en Algérie durant l'été 39. Et, elle n'est rentrée qu'après la guerre !"
Mais, 80 membres de sa famille restés en Tchécoslovaquie, périront dans les camps. Le père de Gilles, Pierre, courtier en bois, avait réussi à se cacher en zone sud. Gilles, lui, naîtra quelques années après la guerre, à Aix-les-Bains ; et gardera de son enfance savoyarde un goût immodéré pour le ski.

Sa Formation
A Aix, Gilles Bernheim et son frère, bien qu'élevés en juifs orthodoxes, étudie dans l'enseignement public ; il décrit son expérience dans exactement les mêmes termes que le faisait de la sienne Joseph Sitruk, son prédécesseur :
"le samedi, nous allions à l'école, les bras croisés selon les règles du Shabath, nous n'avions pas le droit d'écrire ou de porter".
Un an après le décès de son père, la famille quitte Aix pour Strasbourg où ils ont des attaches familiales. Gilles y fréquente Aquiba qui a contribué à sa formation. Il y anime le mouvement de jeunesse Yeshouroun de Henri et Liliane Ackermann envers lequel il s'avoue très redevable pour sa formation au souci des autres et aux valeurs du judaïsme dans la Cité.
Ses parents voulaient en faire un médecin, mais, après le bac, Gilles décide de s'inscrire au Séminaire Israélite qui forme les rabbins français ; en parallèle, il suit des études de philosophie. Ensuite, Il part étudier en Israël avec de grands rabbins (qui ne quitteront jamais son univers spirituel) dans une yeshiva à Netivoth (Neguev) puis à Jérusalem.
De son éducation de stricte observance ouverte, il a gardé un intérêt pour les questions de société. Accompagnement des malades en fin de vie, réinsertion des prisonniers, rapports entre les religions, laïcité, constituent des sujets, jusqu'ici délaissés par les responsables religieux, sur lesquels il s'est investi depuis plus de vingt ans et qu'il entend développer.

Ses postes de rabbin en France
Celui qu'on surnomme vite le "rabbin philosophe", dont les cours sont suivis par les plus brillants étudiants et de moins jeunes franciliens, sera naturellement nommé Rabbin des Etudiants, jusqu'en 1996.
Dès mai 1997 et jusqu'à fin 2008, il exerce un des postes qui lui restera le plus cher au coeur, celui de grand rabbin de la très belle Synagogue de la Victoire, au public si large et si actif dans la Communauté.
Il dirige l'important Département Torah et Société, où, en charge des questions de religion dans la cité, il ramènera au judaïsme des milliers de juifs, attirés par sa présentation d'un judaïsme orthodoxe ouvert sur l'autre. Les ouvrages qu'il y a édités sur diverses questions ont connu un gros succès : pauvreté, sida, handicap, relation avec l'islam, laïcité. 
Biographie résumée
  • 1952 : Naissance à Aix-les-Bains

  • 1967 : la famille d'installe à Strasbourg un an après la mort de son père. Scolarité à l'école Aquiba et participation au mouvement de jeunesse Yeshouroun

  • 1971 : après le bac, études au Séminaire israélite et études de philosophie en Sorbonne
  • 1976 : deux ans d'études en yeshiva en Israël
  • 1977 : mariage à Mulhouse avec Joëlle Bollack (le couple a quatre enfants)
  • 1978 : Aumônier des étudiants à Paris
  • 1986 : Rabbin des Universitaires
  • 1991 : Création de la Commission d'éthique médicale au Consistoire de Paris
  • 1994 : Candidat au poste de grand rabbin de France
  • 1996 : Création du Département Torah et Société au Consistoire de Paris
  • 1997 : Rabbin de communauté attaché à la Grande synagogue de la Victoire
  • 2008 : Elu au poste de grand rabbin de France le 22 juin 2008
  • 1er février 2009 : investiture du grand rabbin de France Gilles Bernheim à la Grande Synagogue de la Victoire
  • 11 avril 2013 : au cours d'une réunion exceptionnelle du Consistoire, Gilles Bernheim présente sa démission de son poste de grand rabbin
Au rebours de la montée mondiale des communautarismes, il sait proposer à nouveau une parole religieuse animée d'un altruisme peu commun :
"Si un discours religieux s'adresse à certaines personnes, et qu'il n'est pas audible par d'autres, nous ne sommes pas dans le lien social, mais dans le particularisme. La grandeur d'une religion réside dans sa capacité non pas de conviction, mais de donner à penser à ceux qui ne croient pas en cette tradition"
Dans son effort permanent d'ouverture, il sera vice-président de l'Amitié judéo-chrétienne, s'occupera avec abnégation et dans l'anonymat des juifs atteints de maladies graves, dont le sida. Dans un livre d'entretiens avec le Cardinal Barbarin, intitulé Le rabbin et le cardinal (au tout début seulement, controversé, puis rapidement apprécié par tous), il prône et esquisse un dialogue inter-religieux basé sur de réels échanges, respectueux des identités de chacun et n'hésitant pas à marquer les différences d'approche.

Sa famille
Gilles Bernheim est marié depuis plus de trente ans à Joëlle Bollack (originaire de Mulhouse, mais rencontrée en Israël), psychanalyste et psychologue . Cette femme de culture, d'ouverture, de piété et à la tête couverte, préside aussi un nouveau collège/lycée juif parisien orthodoxe et ouvert. Ce couple uni a quatre enfants : à Jérusalem, Orith (mariée fin 09) et Noémie, et, à Paris, Léa la plus jeune et leur fils aîné, Elyah, son directeur de Cabinet, poste-clé et difficile qu'il sait occuper avec talent, convivialité et grande autonomie.

Sa nomination comme Grand Rabbin de France
Gilles Bernheim s'est présenté au Grand Rabbinat  pour la première fois en 1994,  face au grand rabbin sortant Sitruk, dont le premier mandat tant réussi garantissait la réélection.  Toutefois sa seconde candidature en 2008 se solde par un vif succès, du fait de sa plus grande ouverture que celle de son prédécesseur, qui est de plus, affaibli physiquement par sa maladie.
Les deux hommes, malgré des approches différentes, s'estiment, partageant la pratique d'un judaïsme orthodoxe, l'amour de l'étude et des liens avec les grandes personnalités du pays, de gauche comme de droite. L'ashkenaze Bernheim et le sefarade Sitruk se démarquent surtout par leur style. Sitruk, a rappelé
"qu'il le connaissait et l'appréciait depuis les pentes de ski, quand ils étaient tous deux animateurs de groupes de jeunes".
Bernheim lui a rendu hommage, soulignant son "exceptionnel charisme".
Gilles Bernheim a été nommé Chevalier de la Légion d'honneur en 2009.

Son programme
Bernheim a été élu sur un programme "pour l'avenir du judaïsme" dans lequel il s'engageait à
"diriger de façon moderne, accessible et transparente, à renforcer les piliers de la vie juive (rabbinat, éducation, cacherout), à rassembler les juifs dans la solidarité et l'ouverture et à représenter toute la communauté, dans le dialogue et l'exemplarité. Pour pratiquer le dialogue et la recherche du consensus, travailler en équipe et prendre position, c'est à dire à énoncer une position juive sur les problèmes d'actualité pour éclairer la communauté".
Gilles Bernheim est un fervent sioniste plaçant Israël au cœur de son engagement juif ; il compte s'installer en Israël à l'issue de son (ses) mandat(s) pour rejoindre ses filles.
Il se veut "Rabbin des Rabbins", "guide de la Communauté". Présenté par ses opposants de campagne comme un intellectuel distant, face à Sitruk populaire, Bernheim, non moins populaire in fine, est un analyste hors pair, actualisant les textes du Talmud pour "donner à penser", soucieux de pédagogie et d'exactitude des mots :
"Je suis conscient d'accéder à cette responsabilité à un moment où les sociétés, en France, en Israël et partout, sont en proie à de grandes inquiétudes qui réclament des responsables spirituels, des efforts et une vigilance renforcés".

Son équipe
Son cabinet se compose du Directeur, Elyia Bernheim, des grand rabbins Bruno Fiszon, (cacherouth, éducation), Haïm Korsia (société, Universités), des Rabbins Betzalel Lévy (affaires familiales et religieuses), Moché Lewin, (communication, médias) + Dorothy Bénichou-Katz (grands événements). Sans oublier Barbara Schlanger, son assistante depuis douze ans qui lui permet de travailler dans une organisation sans faille.

Ses Publications
écrits d'intellectuels non partisans, ses quatre récents articles de l'année 2009 (en moins d'un trimestre !) enrichissent l'opinion nationale (L'identité nationale, Les minarets et la laïcité, Pie XII, l'Homme après la Shoa).
Ayant déclaré que "la communauté juive ne doit pas renoncer à ses traditions mais ne peut ignorer les problèmes du temps", il veut former des rabbins aptes à aider les membres de la communauté à "être juifs et citoyens".
Sur le conflit à Gaza, il souligne son
"indéfectible soutien à Israël, dans une guerre contre le Hamas, pensant aux victimes de cette guerre, israéliennes et palestiniennes, en invitant les fidèles de toutes religions à construire leur fraternité en France, quelles que soient leurs opinions sur ce conflit".

Ses livres

Ses citations typiques
Son style
 Il a tout d'un homme moderne, jusque dans son allure, celle d'un sportif de 1.85 m, svelte et dynamique. "Certes, mais il reste un juif orthodoxe" pour Barbara Schlanger, qui réfute l'accusation de "libéral", entendue lors de la campagne.
De fait, pour ce qui est du dogme religieux, Gilles Bernheim demeure un gardien du Temple ; un exemple de ses analyses : lorsqu'on lui demande pourquoi le culte israélite est si ritualisé, il répond par l'exemple de
"la prière au moment d'un repas solitaire. L'invocation de D. avant d'ingérer un aliment permet de se souvenir que toute nourriture est aussi le fruit du travail d'un humain doté d'esprit. Une occasion, parmi tant d'autres, de construire sa relation au monde comme une rencontre permanente de l'altérité".
 Son débit de parole lent, sa concentration quand il parle, tranchent avec l'allure débonnaire et joviale du méditerranéen Grand Rabbin Sitruk. "Dans sa vie privée ou à la synagogue avec ses étudiants, mon père est tout sauf un homme froid. Il est drôle, chaleureux, tous les gens qui l'ont connu vous le diront", affirme son fils. De nombreux amis à lui et fidèles ont pu, en effet, nous confirmer sa convivialité et son sens de l'écoute.
Dans ses loisirs non liés à la musique, la lecture ou l'étude, Gilles est un amoureux de la montagne, du ski, du football et un super fan de… cyclisme dont le Tour de France !


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