Armand Bloch, rabbin de Saverne
1865-1952
Extrait de La Tribune Juive Paris-Strasbourg No 9 / Page 165
Pour son 70e anniversaire le 6 mars 1935


Mercredi prochain, Rosh hodeshe Veadar (1er jour du 2ème mois de adar), M. le rabbin Armand Bloch célébrera s. pl. à D. le 70e anniversaire de sa naissance. Le pieux et savant rabbin de Saverne, doyen d'âge des rabbins du Bas-Rhin, remplit un rôle prépondérant dans le judaïsme de notre pays. Il a visiblement zkhouth avoth (le mérite de ses pères) dans l'acception la plus large du mot. Son grand-père fut le talmudiste bien connu R. Moché Bloch Uttentheim. Citons ce que le rabbin Simon Lévy, de Schirrhoffen, en dit dans son livre les Loisirs d'un rabbin (p. 122) : "Rabbi Moché Bloch, de Strasbourg, était un lamdan (érudit) hors ligne. C'était aussi l'homme le plus modeste. le plus humble, le plus affable, le plus tolérant que l'on put trouver. Je ne l'ai guère connu, mais je transcris ici le jugement de tous ceux qui ont eu le bonheur de le connaître."

Le rabbin Bloch entouré de son épouse et de son frère, l'instituteur Moïse Bloch
Armand Bloch

M. Armand Bloch était encore un tout petit enfant à la mort de R. Moché-Uttenheim. Le frère du rabbin de Saverne, M Moïse Bloch, ancien instituteur de Quatzenheim reçut déjà le nom de cet illustre grand-père décédé. Peu nombreux sont certainement ceux parmi les vivants de nos jours qui aient personnellement connu ce grand talmudiste. Par contre, il y a plusieurs vieux Strasbourgeois qui encore maintenant se souviennent avec vénération et émotion de son fils rabbin David Bloch za"l qui fut le premier "Maître" du rabbin actuel de Saverne. En effet, tandis que la plupart des rabbins alsaciens d'avant guerre ont reçu leur formation préparatoire à l'Ecole Rabbinique à Colmar, Armand Bloch faisait ses études talmudiques chez son père jusqu'à l'Abitur qu'il passait au gymnase protestant de Strasbourg et où il pouvait déjà faire preuve de son énergie, une partie de cet examen ayant été fixée à un Shabath.

Comme premier candidat alsacien, le jeune étudiant s'est décidé, en bravant plusieurs difficultés, à faire ses études rabbiniques au séminaire d'Ezriel Hildesheimer à Berlin, où en même temps il fréquentait à l'université, principalement des cours de langues sémitiques. Sa thèse de doctorat Un glossaire phénicien sort de beaucoup de la moyenne de ce genre de travaux universitaires. Comme étudiant, il fonda la Société de Littérature juive "Sephath Emeth" à Strasbourg, dont le siège social se trouvait à la rue Ste Barbe dans une maison annexée à l'ancienne synagogue de la rue Ste-Hélène.

Son premier poste rabbinique fut à Soultz s/Forêts (1891-1896). A son avènement, cette communauté était désunie. Avec sagesse et énergie, le jeune rabbin avait vite rétabli l'union et la paix, et vers la fin de son activité fertile dans son premier poste, il pouvait encore réunir des fonds et faire choisir l'emplacement pour la nouvelle synagogue de Soultz s/Forêts, inaugurée, après son départ pour son nouveau poste à Obernai (1896-1919), le 5 novembre 1897.

Peu de temps après l'armistice, M. Armand Bloch fut nommé rabbin à Saverne, où il continue à exercer ses fonctions avec une ardeur infatigable et juvénile.
Le rabbin de Saverne est président de l'"Association les Rabbins d'Alsace et de Lorraine" depuis sa fondation, vice-président des "Amis de la tradition juive", président de la "Caisse des Veuves et Orphelins des rabbins d'Alsace et de Lorraine", membre du Comité de l'"Association des professeurs de religion d'Alsace et de Lorraine", et avant tout, c'est lui qui réunit mensuellement plusieurs rabbins du Bas-Rhin et du Haut-Rhin dans les appartements de ses fils David et Henry Bloch. qui par là deviennent des Ma'hazikei hatora (ceux qui détiennent la Torah), pour diriger un cours technique. Ajoutons encore que M. le rabbin Armand Bloch par ses surveillances rabbiniques a contribué à l'alimentation rituelle, et nous n'aurons pas encore énuméré tous ses mérites.

Puisse M. le rabbin Armand Bloch continuer ad mëa veêsrim shana (jusqu'à 120 ans) à exercer avec l'enthousiasme juvénile qui lui est propre, basé sur une piété inaltérable, son activité fertile a côté de sa pieuse épouse, digne compagne de sa vie bien remplie et comme patriarche à la tête de ses enfants et petits-enfants.

E. Sch.    


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