HANOUKA en 1914

Source : gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France
(Extraits)

Soldats mes frères, je vous adresse mon salut de fête : demain soir, c'est Hanoucca.

Oh ! je le sais, vous ne pouvez pas illuminer dans les tranchées, ni chanter au bivouac. Pour vous il est dit : "vous n'allumerez pas de feu dans vos demeures ", et il n'est pas dit : "que pour tous les enfants d'Israël il y ait de la lumière dans leurs demeures ". Eh bien, mes amis, levez les yeux au ciel et contemplez, dans la paix du soir., les lumières d'or que Dieu allume là-haut, à la voûte azurée. Qu'elles évoquent en vous, ces lumières, vos héroïques aïeux, les champions maccabéens, dont leur prophète a dit qu’"ils brillent comme l'éclat du firmament et comme les étoiles dans l'éternité ".

Que le souvenir rayonnant des Maccabées vous illumine de foi, de courage et d'espérance, vous inspire d'être dignes de ces héros, vaillants comme Juda, ingénieux comme Jonathan, prudents comme Simon. Avec la foi, et la foi de vaincre, vous vaincrez et nous fêterons alors votre victoire. Il est dit au second livre des Maccabées que nos ancêtres victorieux "se souvenant que peu auparavant, à la fête des Tentes, ils avaient vécu sur les montagnes et dans les cavernes comme des bêtes sauvages, prirent des rameaux entourés de feuilles, de belles tiges et des branches de palme, et entonnèrent processionnellement des hymnes en l'honneur de Dieu. " Quand vous nous reviendrez frères, nous nous rappellerons encore avec émotion votre vie pénible et glorieuse sur les cols neigeux des Vosges, dans les sombres forêts de l'Argonne et derrière les tranchées grises des Flandres, et nous organiserons en votre, honneur, aux accents de la musique et dans l'éclat des illuminations, le cortège de triomphe et d'actions de grâces.

Alors vous pourrez célébrer la fête de Hanoucca et la célébrer, comme toute vraie fête juive, au milieu des vôtres. Mais qu'en vous attendant les vôtres la célèbrent déjà, et la célèbrent pour vous. Ah ! certes, la joie de la fête sera eux voilée d'émotion et les lumières moins nombreuses attesteront votre absence douloureuse, car vous êtes, vous, la joie et la lumière de vos parents. Mais non, il faut que la cérémonie symbolique ne perde rien de son éclat et de sa vertu. Il faut que les lumières de Hanoucca fassent, cette année, les figures plus claires, les fronts plus sereins, les yeux plus brillants. Qu'elles fassent rayonner en vos cœurs, chers parents de nos chers soldats la splendeur des dévouements antiques. Pères, qu'elles vous rappellent le vieillard Eléazar, martyr de sa foi obstinée ; mères, - cette mère qui dévoua ses sept fils au martyre ; soeurs, - la vertueuse Hanna qui arma ses frères pour la lutte deux fois sainte. Qu'au foyer domestique, les lumières de Hanoucca raniment la flamme des fortes vertus et la lueur des doux espoirs, comme jadis, au temps des Maccabées, le flambeau de la révolte héroïque s'alluma au foyer de la famille hasmonéenne.

Hélas ! hélas Combien de foyers sont assombris déjà par un deuil glorieux ! Faut-il que dans ceux-là les lumières de la fête s'éteignent devant le cierge funéraire ? Non, non, qu'elles brillent haut et clair en l'honneur des Maccabées, en 1' honneur des héros et des martyrs, vainqueurs dans la mort. N'est-ce pas Juda Maccabée qui, sur la foi d'une tradition étrange, autorise par son exemple les prières et les offrandes en souvenir des chers défunts, et n'est-ce pas dans la crise maccabéenne qu'a surgi comme une flamme dans la nuit, la croyance à la résurrection, l'espérance de l'immortalité ? "Et ceux qui dorment sous la terre se réveilleront, les uns pour l'opprobre, les autres pour la vie éternelle "

JUDAEUS

Ni par la puissance, ni par la force…
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Exulte et réjouis-toi, fille de Sion,
Car me voici, j'arrive pour résider au milieu de toi, Parole du Seigneur.
Ce jour-là, nombre de nations se rallieront au Seigneur et deviendront mon peuple.
Je résiderai au milieu de toi,
Et tu reconnaîtras que le Seigneur Cebaot m'a envoyé vers toi.

(…) L'ange qui conversait avec moi revint ; il me réveilla comme un homme qu'on tirerait de son sommeil, et il me dit "Que vois-tu ?" Je répondis "Je vois un chandelier tout en or, son récipient à son sommet, ses sept lampes alignées et sept conduits pour les lampes qui en couronnent le sommet. Puis deux oliviers à ses côtés, l'un à droite du récipient, l'autre à gauche".
Je repris et je dis à l'ange : "Que sont ces choses, Seigneur ?"
L'ange me répondit : "Quoi ! Tu ne sais donc pas ce que signifient ces choses ?"
Je répondis : "Non, Seigneur".
Il reprit et me parla en ces termes : "Ceci est la parole du Seigneur à Zorobabel :
Ni par la puissance, ni par la force,
Mais bien par mon esprit,
Dit le Seigneur Cebaot "
ZACHARIE, II, IV ( Haftara du 1er samedi de Hanoucca).