Le psaume des Macchabées
par Edmond Fleg


Nous avons demandé au Président des Éclaireurs Israélites de France, M. Edmond Fleg, un message pour notre premier numéro. Il nous envoie ce poème qui contient, sans doute, le plus noble des programmes.


Au moment qu'ils allaient sortir pour le combat,
Leurs chefs criaient : « Si l'un de vous, là-bas,
S'est fait une maison sans l'avoir habitée,
Qu'il retourne à son toit ! Si l'un de vous, là-bas,
S'est fait une vendange, et ne l'a pas goûtée,
Qu'il retourne à son vin ! Si l'un de vous, là-bas,
S'est fait une accordaille, et ne l'a point fêtée,
Qu'il retourne à sa femme ! Et si, pour le combat,
L'un de vous, par sa chair sent la peur écoutée,
Qu'il laisse la bataille, et retourne là-bas ! »

Et les restés chantaient, en marchant au combat :

« C'est à nous d'exalter le formateur des causes,
Le maître des commencements,
Dont la juste main acheva les choses
Qu'elle renouvelle éternellement.

« Il ne nous a point fait le sort des multitudes,
Sur le chemin des générations ;
Il nous a prodigué toutes les certitudes,
Pour en combler les nations.

« Nous espérons qu'un jour, il broiera les idoles
De l'insensé et du moqueur,
Afin que le méchant, recueillant sa parole,
La mette sur son cœur.

« Ils l'apprendront, les peuples de la terre,
Qu'il faut que tout genou  se courbe devant lui ;
Ils la verront, sa splendeur solitaire,
Monter comme un soleil ail milieu de leur nuit !

Alors viendra son règne attendu d'âge en âge,
De lieu en lieu :
Chacun le louera d'un même langage,
Et Dieu n'aura qu'un Nom, et les hommes, qu'un Dieu ! »

C'est ainsi qu'ils chantaient, sous le liège rustique
Dont ils se façonnaient leurs boucliers d'enfants
Et, dans la tuerie, le chant du cantique
Renversait les chars et les éléphants


© A . S . I . J . A .