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LA COLONIE HENRY LEVY à SCHIRMECK
Extraits de la plaquette du 40ème anniversaire de la Colonie de Vacances Henry Lévy à Schirmeck - Bas-Rhin (1964)

LA COLONIE DE VACANCES
A. Deutsch, Grand Rabbin du Bas-Rhin
La maison de Schirmeck en 1880 sur une carte postale ancienne - coll. A. Prévot

Il faut avoir été à la Colonie un jour ensoleillé des grandes vacances, pour pouvoir apprécier tout le bienfait d'une semblable fondation. Aussi, spontanément monte à l'esprit le nom de l'homme qui en a conçu l'idée : Henry Lévy. Nom prestigieux, entré dans la légende. Henry Lévy a su survivre à lui-même. Par cette belle propriété qui domine la vallée de la Bruche, par les cris de joie des enfants qui s'ébattent dans les prés qui entourent la maison, il s'est perpétué dans notre mémoire et il n'est pas de monument plus durable que de pouvoir, d'année en année, redonner couleur et vigueur à des enfants privés d'air et de confort.

Je souligne avec gratitude les efforts louables faits avec une inlassable persévérence par les dames du Comité pour faire régner une ambiance authentiquement juive à la colonie. Des moniteurs jeunes et dynamiques sont à l'oeuvre pour communiquer aux enfants des valeurs juives et ce tout en s'adonnant aux sports et jeux de plein-air.

A une époque où les loisirs sont devenus l'objet de préoccupation à l'échelle mondiale, la Colonie de Vacances de Schirmeck prend toute sa signification. En occupant les enfants durant une session, elle évite le désoeuvrement, l'ennui et leur enseigne ainsi comment occuper le temps des vacances.

Souhaitons que cette institution qui fait honneur à la Communauté juive soit toujours à même de faire oeuvre utile, qu'elle connaisse une aide morale et matérielle toujours croissante et qu'elle puisse, en s'agrandissant, étendre ses bienfaits au plus grand nombre d'enfants possible.


HISTORIQUE

De tout temps, à Strasbourg, on s'est préoccupé de faire passer à nos jeunes enfants de saines vacances. C'est ainsi qu'avant la guerre de 1914, des bienfaiteurs payaient des séjours de cure saline à Rheinfelden et à Kreuznach aux enfants à la santé très fragile.

Mais ce fut en 1921 que se forma, sous l'impulsion de Monsieur Henry Lévy, Président Directeur des Grands Moulins de Strasbourg et sous la présidence de Monsieur Isaïe Schwartz, Grand Rabbin de Strasbourg, un comité ayant pour but de créer une colonie de vacances. Ce comité loua une maison à Klingenthal; mais bientôt, il s'aperçut que les enfants seraient plus heureux et mieux entourés dans une maison construite pour devenir leur foyer et leur colonie de vacances.

C'est pourquoi, le 6 septembre 1923,

Henry Lévy
Henri Lévy
    Monsieur Isaïe Schwartz, Grand-Rabbin de Strasbourg, Président,
    Monsieur Henry Lévy, Industriel, Vice-Président,
    Monsieur Georges Lévy, Magistrat,
    Monsieur Lucien Cromback, Architecte du Gouvernement,
    Monsieur Gilbert Meyer, Banquier,
    Monsieur Lucien Weyl, Industriel,
    Maître Georges Schmoll, Avocat, créèrent la Société Immobilière de l'Oeuvre Israélite des Colonies de Vacances, destinée à offrir aux enfants de belles vacances dans un cadre religieux et attrayant.

Après avoir réuni l'argent nécessaire, grâce à la générosité de nombreux donateurs, la Société Immobilière acheta le 18.7.1924, un beau terrain à Schirmeck et chargea Monsieur Cromback, architecte du gouvernement de construire la Colonie de Vacances. Cette maison, admirablement bien conçue fut construite en deux ans et aménagée pour loger 25 enfants. Grâce aux améliorations successives, elle peut aujourd'hui héberger 45 enfants.

Ce fut le 29.11.1924 que fut créée l'Oeuvre Israélite des Colonies de Vacances, chargée de la gestion de la Colonie de Vacances. La Colonie fut inaugurée le 1.7.1926 et a donc fêté cette année son 40e anniversaire.

Cette oeuvre fut présidée jusqu'en 1934 par Monsieur Isaïe Schwartz, gand rabbin de Strasbourg. A cette date, il donna sa démission pour raisons de santé, mais fut nommé immédiatement Président Honoraire. Monsieur Henri Lévy le remplaça à la présidence.

Après la mort de Monsieur Henri Lévy, survenue le 5 avril 1937, l'assemblée générale de l'oeuvre israélite des Colonies de Vacances décida de prendre le nom de Colonie de Vacances Henry Levy pour perpétuer le souvenir d'Henri Lévy et pour lier pour toujours son nom à l'oeuvre.

 

Monsieur Jean Lévy, fils de Monsieur Henri Lévy, le remplaça à la présidence de l'oeuvre, Monsieur Lucien Cromback fut nommé vice-président.

Pendant la guerre de 1939-1945, la maison fut occupée et transformée en hôpital par les Allemands. Après 1944, elle servit de centre de convalescence pour les militaires de la première armée française jusqu'en juillet 1945. Ce fut à partir de cette date que la Colonie fut à même de répondre à une nouvelle mission qui allait être la sienne : durant deux années elle recueillit des centaines d'enfants de déportés, souvent eux-mêmes anciens déportés, orphelins déracinés et privés de toute ressource et de toute affection. Ce fut grâce à cette maison que ces malheureux purent être sauvés et se réadapter à la vie.

Grâce à l'énergie et au courage de Monsieur Lucien Cromback, devenu président à la mort de Monsieur Jean Lévy survenue en 1948, la Colonie de Vacances put être réaménagée et rouvrit ses portes le 1er juillet 1948 en tant que Colonie. Depuis lors, elle fonctionne sans interruption chaque année à raison de trois sessions permettant à 135 enfants tous les ans de se reposer dans un cadre religieux et de passer d'excellentes vacances.


D'UN "COLON" ANONYME...
Propos recueillis et non censurés par Claude Marx

"Les bouquins au feu, les profs au milieu !" L'avons-nous entonnée cette Marseillaise de fin d'année! Dix mois de discipline plus ou moins rigoureuse de retenues et de composition méritaient bien ce cri de délivrance, cet hymne à la liberté! Oui, mais voilà! que faire de ses vacances ? Avec les parents un mois c'est bien, deux mois c'est dur, car ils ont eux aussi besoin de repos et de plus, les conversations avec eux sont forcément limitées. Ils ont toujours une génération de retard et ne comprennent ni nos jeux, ni nos questions ils n'aiment pas le bruit, souffrent des nerfs et ne songent qu'à leur confort.

Alors, le camp, la colo ? Pourquoi pas ? Un mois avec les copains, à la montagne, avec des moniteurs sympas, pleins d'idées, toujours à la recherche d'unt nouveau jeu, d'un concours qui nous tienne en haleine! Et croyez-nous, ce n'est pas simple, car quoiqu'en dise, ou plutôt qu'en chante, notre ami et soutien Pierre Perret, nous ne sommes pas disposés à accepter n'importe qui ni n'importe quoi ! Et le miracle s'accomplit ! Le moniteur s'impose à nous, ce n'est pas le pion, mais le grand copain, loin d'être contre le chahut, il l'organise et ainsi le canalise. Il faut bien dire aussi qu'une journée de ballade en montagne, ou de vigoureux jeux de plein air vous enlève bien de l'énergie autrement disponible pour un grand déferlement collectif.

Seulement la montagne ça creuse, et nos appétits sont féroces et sans pitié pour le budget ! Adoncques, Monsieur le Directeur, nous vous faisons confiance pour garnir notre table, diriger souverainement, administrativement et... avec le sourire, notre turbulente collectivité. Décontracté, mais énergique, c'est le directeur idéal. Au fond, tout cela, plus un bon lit pas trop dur, des voisins du même âge, du soleil, du courrier régulier aussi, car si nous n'aimons pas écrire, nous aimons qu'on nous écrive, et que voilà une colo réussie!

"L'an prochain, je voudrais qu'ça recommen-en-en-en-ce, youkaïdi, aidi, aïda !"
En bas à gauche (menton coupé) : François Weill de Colmar ; en bas à dr. sa soeur Fabienne Schiffer née Weill

... Le rideau est tombé en 1986, lors de la démolition du bâtiment pour céder la place au lotissement "le Saulcy".

Photographies : Schirmeck au début des années 60 - Collection André et Dora Franck


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