Mon lexique judeo-alsacien


Pessa'h et le "Lapin chassé"

LievreLes vieilles hagadoth illustrées comportent bien souvent un dessin dont on ne comprend pas toujours la signification, ni la présence dans un livre à caractère strictement rituel : il s’agit d’un chasseur visant un lièvre.
Que peut bien faire une telle scène dans une hagada ?

Pour le comprendre, il convient de se référer à un passage talmudique (Pessa’him 102 b ) qui étudie une question particulièrement actuelle cette année, où Pessa’h commence à l’issue du Shabath :
Au début du Séder, il faut en effet réciter un certain nombre de bénédictions pour mentionner tous les aspects d’un moment aussi riche en contenus complexes :

Par contre, à l’entrée du Shabath ou d’une fête, on récite habituellement deux bénédictions :

Enfin, lors de l’inauguration d’une fête, on récite encore une bénédiction dans laquelle on exprime notre reconnaissance à Dieu qui nous a permis de vivre et d’atteindre ce moment heureux "shé-hé’héyyanou … la-zeman ha-zé" : (en hébreu : ZEMAN).

Sans doute convient-il de réciter toutes ces bénédictions, samedi soir, à l’issue du Shabath qui coïncide avec le début de la fête de Pessa’h : mais la question qui se pose concerne l’ordre dans lequel il faut procéder. Sans entrer dans le vif du débat qui fait intervenir des réflexions qui portent sur les priorités relatives de ces différentes formules, et sans rapporter toutes les hypothèses que le talmudiste averti connaît et peut aisément retrouver dans sa guemara habituelle, qu’il suffise de rappeler la conclusion : on procédera en tenant compte du moyen mnémotechnique qui résume la réponse en un mot, YAKENHAZ, composé des initiales des différents termes par lesquels on a désigné chaque bénédiction :

YAKENHAZ = Yayîn, Kidoush, Ner, Havdala, Zeman.

Chacun aura à cœur, en ouvrant sa hagada au début du Séder, de constater que le texte retenu correspond bien à la décision des Rabbins du Talmud, et il dira : "YAKENHAZ".

Tout cela est bien beau, mais qu’a-ce à faire avec l’illustration qui a attiré notre attention au début de notre propos ?
C’est tout simple :
Tout germanisant connaît le verbe allemand "jagen" = "chasser" ; et il sait aussi que "Hase" désigne un "lièvre".

Avec les approximations de prononciation qui nous sont familières, on ne sera pas surpris d’apprendre que "YAKENHAZ" peut s’entendre comme "Yag den Hase" qui évoque... "LA CHASSE AU LIEVRE".

CQFD !!
Geut yonn teuf !
Baouwe geut !
Lievre


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