Mon lexique judeo-alsacien
KOVED et ses dérivés


Chaque communauté connaît au moins un Baal-kovod, quelqu’un qui attache du prix aux marques de déférence dont il pense qu’elles lui sont dues. Mais celui dont on dit qu’il est audik-koved (ou audik-kofed) est plus sensible encore que le précédent aux honneurs (Audik = hébreu : scrupuleusement attaché à …)

Encore qu’il ne soit pas désagréable de se sentir respecté : "Di Kofet düt am waul " - "L’honneur vous fait du bien", on apprécie les honneurs.

Et il n’est en rien répréhensible de vouloir protéger sa dignité : "Sein Kofed bei sich behalte " - "Garder son honneur pour soi", se garder de faire des avances qui risquent d’être mal ou dédaigneusement accueillies.
"Ich b'halt maï Kofet " - "Je garde mon honneur, ma dignité" : je ne m’abaisse pas à risquer de me voir opposer un refus.

Si mon interlocuteur veut m’éviter une tâche ou un effort que je me propose de faire (surtout s’il s’agit d’une œuvre pie) , je lui répondrai que :
"Ich mach mer e Kofet d'rüss" - "Je m’en fais une gloire, je m’estimerai honoré" de pouvoir mener moi-même cette action à bien.

Par contre, si l'on est le bénéficiaire d’un beau geste de la part d’autrui, on peut s’estimer honoré de ce qui a été accordé et, par exemple, en raccompagnant quelqu’un qui a eu la gentillesse de venir faire une visite, on le remerciera en lui disant :
"Dank for die Kofet" - "Merci pour l’honneur que vous m’avez fait",

Il y a bien des choses de l’on fait lekovod, "en l’honneur de…".
Quand il s’agit de personnes à honorer, ce terme se place derrière le mot qui désigne la personne à honorer :
- " Dir leKofet" : "Pour te faire plaisir, pour t’être agréable",
-" Daïner Fraa leKofet" : "Pour faire plaisir à ta femme",
-" Em Parness leKofet" : "Pour honorer le Président".
Par contre, quand il s’agit de notions plus abstraites, le terme LeKofet se place en avant :
- "LeKofet Chawess" : on met les petits plats dans les grands, les beaux habits, etc. "en l’honneur du Shabath".
- "LeKofet 'Hafrüsse" : "par solidarité avec la compagnie", on est prêt à faire des choses auxquelles on n’aurait pas songé spontanément. (‘Hafrüsse: de l’hébreu 'haver = camarade, ami).

Que ne ferait-on par solidarité avec ses proches ? L’imitation irréfléchie des gestes d’un ami ou d’un compagnon peut conduire à des conséquences surprenantes, voire fâcheuses ; elle trouve sa critique dans l’expression :
" LeKofet 'Hafrüsse hott sich aaner "
"En l’honneur d’un ami, et pour faire comme lui, quelqu’un s’est pendu".

L’essentiel est de rester toujours BEKOWEDIG, convenable, de privilégier les relations avec des gens Bekowedig, et d’agir de telle sorte que l’on trouve nos gestes span id="rouge">Bekowedig, frappés au sceau de l’élégance.


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